Présente sur les véhicules haut de gamme, certains SUV et utilitaires (souvent seulement à l'arrière pour ces derniers), la suspension pneumatique transforme une suspension passive en système actif capable d’ajuster la hauteur et la raideur. Il ne faut cependant pas la confondre avec l'amortissement piloté, qui agit sur les amortisseurs. Les deux systèmes sont souvent combinés, notamment sur les Mercedes équipées du dispositif AirMatic, qui sert ici d’exemple.
Le ressort métallique est remplacé par un coussin d’air, un boudin en caoutchouc résistant dans lequel circule de l’air comprimé. C’est la pression de cet air qui soutient le véhicule. En augmentant la pression, la garde au sol s’élève ; en la réduisant, la caisse s’abaisse. L’air est utilisé car il est compressible, contrairement à un liquide, ce qui donne une suspension souple et réglable.
Ce type de suspension ne fonctionne pas seul : il est associé à des amortisseurs pilotés qui contrôlent la vitesse d’enfoncement et de détente. Sur les systèmes les plus avancés, ces amortisseurs sont pilotés électroniquement pour ajuster la fermeté en fonction de la vitesse, du mode de conduite ou du profil de la route.
Contrairement à leurs concurrentes, certaines Mercedes (Classe C, E, S, GLE...) disposent d’une véritable suspension pneumatique. Les modèles plus compacts (Classe A, CLA, GLA) n’ont qu’un amortissement piloté.
Le principal défaut de ce système reste sa complexité. Entre compresseur, valves, boudins, réservoir et capteurs, les risques de pannes sont multipliés. Le compresseur fatigue souvent après 5 à 7 ans, et les boudins d’air se fissurent ou perdent en étanchéité. L’humidité dans le circuit est l’ennemie principale : si le déshydrateur ne fait plus son travail, la corrosion s’installe. Les systèmes multi-chambres ajoutent encore quelques sources de problèmes avec leurs valves internes. Bref, une merveille d’ingénierie, mais aussi une usine à gaz quand elle vieillit un peu trop.
Le circuit comprend un compresseur, un réservoir sous pression, des capteurs de hauteur et de pression, un déshydrateur et des électrovannes de distribution. L’air est filtré avant d’entrer dans le circuit pour éviter toute contamination. Le réservoir sert de tampon : il évite au compresseur de tourner en permanence et réduit la consommation électrique. Le calculateur régule la pression selon la demande, avec une réactivité de l’ordre de quelques millisecondes.
Les chambres à air sont intégrées aux amortisseurs dans la plupart des systèmes modernes (ici, le montage AirMatic).
La gestion électronique repose sur plusieurs capteurs : hauteur, pression, température et parfois accélération verticale. Ces informations sont transmises au calculateur via le réseau CAN. Celui-ci commande ensuite les électrovannes et le compresseur pour corriger instantanément la hauteur. Le temps de réaction est inférieur à 50 ms sur les architectures récentes.
Quand on augmente la garde au sol ou que la suspension corrige l’assiette, le compresseur ou le réservoir envoie de l’air vers les boudins. Plus les coussins sont gonflés, plus la caisse s’élève et plus la suspension devient ferme. L’amortissement piloté compense alors pour éviter de transformer le confort en planche à pain.
Pour abaisser la caisse, une partie de l’air est évacuée vers l’extérieur ou un volume de détente. Cela permet de retrouver une position basse pour charger le coffre ou améliorer l’aérodynamisme sur autoroute.
Le comportement des coussins dépend du volume d’air qu’ils contiennent : plus il est grand, plus la suspension est souple ; plus il est restreint, plus elle devient ferme. Les systèmes modernes utilisent ce principe pour adapter en continu la rigidité selon la situation de conduite.
Exemple d’un combiné suspension/amortisseur AirMatic. Sur certaines voitures, l’amortisseur est séparé du boudin (cas de certaines suspensions arrière).
Exemple d’une suspension pneumatique Continental.
