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Dernière modification 10/03/2021

Ferrari aurait-elle perdu son âme ?


Si la marque au cheval cabré est considérée comme la marque la plus influente au monde (selon Brand Finance), on peut dire que la dernière décennie n'a pas été des plus favorable pour elle ...
Et j'irais donc même plus loin en me posant cette question : Ferrari perdrait-elle son âme ?
Tentons donc quelques réflexions sur le sujet pour voir si c'est une idée fausse ou si elle reflète la réalité.


L'âme Ferrari c'est quoi ?




Je m'attaque ici à définir quelque chose qui me dépasse probablement, ou plutôt nous avons certainement chacun notre propre idée de la chose ...
Pour ma part, Ferrari c'est un petit bout de rêve inaccessible, jusque là rien n'a changé. C'est aussi une marque qui associe à la fois sportivité et luxe, car il faut avouer que les autos du cheval cabré ont toujours fait en sorte d'être élégantes, on est loin de certaines supercars un peu brutes de décoffrage avec des appendices peu esthétiques à la limite du puéril. Une Féfé ça permet de se faire plaisir sur circuit tout en restant suffisamment présentable pour aller se garer devant le palace du coin (ils évitent d'ailleurs les ailerons disgracieux pour ça, et on peut remercier le fond plat au passage !). C'est donc l'association et la synergie de ces deux mondes qui rendent les Ferrari aussi émouvantes et attirantes, en tout cas c'est mon idée toute personnelle de la chose.




Mais n'oublions pas quelques détails, à savoir la rareté et la forte présence qu'a la marque en compétition automobile.
Ferrari a donc aussi une grande renommé en trustant les premières places de la compétition automobile la plus élevée qui soit, la Formule 1.
Et enfin, la rareté finit d'enfoncer le clou, car croiser une Ferrari est très très rare sur 99% du territoire. Et cette rareté a tendance à encore plus exacerber l'image exclusive de la marque.


Ferrari en sur la pente descendante ?


A ce stade, vous vous doutez bien que cet article va finir par dézinguer la marque du cheval fatigué .. Et ne vous inquiétez pas on y arrive ! Je sors le fusil de suite, juste le temps de mettre les cartouche dedans.

Un style qui perd en élégance ?



Avouons que depuis 2015 on a parfois du mal à suivre l'avancée stylistique des modèles, l'identité visuelle a tendance à s'égarer et le style à proprement parler n'induit plus forcément le coup de foudre qu'on pouvait avoir dans le passé. Bien entendu, cet aspect est totalement subjectif mais c'est comme cela que je vois les choses. Il me semble que les Ferrai perdent un peu de leur élégance pour aller vers quelque chose d'un peu plus vulgaire et de sur-dessiné.


En effet, depuis la rupture entre Ferrari et Pininfarina vers le milieu des années 2010, le style est donc pris en charge par la maison mère, ce n'est donc plus sous-traité. Le souci est que le centre de style Pininfarina me semblait bien plus compétent en la matière. Notez pour l'anecdote que c'est Sergio Pininfarina qui a convaincu Enzo Ferrari d'adopter l'architecture à moteur central arrière, car Enzo préférait de loin le moteur central avant (Aujourd'hui il aurait plus roulé en 812 qu'en F8 Tributo en gros). Et avec un coeur de gamme qui s'articule autour du moteur central arrière, on peut dire que l'influence de Pininfarina ne s'est pas limité au style des autos (la Ferrari la plus importante de la marque est la berlinette à moteur central arrière de type :  [...] F355 / Modena / F430 / 458 / 488 / F8, surtout  avant l'apparition des California et Portofino qui ont un peu abaissé le prix d'acquisition et multiplié les ventes).


