Système Pantone : principe, promesses et réalité

Dernière modification : 13/10/2025 -  27


Vous avez peut-être déjà entendu parler du « système Pantone » : un montage artisanal qui injecte des vapeurs d’eau (et parfois de carburant) dans l’admission via un petit réacteur chauffé par l’échappement. Les partisans promettent des baisses de consommation et de pollution, une combustion « plus propre » et un moteur plus souple. Voyons précisément ce que c’est, ce que ça prétend apporter… et ce que disent la physique et l’expérience.

Principe du système Pantone

Sch

  1. Bulleur : une partie des gaz d’échappement est dérivée vers un bocal d’eau (le « bulleur »). Les gaz y forment des bulles qui chargent l’air en vapeur d’eau (et parfois en fines traces d’hydrocarbures si le montage le permet).
  2. Réacteur : ce mélange humide traverse un tube placé dans la ligne d’échappement. Le flux chaud réchauffe ce tube (le « réacteur ») et, selon les défenseurs du système, « active » le mélange qui deviendrait un « gaz Pantone » supposé plus réactif.
  3. Admission : le gaz réchauffé est réintroduit dans l’admission, en complément de l’air frais normal. L’idée est de favoriser la combustion, réduire certains polluants et, surtout, diminuer la consommation.

Ce que le système prétend apporter

  • Baisse de consommation grâce à une combustion « plus complète » et à l’effet d’appoint de la vapeur d’eau.
  • Réduction des fumées et des odeurs (particules à l’échappement), particulièrement sur des diesels anciens.
  • Moteur plus souple à bas régime, avec moins de cliquetis sur essence.

Ce que dit la physique (sans incantations)

Le cœur de l’histoire, c’est l’eau et la chaleur de l’échappement.

  • Vapeur d’eau et combustion : injecter un peu d’eau sous forme de vapeur peut modifier la combustion. La vapeur absorbe de la chaleur (capacité calorifique élevée) et peut limiter la montée en température du front de flamme. Résultat possible : moins de NOx (ils croissent avec la température), parfois une combustion plus régulière, et sur essence une réduction du cliquetis (l’eau augmente l’indice « octane effectif » du mélange).
  • Énergie et bilan : l’eau n’apporte aucune énergie chimique. Pour vaporiser cette eau, on « pioche » de la chaleur dans l’échappement. Sur le papier, cela peut déplacer des pertes, lisser la combustion et améliorer la rendement à charge partielle sur certains points de fonctionnement… mais on ne crée pas de miracle énergétique.
  • Craquage et « gaz Pantone » : certains évoquent un « cracking » d’hydrocarbures dans le réacteur. En pratique, les températures et temps de séjour sont trop faibles pour un reformage sérieux et contrôlé. Ce que l’on observe surtout, c’est de la vapeur d’eau chauffée et, éventuellement, un léger pré-mélange air/carburant chaud qui s’enflamme plus facilement. Rien de mystique.

Pourquoi ça peut donner l’illusion (ou parfois un petit mieux réel)

  • Diesels anciens « encrassés » : de vieux moteurs (pompe méca, tolérances larges) peuvent fumer moins avec un peu de vapeur d’eau, tout en paraissant plus doux. La baisse d’opacité passe pour une « prouesse », alors qu’on a surtout abaissé la température de flamme et fluidifié une combustion irrégulière.
  • Mesures subjectives : « ça consomme moins »… après avoir revu la pression des pneus, changé le filtre à air et conduit plus doux pour « surveiller » le montage. Forcément, la conso baisse. Sans protocole strict, l’attribution au seul Pantone est illusoire.
  • Plages de charge très spécifiques : de petites injections d’eau peuvent améliorer un point de fonctionnement précis. Sorti de ce point, l’effet disparaît voire pénalise.

Ce qui coince sur les moteurs modernes

  • Sonde lambda, débitmètre, catalyseur, FAP : ajouter de la vapeur d’eau et réchauffer l’admission perturbe les capteurs, la régulation de richesse et la température d’échappement. On peut dégrader le catalyseur, faire souffrir un FAP, et déclencher des défauts.
  • Gestion moteur fermée : les calculateurs corrigent en permanence. Ils annulent les « effets » du montage ou, pire, enrichissent/ appauvrissent là où il ne faut pas.
  • Risque d’emballement réglementaire : modification non homologuée = assurance et contrôle technique qui peuvent siffler la fin de partie.

Comparaison à des solutions « officielles »

  • Injection d’eau calibrée (essence perf) : certains moteurs turbo essence ont utilisé une injection d’eau contrôlée (réservoir dédié, pompe, carto spécifique) pour repousser le cliquetis et maintenir la puissance par forte charge/température. Rien à voir avec un bulleur artisanal.
  • Refroidissement d’admission : intercoolers, water-air, pulvérisation d’eau sur échangeur… tout est mesuré, cartographié, testé durabilité.
  • EGR refroidie (diesel) : on réinjecte des gaz pauvres en oxygène pour réduire les NOx, de façon calibrée et sous contrôle du calculateur. C’est l’esprit « abaisser la température de flamme », mais proprement intégré.

Montage, risques et limites

  • Hydraulique : mauvais dimensionnement = aspiration d’eau liquide → risque d’hydraulique (casse). On parle bien de vapeur, pas d’eau en gouttes.
  • Thermique : un réacteur mal conçu peut fissurer la ligne, surchauffe locale, incendie. Oui, ça arrive.
  • Matériaux : condensation acide, corrosion accélérée dans admission/échangeurs.
  • Légalité/assurance : véhicule modifié, non conforme à l’homologation. En cas d’accident grave, bon courage.

Ce qu’on peut objectivement attendre

  • Sur vieux moteurs rustiques : parfois un léger mieux en fumées/rondeur, conso identique ou marginalement plus basse si le conducteur roule plus zen.
  • Sur moteurs récents : intérêt quasi nul sans intégration électronique. Risques > bénéfices.
  • Miracles absents : pas de lois de la thermo violées, pas d’« énergie cachée » extraite de l’eau. On déplace des pertes, on lisse des pics, point.

Conseils si vous êtes tenté

  • Mesurez sérieusement : plein à ras, parcours identique aller/retour, plusieurs cycles, météo comparable, même station. Sinon, ce sont des impressions.
  • Protégez le moteur : pare-flammes, clapet anti-retour, purge de condensats, filtrage en amont du bulleur. Zéro eau liquide aspirée.
  • Restez sur un « mulet » ancien : pompe méca, pas de catalyseur ni FAP si vous ne voulez pas faire pleurer le contrôle technique.
  • Acceptez la réalité : si c’était massivement efficace, ce serait industrialisé depuis longtemps avec une intégration moteur/ECU et une homologation.

Un système aux avis partagés

Vous trouverez des témoignages enthousiastes et d’autres franchement négatifs. À chaque fois qu’un système « marche » uniquement quand on change aussi la façon de conduire, la pression des pneus et le filtre à air, on sait où part le mérite…

Système expliqué en vidéo

Verdict

Le Pantone, c’est surtout une vaporisation d’eau réchauffée qui peut lisser la combustion et faire baisser des polluants sur des mécaniques simples. Pas de magie ni de « gaz mystère ». Sur un moteur moderne bardé de capteurs, c’est au mieux neutralisé, au pire contre-productif et juridiquement casse-gueule. Si votre objectif est de consommer moins, commencez par l’entretien, la pression des pneus, l’anticipation… et gardez le chalumeau loin de l’admission.


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