L'arnaque (relayée par tous) du surcoût lié à l'assurance des voiture électriques

Dernière modification : 09/11/2025 -  1

Une récente étude relayée dans toute la presse affirme que les voitures électriques coûteraient en moyenne 11 % plus cher à indemniser que les voitures thermiques. Le différentiel grimperait même à 14 % pour les garanties dommages et à 28 % pour le bris de glace. En résumé, les véhicules électriques seraient plus chères à réparer et donc à assurer. L’argument paraît crédible à première vue, mais quand on regarde dans le détail (ce que j'ai fait avec attention), beaucoup d’éléments ne tiennent pas debout (et en réalité pas besoin de creuser, une pincée de bon sens suffit, ce qui se raréfie toutefois chez les rédacteurs). Derrière ces pourcentages bien présentés se cachent des comparaisons faussées, des erreurs d’interprétation et un bon vieux manque de compétence dans la filière.
Bref, vous allez voir que c'est finalement une belle mascarade et que les assureurs utilisent peut-être ici les médias pour préparer les conducteurs à payer plus sans qu'ils ne se révoltent (car tout le monde dit amen sans la moindre analyse logique des choses)  ...

Un bris de glace 28 % plus cher ?

Le plus choquant, c’est sans doute ce fameux écart de 28 % sur le bris de glace. Les voitures électriques auraient donc des vitres plus fragiles ? Des pare-brises en cristal ? Rien de tout cela, évidemment. Les surfaces vitrées et les blocs optiques sont identiques entre les versions thermiques et électriques d’un même modèle. Une e-208, une Mégane E-Tech ou une Tesla Model 3 utilisent les mêmes composants que leurs équivalents essence ou diesel. Du verre sécurité ...

Une réparabilité théoriquement meilleure

Sur le papier, la voiture électrique est plus simple à entretenir et à démonter. Elle contient beaucoup moins de pièces mécaniques : pas de boîte de vitesses, pas d’échappement, pas d’embrayage, pas d’injection, pas de courroie de distribution (et pas de moteur thermique composé de mille pièces à disséquer pour pouvoir prétendre changer un petit élément situé dans ses entrailles). En théorie, une électrique devrait donc être plus simple à remettre en état car c'est un gros Lego composés de modules peu nombreux et faciles à démonter.

Ce qui fait grimper les coûts, ce n’est pas la voiture, c’est le manque de techniciens formés. Le réseau de réparateurs habilités haute tension reste limité, et les ateliers qui disposent du matériel nécessaire facturent cher leur intervention. Ce n’est pas une question de complexité, mais de rareté de la compétence. Autrement dit, la réparabilité est bonne, mais encore trop peu exploitée faute de main-d’œuvre qualifiée.

Des "experts inexpérimentés" (?!)

L’un des problèmes les plus sous-estimés vient des experts automobiles. Beaucoup d’entre eux manquent d’expérience avec les véhicules électriques. Quand une voiture subit un choc, ils doivent évaluer l’état du pack batterie, ce qui demande des outils et une formation spécifique. Par manque de maîtrise de cette technologie, nombre d’experts préfèrent statuer rapidement sur une épave plutôt que de prendre le risque de valider une réparation.


C’est une réaction de prudence : mieux vaut classer la voiture comme économiquement irréparable que d’engager sa responsabilité en cas de problème ultérieur. Mais ce réflexe, largement répandu, fausse complètement les statistiques. Les voitures électriques se retrouvent surreprésentées dans la catégorie des épaves non pas parce qu’elles sont irréparables, mais parce que les experts ne savent pas encore bien les diagnostiquer.

Il est certain que les choses changeront à l'avenir, experts et mécaniciens seront enfin familiers de ce type d'autos. Les classements épaves et les possibilités de réparer ne seront donc plus du tout considérés de la même manière qu'ujourd'hui.