Si Pininfarina avait continué de dessiner les Ferrari, a priori on aurait affaire à ça pour les berlinettes à moteur central arrière. Le modèle ici présenté est une auto du designer exposée sur son stand à Genève (j'ai changé la couleur bleue en rouge pour faire un peu plus Ferrari)

Et tant que je suis sur la Portofino, vous allez me prendre pour un cinglé mais il semble que le modèle soit en partie inspirée de sa version dans GTA 5 (2013) qui a dans son jeu une Grotti Carbonizzare dont beaucoup d'éléments de stye rappellent la Portofino sortie pourtant bien plus tard. L'intégration des optiques arrière dans la philosophie est étrangement similaire.


Voici les fameuses Carbonizzare et Portofino

Bref, et même si la Roma semble avoir son petit succès (pas chez moi en tout cas), les générations sorties après 2015 et sans l'aide de Pininfarina peuvent faire douter de leur esthétique et du respect de la génétique des modèles plus anciens : 812 Superfast et ses optiques avant moyens, 488 GTB qui ne fait que reprendre la 458 en l'affadissant (pire qu'entre les Modena et F430 qui elles aussi étaient des autos similaires, ce n'est qu'un gros restylage), F8 Tributo qui semble avoir un bavoir à l'arrière et enfin SF90 qui a trop regardé Goldorak il me semble.
Aujourd'hui on nous pond donc des F8 Tributo et SF90 qui semblent un peu perdre l'air de famille qui perdure depuis des générations. Il n'y a plus de regard charmeur ni d'arrière aussi imposant et élégant que par le passé. Le logo du cheval cabré a d'ailleurs bien rétréci depuis la F430, dommage car il est très valorisant grâce à son allure chromée et l'élégance qu'a le cheval à se tenir sur son arrière train (et d'ailleurs, le cheval n'aurai-il finalement pas plus de prestance qu'une voiture ?... C'est la question hors sujet de l'article).


Une mécanique peu émotionnelle ?

Ici on ne peut pas dire que ce soit totalement la faute de la marque, bien qu'en voyant perdurer l'Huracan à moteur atmosphérique on peut se dire que Ferrari aurait pu attendre encore un peu avant de nous mettre un turbo sur ses V8.
Bref, une Ferrari moderne est presque aussi lisse qu'une Polo à boîte DSG ... Car si ça tire quand même extrêmement fort, au niveau des sensations mécaniques on a un moteur qui a du mal à brailler et vibrer (les vocalises sont désormais à des années lumière d'un Pavarotti !) et des boîte de vitesses allemandes qui lissent bien trop les passages de rapports. Ici, le mot dépaysement a tendance à fondre comme neige au soleil, car sur ce segment mieux vaut une voiture plus expressive qui va moins vite qu'une auto rapide comme l'éclair qui laisse presque indifférent. Ferrari aurait-il le syndrome Tesla ? A savoir des performances dans le silence ?


Ce moteur a beau avoir été moteur de l'année, il n'en reste pas moins très peu émotionnel ...

Pour aller plus loin, avec le durcissement des normes et le basculement technologique de l'auto vers l'électrique, on peut se poser la question de savoir si le business model des supercars n'est pas arrivé en bout de course ? Il faut en effet reconnaître que les mécaniques modernes (turbo, double embrayage, suspensions [trop] pilotées etc.) sont complètement antagonistes avec ce qui caractérise une supercar (si on considère que le but est de vous procurer des sensations en premier lieu).
Car si on veut être honnête et objectif, les performances ne sont qu'une des nombreuses facettes qui caractérisent une bonne supercar. Les sensations sont vitales pour ça, et c'est d'ailleurs pourquoi la Formule 1 a perdu autant de public ces dernières années, quelle tristesse de voir ces V6 insipides ! Au moins ça aide à faire la petite sieste du dimanche ... Il était bien plus pertinent de rester sur des mécaniques qui sortent du lot, et de ce qu'utilise monsieur et madame tout le monde (cela n'aurait pas fait exploser les rejets de CO2 sur terre, 20 courses par an avec 20 voitures reste modéré), et je doute que la F1 soit vitale pour qu'on fasse des progrès technique (c'est la bonne excuse pour faire passer la pilule : la F1 serait un laboratoire pour les voitures de monsieur tout le monde, quelle ineptie, quelle hypocrisie ! Et même si il y bien 5% de vérité là dedans, ça reste dans son ensemble un beau baratin marketing).


