Dernière modification 05/09/2024

Critique sur l'alliance Toyota/Mazda/Subaru pour "sauver" les moteurs thermiques


La récente annonce de collaboration entre Mazda, Subaru et Toyota, visant à prolonger la vie du moteur thermique, a suscité un grand intérêts chez les nombreuses personnes qui sont très attachées à ce type de motorisation utilisée depuis plus d'un siècle dans nos sociétés. Ces trois géants japonais, plutôt que d’embrasser pleinement la révolution électrique, ont donc décidé de persévérer dans le développement de moteurs thermiques. Mais si cette démarche a été bien accueillie par les détracteurs des voitures électriques (en les draguant ouvertement, avec une presse qui a aussi été emballée), elle soulève des interrogations et des critiques quant à sa pertinence et ses motivations profondes ...
Décryptage de la "rédaction" sur ce phénomène que beaucoup ont survolé de manière un peu rapide et simpliste (bien que je n'ai pas la prétention d'apporter la vérité la plus pure ...).

Une idée rétrograde ?

En choisissant de s’allier pour maintenir le moteur thermique en vie, Mazda, Subaru et Toyota semblent prioriser leurs intérêts financiers au détriment de l'innovation et du bien commun. Il est évident que ces marques n’agissent pas par altruisme, mais pour protéger un modèle économique qui leur est plus favorable. Le marché des voitures électriques est aujourd'hui largement dominé par des acteurs chinois, mettant à mal les parts de marché de ces constructeurs historiques qui n'ont semble-t-il plus trop d'espoir d'atteindre le niveau de l'empire du milieu. Ils s'attachent donc obstinément à ce qu'ils savent faire et ce qu'ils savent rendre rentable, comme une moule attachée à son rocher. Pour ces entreprises, continuer à exploiter la technologie thermique et hybride représente une stratégie lucrative dans un contexte où la transition vers le 100 % électrique reste coûteuse et incertaine pour elles. Il faut dire que le traumatisme est là, Mazda échoue lamentablement avec le CX-30, Toyota bâcle son BZ4X et Subaru ne propose qu'un clone du BZ4X ... Bref, c'est un peu comme trois cancres qui cherchent à sauver leur peau en trichant ensemble aux examens pour s'en sortir un minimum.

Enfin, constatons l'entêtement de Mazda avec son moteur rotatif Wankel alors qu'il est plein de défauts inhérent à sa conception ...

Des moteurs sans grand intérêt ?

Les moteurs annoncés dans ce partenariat, avec des cylindrées de 1.5 et 2.0 litres, ne sont pas à la hauteur des attentes en termes d'agrément mécanique (ce qui aurait été tout autre chose s'agissant de 6 cylindres, ou a minima 5 ...). Ces caractéristiques, loin d'être attractives, ne font que confirmer une approche conservatrice et timorée de la part des constructeurs. Bref, avec des 4 cylindres en ligne ou à plat et un moteur Wankel (bien qu'il permette de hauts régimes), on est loin de l'agrément de ce que distille un moteur électrique de base (même mal fichu). Car oui, chaque constructeur utilisera l'architecture qu'il a utilisé de manière historique : Subaru : Flat 4 (Boxer),

A lire : les différentes architectures moteur (flat/boxer, en ligne, à plat, en V, en W ...

L'ironie du plan ...

De plus, ces moteurs sont avant tout conçus pour être compacts, afin de mieux s’intégrer dans des véhicules hybrides, ce qui souligne un paradoxe ironique : ils ont comme objectif premier de faciliter l’intégration d’un moteur électrique, alors même que cette alliance se positionne comme un défenseur du moteur thermique face à la vague de l’électrification. C'est donc l'électrification de ces moteurs qui leur permet d'être viable ! Et donc pour combattre "l'ennemi", ils utiliseront la force de l'ennemi ... C'est donc à la fois ironique et humiliant pour le moteur thermique, et surtout leur communication relativement anti voiture électrique.
Le moteur électrique servira aussi de combler le manque de punch et le creux à bas régime, une carence supplémentaire qu'ont les moteurs thermiques.

Multi-carburants ?! ...

La possibilité d'utiliser plusieurs types de carburants dans ces moteurs est également un des objectifs. Si, en théorie, cela permet une flexibilité accrue, en pratique, cette polyvalence risque de compromettre la fiabilité et l'efficacité des moteurs. Un moteur conçu pour fonctionner avec une variété de carburants ne pourra jamais égaler les performances d’un moteur optimisé pour un seul type de carburant. C’est une logique bien connue : plus un système est polyvalent, moins il est performant dans un domaine spécifique. Les rendements de ces moteurs seront inévitablement inférieurs, et ce seront encore une fois les moteurs électriques qui viendront compenser cette faiblesse, un comble pour une initiative visant à prolonger la vie du thermique.

Une dépendance à des carburants HYPOTHETIQUES ?

L'argument de la neutralité carbone est souvent mis en avant pour justifier cette initiative, mais il repose sur des hypothèses encore très incertaines. Les carburants alternatifs, tels que les e-fuels ou l’hydrogène, sont encore loin d’être disponibles à grande échelle ou à un coût accessible pour le grand public. Rien ne garantit que ces carburants pourront un jour répondre aux besoins de millions de véhicules, tant d’un point de vue économique qu’écologique. En attendant, les moteurs thermiques continuent d’émettre du CO2 (et pas seulement hélas), et rien ne permet encore de savoir si ces marques pourront faire ce qu'elles prétendent, à savoir utiliser des carburants neutres en CO2.

Une stratégie d'attente plus que d'innovation

Finalement, cette initiative des trois constructeurs japonais semble davantage s'inscrire dans une logique d'attente que dans une véritable volonté d'innovation. Ces marques reconnaissent qu’une partie du marché mondial n’est pas encore prête pour la transition électrique, et elles cherchent à tirer parti de cette situation pour prolonger l’exploitation des moteurs thermiques le plus longtemps possible. Cependant, cette stratégie risque de les laisser en retard face à la concurrence, notamment européenne et chinoise, qui a fait le pari de l'électrique et investit massivement dans cette technologie. Un peu comme sur l'ïle de Pacques, ils abattent les derniers arbres tant qu'il en reste au lieu d'essayer de voir plus loin en cherchant à trouver de nouvelles terres ou à laisser repousser de nouveaux arbres. C'est une manière désespérée d'envisager l'avenir et c'est un raisonnement à court terme qui rappelle un peu les investisseurs (et politiciens) modernes.

En conclusion, l’alliance entre Mazda, Subaru et Toyota, si elle flatte les sceptiques de la voiture électrique, s’apparente davantage à une manœuvre protectionniste qu’à une véritable innovation technologique durable et vertueuse. En refusant de s'engager pleinement dans la voie de l'électrification, ces marques risquent de perdre du terrain dans une industrie en pleine transformation, tout en contribuant à retarder une transition énergétique souhaitable pour tout le monde : conducteurs et environnement (bien que ce deuxième point soit relatif, car fabriquer des voitures électriques de 3 tonnes pour un seul conducteur n'est forcément pas viable).

J'attends donc vos commentaires très critiques en bas de page, car plébisciter l'électrique consiste à faire comme le saumon : nager à contre-courant en risquant de finir dans la gueule de l'ours ...


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