Plus le volume d’air augmente, plus la garde au sol s’élève.
Exemple réel sur Mercedes AirMatic.
Pour donner une idée plus précise du fonctionnement d’une suspension pneumatique, il faut d’abord parler pression. En utilisation normale, chaque coussin d’air contient entre 5 et 8 bar, ce qui suffit à maintenir la voiture à sa hauteur standard tout en laissant une bonne marge de souplesse. Quand la caisse monte ou que le véhicule est chargé, la pression grimpe progressivement jusqu’à 13 à 16 bar. Les gros modèles, comme un Range Rover ou une Mercedes GLS, peuvent même atteindre ces valeurs en continu sans que le système ne force. Le réservoir d’air comprimé sert de réserve à haute pression, généralement autour de 16 à 19 bar, pour permettre des corrections rapides sans solliciter sans arrêt le compresseur.
Chaque coussin contient un volume d’air de 2 à 6 litres selon la géométrie du train roulant. Les systèmes à plusieurs chambres permettent de jouer sur ce volume actif : quand une ou plusieurs chambres sont isolées en mode sport, le volume chute de 40 à 60 %, ce qui accroît la raideur dans les mêmes proportions. La pression peut alors passer de 7 à 11 bar presque instantanément, grâce à des électrovannes dont le temps de réaction est de l’ordre de 20 à 50 millisecondes. Cette variation modifie la fréquence propre de la suspension, typiquement de 0,9 Hz en mode confort à 1,3 Hz en mode sport, réduisant le roulis d’environ 10 à 15 %.
Les corrections d’assiette complètes, comme le passage d’une position basse à une position haute, prennent environ 1 à 3 secondes selon la puissance du compresseur et la capacité du réservoir. La course totale de réglage de hauteur varie entre 60 et 120 mm. La suspension pneumatique n’est donc pas qu’un gadget de confort : c’est un système précis, rapide et réactif, dont la plage de fonctionnement demande une maîtrise rigoureuse de la pression et du volume d’air.
Enfin, un mot sur la physique : le comportement d’un coussin d’air repose sur la loi de Boyle-Mariotte (P × V = constante). Quand la roue s’enfonce, le volume d’air diminue et la pression augmente, créant la force de rappel qui soutient la caisse. Cette élasticité naturelle rend la suspension pneumatique à la fois progressive et adaptative, avec une souplesse impossible à reproduire avec un ressort métallique. C’est cette maîtrise du volume et de la pression qui donne au confort des voitures à air ce toucher de route inimitable, à mi-chemin entre douceur et contrôle.
Sur les suspensions pneumatiques les plus modernes (Mercedes S-Class, Audi A8, Range Rover), chaque roue est équipée de plusieurs chambres reliées entre elles par des valves pilotées. Ces chambres, au nombre de 3 à 5 selon les modèles, permettent d’ajuster la raideur du ressort pneumatique sans changer la pression générale du circuit.
Le principe est simple : plus le volume d’air actif est grand, plus la suspension est souple ; plus il est petit, plus elle devient ferme. En mode confort, toutes les chambres sont ouvertes, ce qui donne un volume d’air important et donc une souplesse maximale. En mode sport, certaines chambres sont condamnées, réduisant le volume d’air actif et augmentant la raideur instantanée du ressort. Le résultat est un comportement plus précis, avec moins de roulis et une meilleure réponse aux transferts de masse, sans sacrifier complètement le confort.
Cette architecture multi-chambres permet aussi d’ajuster indépendamment l’avant et l’arrière, voire le côté gauche et droit, pour corriger le tangage ou le roulis. C’est une approche mécanique fine et non une simple astuce marketing, bien que la majorité des conducteurs n’en perçoivent qu’une partie des bénéfices réels.
Les dysfonctionnements les plus courants :
La suspension pneumatique reste une des technologies les plus évoluées en matière de confort automobile, mais aussi l’une des plus sensibles à l’usure. Une mécanique fascinante… jusqu’au jour où elle décide de s’asseoir toute seule.
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