Avec l'électrique on peut dire qu'une grande partie du business (et surtout de son attractivité) de la marque va tomber à l'eau ...

Une passion qui s'oriente un peu plus vers la cupidité ?


Si la marque a toujours tenu à limiter sa production pour rester exclusive, cette philosophie a tendance à disparaître ... Avec il y a encore peu une production limitée à 7000 exemplaires par an, elle fait désormais sauter la bride en se laissant aller à dépasser les 10 000 exemplaires, le but n'est désormais plus de soigner son image mais son portefeuille.
Et que penser de l'arrivée prochaine d'un SUV qui devrait cette fois ci faire exploser la limite à des dizaines de milliers de ventes par an ?
Ferrari perd un peu ici sa philosophie et sa sagesse, et ça ne pourra que nuire à l'image exclusive de la marque. Mais comme les clients semblent de moins en moins éduqués, on peut aussi tabler sur le fait que ça ne changera pas grand chose finalement ...

Des résultats qui décrédibilisent les compétences de la marque ?


Ceux qui ne sont pas fans de Lewis doivent avoir la dent dures envers Ferrari ! Mais là n'est pas la question.
Etant dans l'imaginaire collectif une marque haute performance, il est d'autant plus difficile d'admettre que le cheval cabré n'arrive plus à rien faire face à une marque plus généraliste comme Mercedes. En réalité Mercedes a bien plus de compétences que Ferrari pour développer des produits d'exception (avec une armée d'ingénieurs et de centres de recherche), quelque soit le segment dont on parle, mais dans l'imaginaire on se dit forcément qu'une marque exclusivement dédiée à la voiture de course domine toutes les autres en compétition. Avec tous les fiascos qu'on a pu voir du côté de Ferrari, on peut dire qu'on a bien plus de mal à les admirer ces dernières années. Par dessus cela il n'y a plus de personnage charismatique comme on pouvait le voir à l'époque de Todt, avec un Vettel qui perd en confiance et des responsables qui tournent presque chaque année, il n'y a plus de visage familier à l'aura puissante pour nous passionner et nous faire rêver. Mais d'un autre côté c'est une bonne chose, ça remet un peu les pieds sur Terre car beaucoup de gens ont tendance à se laisser aller à trop de fantasme quand il s'agit de grand pilote ou même vedette en tout genre (l'idolâtrie est extrêmement néfaste même si les moeurs actuels vous encourage penser l'inverse).


Bref, quand on regarde un grand prix on a plus l'impression de voir une bande d'amateurs qui cherche à sauver la face (donnant une image un peu carton-pâte de la Scuderia Ferrari)  plutôt que des pros au talent unique qui écrasent naturellement la concurrence (justement par le seul fait de leur talent), ce qui serait vecteur d'image positive pour la marque et donc les véhicules vendus.

Conclusion


Le changement d'époque semble mettre à mal la marque au cheval cabré qui ne réagit pas forcément de la meilleure des manières. En voulant se séparer de leur designer historique et en s'orientant vers des stratégie commerciales plus agressives, sans oublier la bérézina côté compétition mécanique, on peut dire que Ferrari a perdu pas mal de plumes ces derniers temps.
Et avec le changement technologique qui s'opère sur les voitures, avec la perte du moteur thermique qui constitue 70% de l'émotion mécanique, on peut même se demander si la marque passera le cap de 2035. Car si le cheval cabré se trouve dépassé par des constructeurs comme Tesla sur les nouveaux groupes motopropulseurs (électriques), la crédibilité pourra alors s'éteindre, ce qui s'accompagnera d'une baisse des ventes catastrophiques (car les Ferrari resteront en plus toujours très chères avec cette méthode d'assemblage à moitié à la main).


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