Qui aurait cru que l’électrique, présenté comme le fossoyeur du thermique, allait en réalité devenir son meilleur allié?? Alors que les gros moteurs semblaient condamnés à disparaître, étouffés par des normes toujours plus strictes, voilà qu’ils trouvent une seconde jeunesse grâce… à ceux-là mêmes qu’on croyait responsables de leur perte. Une sorte de paradoxe savoureux, à la croisée du greenwashing et de l’optimisation fiscale bien sentie.
Premier mécanisme de survie?: l’hybridation. Elle ne sert pas qu’à soulager la planète ou flatter la conscience écologique, elle permet surtout de faire passer des moteurs bien peu exemplaires au travers du tamis des normes. En introduisant un moteur électrique dans l’équation, on peut se permettre d’utiliser un bloc thermique plus polluant, puisqu’il sera coupé une bonne partie du temps. Résultat?: les cycles d’homologation, qui mesurent gentiment les émissions sur un parcours bien sage, affichent des scores flatteurs. Peu importe si, dans la vraie vie, le moteur crache autant qu’avant sur autoroute. L’étiquette reste verte, et c’est tout ce qui compte.
Mieux encore, plus on intègre une grosse batterie, plus on s’offre une marge de manœuvre. On peut tranquillement embarquer un V6 ou un V8 sans que personne ne s’en émeuve, tant que le calcul final reste sous les seuils imposés. Le thermique noble retrouve ainsi une légitimité inattendue, masquée derrière des kilowatts de bonne volonté. Et à ce rythme-là, il n’y a plus vraiment de raison de craindre sa disparition. Le moteur thermique ne mourra pas par décret, il s’effacera peut-être un jour… si plus personne n’en veut. En attendant, c’est la loi de l’offre et de la demande qui tranchera. Et tant que la demande existe, les constructeurs auront les outils pour répondre, quitte à lui coller une batterie de 25 kWh sur le dos.
La M5 garde un V8 tout comme la prochaine génération de RS6. Et grosso modo il est difficile de comprendre pourquoi certaines marques cherchent à se précipiter sur le 100% électrique comme Ferrari par exemple, surtout que cela ne semble pas accrocher.
Deuxième mécanisme, plus pervers encore?: le calcul global des émissions par flotte. Ici, pas besoin de modifier le moteur thermique lui-même. Il suffit de vendre à côté suffisamment de voitures électriques ou électrifiées pour compenser les vilains modèles qui fument encore. C’est ainsi que certaines marques peuvent continuer à produire des GT thermiques bien grasses sans déclencher l’ire de Bruxelles. Il faut simplement noyer ces modèles dans un océan de petites voitures à watts, ou mieux?: d’électriques conçues pour maximiser les volumes.
Mercedes vend des EQ, BMW des iX, Audi des Q4 e-tron… et derrière, hop, on s’autorise une petite série de V8 pour garder les clients de niche fidèles. L’un ne va plus sans l’autre.
On peut donc dire que le thermique ne meurt pas, il se transforme. Il s’adapte au jeu du CO?, non pas en devenant vertueux, mais en s’accrochant aux jupes d’un moteur électrique qui fait diversion. Mieux encore, l’électrique offre au thermique une nouvelle carte à jouer?: celle de la performance assistée. Avec un boost électrique bien placé, on fait oublier la paresse d’un turbo mal réveillé ou la paresse d’une boîte auto trop longue. Et tant pis si l’agrément devient un peu artificiel?: l’essentiel, c’est que la magie opère à la relance.
Alors oui, tout ça tient de l’équilibrisme. On vend une image verte à grand renfort de kilowatts et de batteries, tout en continuant à produire des moteurs qui auraient déjà dû passer l’arme à gauche si on s’en tenait aux grands discours. Mais l’hypocrisie a parfois du bon. Grâce à elle, les moteurs nobles (au sens mécanique du terme) ont encore droit de cité. Et les passionnés peuvent encore rêver d’un 6 en ligne ou d’un V8, même s’il faut accepter qu’ils soient désormais flanqués de batteries, de câbles haute tension et de logos verts un peu mensongers. Le résultat mène à des voitures bien plus lourdes même si les largeurs de gomme viennent en partie compenser.
L'hypocrisie se situe dans le fait que les gros moteurs hybridés explosent leurs émissions en conduite sportive par rapport aux cycles d'homologation, avec des écarts bien plus prononcés que sur les voitures plus conventionnelles à la puissance plus modeste.
L’électrique ne tue finalement pas le thermique, il perpétue ses jours ! Il l’habille en vert, le traîne à la salle de sport, le maquille un peu, et le remet sur le marché. Et tant que les chiffres d’homologation sont bons, les constructeurs continueront à jouer à ce petit jeu.
Ecrire un commentaire
(Tri par ordre de longueur de l'avis)
(Tri par ordre chronologique)
Trouvez-vous la presse automobile honnête ?
© CopyRights Fiches-auto.fr 2025. Tous droits de reproductions réservés.
Nous contacter - Mentions légales
Fiches-auto.fr participe et est conforme à l'ensemble des Spécifications et Politiques du Transparency & Consent Framework de l'IAB Europe. Il utilise la Consent Management Platform n°92.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant ici.