Volkswagen clôt l’histoire du Touareg avec une édition spéciale baptisée Final Edition, un dernier hommage à l’un des SUV les plus emblématiques des années 2000. Lors de sa sortie en 2002, il avait tout d’un manifeste : un SUV luxueux, puissant et techniquement ambitieux, développé sur la même base que le Porsche Cayenne et l’Audi Q7. Pour la première fois, Volkswagen jouait dans la cour des grands. Et le public a suivi. Le Touareg s’est imposé comme un best-seller, symbole d’une marque qui osait bousculer les codes du premium allemand.
Affiché à 41 990 euros à son lancement, le Touareg n’était pas donné, mais il offrait un contenu rare à ce niveau de prix. Finition haut de gamme, châssis exceptionnel, transmission intégrale sophistiquée et motorisations nobles : on en avait réellement pour son argent. À l’époque, Volkswagen réussissait à proposer un SUV de standing sans sombrer dans la démesure tarifaire. Aujourd’hui, à ce prix-là, on obtient à peine un SUV compact de milieu de gamme, ce qui illustre à quel point le rapport entre prix, plaisir et prestation s’est dégradé en vingt ans.
La seconde génération, arrivée en 2010, a consolidé la recette avec un design plus épuré et une dose de modernité bienvenue. Puis la troisième, lancée en 2018, a misé sur la technologie et la qualité perçue, jusqu’à se rapprocher dangereusement des codes d’Audi. Écrans géants, conduite semi-autonome, matériaux haut de gamme : tout y était. Sauf que cette fois, la clientèle n’a pas suivi. En pleine inflation, avec des tarifs dépassant les 80 000 euros, le badge Volkswagen ne suffisait plus à justifier un tel investissement. Le Touareg est devenu trop cher pour les clients VW traditionnels, tout en restant trop modeste pour séduire les amateurs de véritables SUV premium.
Cette “Final Edition”, produite en série limitée, reprend les blocs V6 TDI et soigne le détail : jantes exclusives de 21 pouces, selleries plus raffinées, badges commémoratifs et présentation soignée. Pas d’évolution technique, mais une belle façon de refermer dignement une histoire de 23 ans.
Le Touareg s’éteint dans un contexte où les gros SUV thermiques n’ont plus la cote, étranglés par les normes, la fiscalité et la bascule vers l’électrique. Mais sa disparition traduit aussi l’érosion du pouvoir symbolique de Volkswagen, qui ne peut plus vendre un SUV à prix d’Audi sans en assumer le prestige. Le premier Touareg était ambitieux et compétitif ; le dernier, lui, paie le prix d’un marché devenu cynique, où même le talent d’ingénierie ne suffit plus à faire oublier l’étiquette.
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