Inédit : la FNA et le Sénat tirent le signal d'alarme sur la malus écologique

Dernière modification : 24/10/2025 -  3


On y est. Après des années à serrer la vis sur la fiscalité automobile, la FNA n’est plus seule à dénoncer l’absurdité du système. Le Sénat vient de publier un rapport au titre évocateur : « Contre un crash programmé : mesures d’urgence pour l’industrie automobile française ». Une phrase qui résume bien l’état d’esprit du moment : si rien ne change, le secteur risque la sortie de route.

Deux institutions aux rôles différents mais un même constat

La Fédération Nationale de l’Automobile, c’est la voix des artisans et entrepreneurs de l’auto : réparateurs, carrossiers, vendeurs, dépanneurs… Près de 170 000 entreprises et plus de 400 000 salariés en France. C’est un poids lourd du terrain, celui qui voit concrètement les effets des politiques publiques.
Le Sénat, lui, c’est la chambre haute du Parlement. Moins agitée que l’Assemblée, mais souvent plus lucide sur le long terme. Quand ces deux entités arrivent à dire la même chose, c’est que la situation dépasse le simple désaccord politique. Ici, elles tirent toutes deux la sonnette d’alarme sur une fiscalité automobile devenue, selon leurs mots, “palliative, punitive et illisible”.

Un marché en chute libre

Le tableau est brutal. Depuis 2019, la France a perdu plus de 500 000 immatriculations de voitures neuves. Cela représente environ 3 milliards d’euros de recettes fiscales envolées chaque année, et 18 milliards cumulés sur la période 2020–2025.
Sur le plan industriel, la production automobile nationale a chuté de 40 %. En parallèle, 350 000 emplois directs sont désormais menacés dans la vente, la maintenance et la fabrication.
Le Sénat, dans son rapport, n’y va pas par quatre chemins : « L’industrie automobile française est entrée dans une crise profonde. Sa survie passe par un assouplissement des règles européennes et une refonte de la fiscalité pour soutenir la demande. »

Le marché français, plombé par les prix, a perdu plus de 7 % de volume en 2025, pendant que l’Espagne, qui applique une fiscalité plus cohérente, progresse de 7 %.
Même la transition électrique cale : les ventes d’électriques et d’hybrides rechargeables repassent sous la barre des 25 %. La FNA y voit le résultat d’une stratégie menée “à coups de taxes” au lieu d’un vrai accompagnement industriel.

Le malus CO2 et le malus au poids dans le viseur

C’est le cœur du problème. Le malus CO2 est devenu, pour beaucoup, un mur infranchissable. Son barème grimpe chaque année, sans tenir compte du pouvoir d’achat ni de la réalité du marché.
La FNA demande donc un moratoire immédiat pour 2026 : geler les seuils actuels, stopper la course à la surtaxe, et utiliser cette pause pour repenser tout le système.
Même logique pour le malus au poids, une invention 100 % française que personne d’autre en Europe n’a adoptée. Cette taxe pèse deux fois sur le même critère, puisqu’elle s’ajoute déjà aux valeurs CO2 issues du cycle WLTP. Elle ne tient ni compte de l’usage réel du véhicule, ni du poids supplémentaire lié à la sécurité ou aux batteries électriques. Bref, un double comptage déguisé en écologie.

Et ce n’est pas tout : à partir de 2026, le malus deviendrait rétroactif sur les véhicules d’occasion importés. Impossible pour un acheteur ou un professionnel de savoir si un véhicule a déjà bénéficié d’une exonération.
Pour éviter ce chaos, la FNA propose un site public gratuit (dans l’esprit d’Histovec) permettant de vérifier en un clic l’historique fiscal des véhicules. Logique, simple, efficace.

Le coup de massue sur les prix

Pour mesurer la dérive, la FNA a pris quelques exemples parlants : en deux ans, le malus CO2 a bondi de +219 % sur un Peugeot 2008, +210 % sur un Renault Captur II, +140 % sur une Clio V ou une Dacia Sandero. On comprend vite pourquoi les ventes s’effondrent, et pourquoi les ménages se détournent du neuf.
Dans ces conditions, parler de “transition écologique” relève presque du sarcasme : le système décourage les acheteurs, plombe les constructeurs et asphyxie les distributeurs.

Vers une refonte complète dès 2027

La FNA ne veut pas d’un simple ajustement, mais d’une refonte totale du modèle. Elle appelle à repenser la fiscalité automobile autour de deux principes simples : stabilité et lisibilité.
L’idée serait de passer d’un système punitif à un système incitatif, où la fiscalité encourage plutôt qu’elle ne sanctionne. L’Espagne est donnée en exemple avec son programme MOVES III : une taxe proportionnelle aux émissions et à la valeur du véhicule, comprise entre 0 % et 14,75 %, qui stimule la demande au lieu de la bloquer.

La fédération propose aussi que l’État réunisse dès 2026 une mission interministérielle, avec les acteurs du secteur, pour bâtir une fiscalité durable et cohérente. L’objectif : restaurer la confiance, relancer l’investissement et redonner de la visibilité à la filière.
Robert Bassols, président national de la FNA, résume la philosophie : « On ne réussira pas la transition écologique à coups de taxes. La France a besoin d’une politique automobile de cohérence, pas de sanction. »

Le fond du problème : la souveraineté industrielle

Derrière les chiffres et les taxes, c’est la souveraineté industrielle qui vacille. Moins de production locale, plus d’importations, et une dépendance grandissante aux chaînes d’assemblage étrangères. Pour le Sénat comme pour la FNA, sauver la filière automobile, c’est sauver un pan entier de l’économie française, avec tout ce qu’il implique en matière d’emplois, de savoir-faire et de sécurité économique.

Et vous, vous en pensez quoi ?

Faut-il continuer à empiler les taxes en espérant des miracles, ou reprendre les choses à la base avec une fiscalité claire, stable et juste ?
Avez-vous déjà été impacté par le malus CO2 ou le malus au poids ? Trouvez-vous ces mesures logiques, ou totalement déconnectées du réel ?
Bon, ne soyons pas naïfs, on sait que nos politiques auto-sabotent notre patrie depuis des décennies, et c'est donc encore une occasion pour vous de le confirmer dans "votre espace".
Votre expérience vaut largement celle des technocrates qui pondent les barèmes. Alors n’hésitez pas à réagir dans les commentaires, comme vous savez si bien le faire habituellement.


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