L’âge du parc, un facteur oublié

Les assureurs oublient un paramètre essentiel : les voitures électriques sont récentes. L’âge moyen du parc français dépasse 12 ans, alors que celui des voitures électriques tourne autour de 3 ou 4 ans. Forcément, les indemnisations sont plus élevées, car les véhicules valent encore cher. Quand une voiture neuve a un accident, le montant à rembourser est plus important, qu’elle soit électrique ou thermique. Donc on compare ici un parc en moyenne plus âgé à un parc bien plus frais qui a forcément une cote supérieure et des pièces moins disponibles et moins amorties par les fabricants.


Présenter cela comme une conséquence directe de la technologie électrique est donc malhonnête. C’est aussi la jeunesse du parc qui explique en grande partie ces montants, pas la nature du groupe motopropulseur.

Une structure globalement identique aux thermiques

En dehors du groupe motopropulseur, une voiture électrique reste une voiture classique. Les suspensions, la direction, les vitrages, les sièges, la carrosserie, tout cela est identique. Dans 90 % des cas, les réparations concernent des zones qui n’ont rien à voir avec la batterie ou le moteur. Rien ne justifie que ces interventions coûtent plus cher. Pourtant, les assureurs continuent à appliquer une majoration générale, comme si tout véhicule électrique était un prototype expérimental difficile à entretenir.

Cette vision caricaturale ne reflète pas la réalité. Les chaînes de production partagent une majorité de composants entre les versions thermiques et électriques. Le remplacement d’un pare-chocs, d’un phare ou d’une aile se fait exactement de la même façon, avec les mêmes pièces.

Pensez-vous qu'une vitre ou pare-choc d'une 3008 1.2 Puretech serait plus cher qu'un e-3008 ?...

Des sinistres graves très minoritaires

Les sinistres lourds, ceux qui touchent directement la batterie, sont rarissimes. Ils représentent une part infime des dossiers. Mais les assureurs intègrent cette éventualité dans le calcul global, comme si chaque accrochage finissait en incendie de batterie. C’est une exagération statistique pratique, qui permet de gonfler les tarifs sans qu’aucun automobiliste n’ait vraiment le moyen de le contester. Mais il semble que le fait que les experts aient la gâchette facile pour statuer épave les voitures électriques ne jouent pas en faveur ..

En réalité, les véhicules électriques impliqués dans un accident sont réparés de manière classique dans la grande majorité des cas. Le remplacement complet d’un pack batterie reste exceptionnel (un peu comme quand un longeron d'une thermique est touché, ce n'est pas si fréquent), et ne devrait pas influencer à ce point le montant moyen des indemnisations.

Les rares arguments valables, mais à relativiser

Certains éléments avancés par les assureurs ne sont pas entièrement faux, mais ils sont souvent exagérés ou mal interprétés. À première vue, il existe effectivement quelques facteurs qui peuvent alourdir le coût des réparations d’un véhicule électrique. Le problème, c’est qu’ils ne justifient pas à eux seuls l’écart de 11 % d’indemnisation, encore moins les 28 % sur le bris de glace.

Le premier argument concerne le poids. Il est vrai qu’un véhicule électrique pèse plus lourd qu’un équivalent thermique, parfois de 200 à 400 kg supplémentaires (ce qui au passage n'est pas si important que ça face à des autos qui pèsent désormais en moyenne facilement 1500 à 1600 kg. Surtout qu'il y a des contre-exemples avec des Model 3 Performance moins lourdes que des M3 équivalentes). Cette masse engendre plus d’énergie cinétique à dissiper lors d’un choc, ce qui peut augmenter les dégâts matériels. Sur le plan purement physique, c’est incontestable. Mais dans les faits, les voitures modernes, qu’elles soient légères ou lourdes, sont conçues pour se déformer afin d’absorber les chocs. Les faces avant et les longerons s’écrasent volontairement (et très facilement !) pour protéger les occupants. Même un véhicule de petit gabarit, comme une Clio, se plie facilement à 50 km/h. En gros, le poids accentue un peu la casse mais pas au point de bouleverser le coût global des réparations.

