2035 est-il le responsable de la crise actuelle comme tout le monde le prétend ?

Dernière modification : 09/11/2025 -  1


Depuis des mois, les médias auto, les influenceurs et même certains responsables politiques ont trouvé leur coupable tout désigné : Bruxelles, la voiture électrique, et cette fameuse interdiction du thermique prévue pour 2035. Ce serait à cause d’elle que le marché automobile européen se serait effondré. Trop de normes, trop de contraintes, trop d’écologie. L’histoire est belle, simple, et surtout très pratique. Sauf qu’elle ne tient pas.
Et comme nous ne sommes pas ici au PMU du coin, nous allons tenter de traiter cette problématique avec un peu plus de rigueur, en laissant evidemment loin de nous cette bière qui étourdit notre esprit.

La réalité, c’est qu’en 2025, toutes les marques vendent encore des voitures thermiques, presque systématiquement accompagnées d’une version hybride HEV. Et la grande majorité des constructeurs passent déjà sous les radars du malus grâce à ces motorisations. En clair : la date de 2035 n’a, à ce jour, aucun effet concret sur le marché actuel, et ce malgré les raccourcis. Analysons toutefois les choses de manière un peu plus appuyée ...

Une crise qu’on attribue au mauvais coupable ?

Le raccourci “crise automobile = voiture électrique imposée par Bruxelles” est devenu un réflexe médiatique. Il circule parce qu’il offre une explication facile, alors qu’en réalité la situation est bien plus terre-à-terre. L’Europe n’a pas interdit le thermique aujourd’hui, elle a simplement fixé une échéance. Les ventes de moteurs essence et diesel se poursuivent, et les hybrides, notamment les HEV (hybrides non rechargeables), explosent dans les statistiques. Ces modèles consomment moins, polluent moins, et permettent aux constructeurs d’éviter des amendes CO? sans passer 100 % à l’électrique.

Pourtant, certains commentateurs affirment que la “réglementation verte” aurait provoqué l’effondrement du marché. C’est faux. L’Europe a connu une chute des ventes dès 2020 avec la crise sanitaire, puis avec la pénurie de semi-conducteurs, et aujourd’hui avec la hausse des coûts de production et des taux d’intérêt. Le lien direct avec Bruxelles relève davantage du slogan politique que de l’analyse économique.

Le vrai problème : des prix qui ont explosé

Depuis 2018, le prix moyen des voitures neuves a augmenté d’environ 35 %. Le segment des citadines est celui qui a le plus souffert : une Clio ou une 208 dépassent désormais les 20 000 euros, même dans leurs versions de base. L’électrique n’est pas seule en cause, car les versions thermiques ont suivi la même trajectoire. Les matériaux coûtent plus cher, les contraintes de sécurité et d’équipement se multiplient, et la main-d’œuvre a renchéri.

En parallèle, les taux d’intérêt sont remontés. Le crédit auto, qui était presque gratuit avant 2022, coûte désormais plusieurs centaines d’euros de plus par an. Résultat : les ménages achètent moins, repoussent leur achat ou se tournent vers l’occasion. Le pouvoir d’achat en berne pèse bien plus sur le marché que la perspective d’une loi prévue dans dix ans.

L’électrique, bouc émissaire idéal

La voiture électrique est souvent utilisée comme symbole de cette crise. On lui reproche d’être trop chère, trop fragile, trop imposée. Mais là encore, la réalité est plus nuancée. Les prix des électriques ont plutôt tendance à baisser depuis deux ans, tirés vers le bas par la guerre des prix lancée par tesla et par l’arrivée des marques chinoises. Le coût du kilowatt-heure de batterie a chuté de près de 80 % en dix ans, et les modèles abordables commencent à se multiplier.

Les problèmes viennent surtout des à-coups politiques : subventions arrêtées du jour au lendemain, incertitudes fiscales, ou changements de critères d’éligibilité. L’exemple allemand est parlant : la suppression brutale du bonus écologique fin 2023 a immédiatement fait plonger les ventes d’électriques. Ce n’est pas la technologie qui pose problème, c’est l’instabilité des politiques nationales.

Les hybrides amortissent parfaitement la transition

Pendant qu’on désigne Bruxelles comme responsable, les constructeurs ont trouvé la parade : l’hybride. Le HEV (hybride classique) et le MHEV (hybride léger) permettent d’abaisser la consommation et les émissions sans transformer la voiture. Ces technologies se sont généralisées et permettent aux marques de respecter les seuils de CO? imposés par l’Union européenne sans tout révolutionner.

Autrement dit, personne n’a besoin de passer à l’électrique pour survivre à court terme. L’hybride remplit le rôle d’amortisseur technique et économique. C’est d’ailleurs ce qui explique pourquoi les usines européennes tournent encore majoritairement sur des chaînes thermiques. Les marques ne sont pas “étranglées” par la loi de 2035, elles anticipent simplement une évolution prévisible.

Une crise alimentée par la perte de valeur de la monnaie

La hausse généralisée des prix dans l’automobile découle aussi d’un phénomène plus large : la dévaluation silencieuse de la monnaie. L’inflation massive et la création monétaire post-Covid ont érodé le pouvoir d’achat réel. Les constructeurs ont répercuté leurs hausses de coûts, et les consommateurs ont perdu du terrain. On imprime des euros comme des billets de Monopoly, mais la valeur réelle derrière ne suit plus. Ce n’est donc pas un problème “écologique”, c’est un problème macroéconomique.

L’électrique a bon dos, mais les hausses frappent tout le monde. Une compacte diesel coûte aujourd’hui aussi cher qu’une électrique d’entrée de gamme. Le coût n’est plus lié à la technologie, mais à la politique monétaire et à la fiscalité qui entourent le secteur.

Les vrais défis du marché européen

La crise de l’automobile européenne n’a rien d’inévitable. Elle est le résultat d’une accumulation : salaires stagnants, crédit cher, fiscalité en hausse, et perte de confiance des ménages. Les usines européennes peinent à être compétitives face à la Chine, les marges se réduisent, et les subventions changent trop vite pour donner de la visibilité.

Pendant ce temps, les États-Unis et la Chine injectent massivement dans leurs filières industrielles. L’Europe, elle, discute. Et au lieu d’affronter ces réalités économiques, beaucoup préfèrent accuser la transition énergétique, comme si elle était la cause de tout.

En conclusion

Non, 2035 n’est pas responsable de la crise actuelle. Pas plus que la voiture électrique n’est la cause du ralentissement des ventes. Le vrai problème, c’est le portefeuille des ménages et la hausse structurelle des coûts. On mélange tout : on accuse la réglementation de 2035 parce qu’elle fait un bon titre, mais personne ne veut admettre que la crise est avant tout économique.

Bruxelles n’a pas encore interdit les voitures thermiques, mais les prix, eux, ont déjà interdit l’achat à une partie des classes moyennes.


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