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Fin des DS3 et DS4 : le bateau commence-t-il à couler ?

Dernière modification : 28/10/2025 -  2

DS Automobiles a confirmé qu’elle ne renouvellerait pas les DS3 et DS4 à la fin de leur cycle de vie. Les deux modèles suivront donc leur carrière jusqu’à extinction naturelle, sans succession prévue. La DS3 Crossback devrait disparaître vers 2026, et la DS4 autour de 2027, selon les projections internes du groupe Stellantis.

Cette décision marque un tournant : DS renonce à ses modèles les plus accessibles, ceux qui pouvaient justement servir de tremplin commercial à une marque encore fragile.

Un repositionnement vers le haut

Avec cette décision, DS confirme sa volonté de se concentrer sur le haut du panier. La DS Numéro 8, un grand SUV électrique de près de 5 mètres reposant sur la plateforme STLA Medium, devient le nouveau vaisseau amiral de la marque. Elle succède symboliquement à la DS9, dont la carrière aura été éphémère.
Mais ce recentrage sur le premium plus élevé semble risqué et représente probablement l'inverse de ce qu'il fallait faire, la première DS3 en est sans doute une belle preuve (on y revient).

Les ventes le montrent : le succès vient du milieu, pas du sommet

Depuis sa création en 2014, DS n’a jamais percé par le haut. Ses meilleurs résultats sont venus des modèles intermédiaires, et non des vitrines technologiques.

• DS7 : c’est de loin le modèle le plus populaire, avec environ 35 000 ventes annuelles en Europe. Son restylage en 2023 et sa version hybride E-Tense 360 ont prolongé sa carrière avec succès. Bien entendu, celle-là on la garde ...
• DS3 Crossback : malgré un bon départ, elle n’a jamais dépassé les 15 000 ventes par an. Son positionnement trop cher et son style atypique ont limité sa portée.
• DS4 : séduisante sur le papier, elle est restée confidentielle, peinant à se démarquer face à la 308 et à la C4 du même groupe.
• DS9 : le plus bel exemple d’un modèle aussi noble qu’invisible, produit pour la forme plus que pour le marché (chinois).

Dans ce contexte, la disparition de la DS3 et de la DS4 revient à couper les rares branches qui donnaient encore des fruits.

Des bases techniques qui permettaient pourtant de limiter les coûts

La DS3 et la DS4 reposaient sur des plateformes CMP et EMP2, partagées avec les autres marques Stellantis. Ces bases avaient l’avantage d’être amorties, fiables et flexibles, permettant d’équiper à la fois des versions thermiques et électriques.
Elles ont désormais été absorbées dans la famille STLA Small et STLA Medium, censées symboliser une montée en gamme technologique. En réalité, il s’agit plus d’une évolution qu’une révolution : les fondamentaux restent proches.
Abandonner ces plateformes, c’est donc aussi renoncer à une production rentable de modèles de milieu de gamme, au profit de projets plus coûteux et moins accessibles, bien que les DS7 (Numéro 7, excusez-moi) et Numéro 8 continuent d'exploiter ces bases de roturier (mais en prétendant se vendre à prix d'or ! Car une DS7, en concurrence frontale avec un Q5, n'a rien de commun en terme d'architecture et de noblesse technique).

Positionnement qui aurait pu faire la différence

Le problème de DS n’est pas technique, mais marketing. La marque a voulu rivaliser frontalement avec Audi, BMW et Mercedes, alors qu’elle n’avait ni leur assise technique ni leur légitimité.
Ses modèles transversaux ne pouvaient pas prétendre à la rigueur mécanique de leurs concurrentes à moteurs longitudinaux. DS aurait pu s’imposer dans un créneau intermédiaire, en assumant un positionnement de "premium raisonnable", voire "premium pas trop cher" : un style fort, du confort, et des tarifs maîtrisés qui auraient pur la rendre sympathique et attachante (la DS3 1 le prouve)
Au lieu de ça, la marque a préféré parler de "luxe à la française" en pétant plus haut que son c.. sans réellement offrir le contenu technique ou la valeur perçue que ce slogan sous-entend. Même le produit d'accès (DS3 Crossback) a complètement perdu pieds avec ses tarifs (avec une finition aux places arrière digne d'un low-cost). Le résultat est une image perçue comme ambitieuse mais creuse (voire fausse, façon copie chinoise), et donc des ventes qui ne suivent pas.