Deuxième argument souvent cité : les pièces high-tech. On parle ici des phares à LED matriciels, des radars d’aide à la conduite, des pare-brises intégrant des capteurs ou des caméras. Ces équipements sont effectivement onéreux, mais ils ne sont pas spécifiques aux voitures électriques. Toutes les voitures récentes en sont équipées, y compris les thermiques. Ce n’est donc pas une caractéristique de l’électrique, mais de la modernité du parc automobile en général. Accuser la propulsion électrique d’en être responsable revient à confondre progrès technologique et changement d’énergie.

Troisième point, le prix des batteries. C’est la pièce la plus coûteuse du véhicule, et un pack peut valoir plusieurs milliers d’euros. Là encore, les assureurs ont raison de dire qu’un sinistre grave impliquant la batterie coûte cher. Mais ces cas sont rarissimes. Dans l’immense majorité des accidents, le pack n’est pas touché. L’intégrer comme facteur systémique dans le calcul des primes revient à surévaluer un risque ponctuel. Et contrairement à ce qu’on laisse entendre, les coûts liés aux batteries sont déjà en baisse : les cellules se réparent mieux, certaines sont modulaires, et la filière du reconditionnement commence à se structurer.

Enfin, il existe un argument lié à la logistique des réparations haute tension. Certains garages refusent encore d’intervenir sur des véhicules électriques, faute d’équipement ou d’assurance adaptée. Cela oblige les assureurs à envoyer les voitures vers des ateliers agréés (qui profitent de leur monopole pour facturer "un max"), parfois éloignés, ce qui augmente les coûts de transport et d’immobilisation. Mais là encore, ce phénomène est transitoire. Au fur et à mesure que la formation progresse et que les ateliers s’équipent, ces frais vont se lisser. Ce n’est donc pas un surcoût structurel, mais une conséquence temporaire d’un marché encore jeune.

Une conclusion qui dérange

Quand on remet tout cela à plat, la fameuse surcote de 11 % n’a rien de technique. Elle résulte d’un mélange de biais statistiques, d’un manque de formation, et d’une bonne dose d’opportunisme. Les assureurs ont trouvé un nouveau terrain pour justifier des hausses de tarifs, en se servant d’une étude relayée sans recul par les médias. Et tout le monde avale la pilule sans broncher, même les journalistes qui relaient tout ça sans la moindre analyse (pourtant même avec une tête éteinte certains arguments interpellent non ?).

En réalité, la voiture électrique ne coûte pas plus cher à réparer, et sa structure même plaide pour une baisse des coûts à long terme (plus facile à réparer car plus simple et dotés d'organes moins "entrelacés" entre eux et plus accessibles : un Lego géant de modules distincts (sachez bien que Tesla fabique ses autos avec une rationalité extrême, car le patron est radin. Et ce, même si c'est Tesla qui est le plus accusé concernant e manque de facilité à remplacer la batterie). Mais tant que cette idée que “l’électrique coûte plus cher à assurer” sera ancrée dans les esprits, les assureurs continueront d’en profiter. Et si personne ne  rouspète, alors c'est vraiment tout benef' pour eux !


Ecrire un commentaire

Ce site est le vôtre ! Interrogation, complément d'information, conseil, anecdote etc... Toutes vos remarques sont les bienvenues.

Pseudonyme :


Mail (facultatif / être prévenu d'une réponse) :


Votre commentaire :



Sondage au hasard :

Quelle est la meilleure limitation de vitesse sur autoroute ?

Mon point de vue / Information complémentaire :
(votre commentaire sera visible sur la page de résultats)


Sur le même sujet

Nouveautés auto

Choisir une voiture

Fiabilité / Entretien

 

© CopyRights Fiches-auto.fr 2025. Tous droits de reproductions réservés.
Nous contacter - Mentions légales

Fiches-auto.fr participe et est conforme à l'ensemble des Spécifications et Politiques du Transparency & Consent Framework de l'IAB Europe. Il utilise la Consent Management Platform n°92.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant ici.