Le cas DS3 1 : la poule aux oeufs d'or sacrifiée en Nuggets

Le plus regrettable reste la disparition de la DS3, héritière d’une citadine qui avait pourtant marqué les esprits.
La première génération, vendue sous logo Citroën, avait été un vrai succès populaire avec plus de 400 000 exemplaires écoulés entre 2010 et 2019. Elle incarnait parfaitement ce que DS aurait dû rester : une marque chic, accessible et singulière.
Le passage au SUV Crossback a brisé cet équilibre. En voulant tout miser sur la tendance SUV, DS a perdu son modèle le plus identifiable, et avec lui, sa base de clientèle fidèle. Il semblait pourtant évident qu'une version citadine aurait du être commercialisée en parallèle, toujours sur base de C3 pas trop chère. Car rappelons que la DS3 était une C3 bardée de plastiques galvanisés (du "chrome" donc) et vendue avec des marges supérieures (mais pas excessives)...

Une montée en gamme qui isole la marque

Aujourd’hui, DS mise tout sur la DS7 et la DS8, deux modèles au positionnement clairement premium. C’est un pari osé, car les ventes du segment haut de gamme sont en recul, surtout depuis la contraction du marché européen et la percée des marques chinoises. Et avec la généralisation des infodivertissement de pointe chez les Chinois, il devient de plus en plus dur d'être crédible.
Sans DS3 ni DS4 pour maintenir un volume minimal, DS devient une marque d’image, dépendante de deux SUV chers et d’un réseau limité. En réalité le souci vient que ces DS3 et DS4 ont été mal pensées, en tout cas ces itérations ne plaisent pas. Et il n'est donc pas forcément légitime de les sacrifier avant les 7 et 8.
Le risque est évident : en tirant trop vers le haut, DS perd tout lien avec la réalité du marché, un peu comme si elle cherchait à construire un empire sur du vide.
C'est sans doute une fuite en avant qui va accélérer les choses, et il ne serait pas étonnant que d'ici 5 ans cette marque soit chinoise.

Conclusion

La disparition des DS3 et DS4 signe la fin du DS "accessible", celui qui aurait pu installer durablement la marque. À vouloir sacrifier sa base produit plus modeste, DS se retrouve aujourd’hui sur un sommet étroit, avec une DS8 ambitieuse mais chère, et une DS7 qui commence à vieillir.
Les ventes stagneront probablement autour de 50 000 unités annuelles, un seuil insuffisant pour justifier la pérennité d’une marque à part entière.

DS aurait pu être une alternative française crédible au premium allemand de première zone (les modèles transversaux de type GLA, Q3, X1), si elle avait su rester à sa place et bâtir pas à pas (et surtout ne pas saccager ce qui se met à fonctionnr, la DS3 1 encore une fois ...). Au lieu de ça, elle a pris le pari de la prétention, et il n’est pas sûr que le public suive encore très longtemps, surtout avec des Chinois qui se mettent à faire des choses meilleures que les Allemands et à prix inférieur ... Mais il semble que le premium allemand est un avenir qui rejoigne celui de DS, et on peut peut-être voir ici l'avenir de ces derniers se matérialiser en avance sur la marque française (un peu comme la Grèce par rapport au reste de l'Europe si vous me suivez ...).
Ds aurait du rester une branche premium de Citroën, marque aux chevrons qui a été traînée dans la boue (en proposant des voitures en plastiques à bas coût qui s"apparentent plus à des jouets que des voitures) face à son prestige historique.

Bref, il reste malgré tout toujours facile d'être critique et de donner des conseils. Car tous critiques que nous sommes (vous et moi), nos capacités à diriger des marques est certainement très limitée, et nous aurions sans doute fait couler DS encore plus vite qu'eux.

Fiches DS

DS3 2009 ( 546 Avis) DS3 Crossback 2019 ( 44 Avis) --------- DS4 2011 ( 311 Avis) DS4 2021 ( 26 Avis)

DS5 2011 ( 286 Avis) --------- DS7 Crossback 2018 ( 183 Avis)

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