Il aura fallu une tragédie de plus pour que les choses bougent enfin. Le 11 juin dernier, une femme de 36 ans meurt au volant de sa Citroën C3, tuée non pas par un choc, mais par l’explosion de son airbag. Un airbag censé sauver des vies, mais qui s’est transformé en éclat d’obus. Le drame n’est pourtant pas isolé. Depuis plus de dix ans, le scandale Takata empoisonne l’industrie automobile mondiale. Et en France, on semble enfin se réveiller, après avoir bien dormi sur le volant.
Ce 24 juin, le gouvernement a ordonné l’immobilisation immédiate de 800 000 véhicules supplémentaires. Cumulé avec les précédentes mesures, cela porte à 1,7 million le nombre de voitures interdites de circuler sur le territoire. Et ce n’est pas une simple invitation à faire réviser son airbag : on parle bien d’un “stop drive”, une interdiction de rouler, rien que ça. Ajoutez à cela un rappel généralisé portant le total à 2,5 millions de véhicules, et vous obtenez un été qui s’annonce épique pour les concessions.
Les modèles concernés?? Pratiquement toute l’industrie automobile y passe : Citroën, DS, mais aussi Toyota, BMW, Nissan, Ford, Audi, Peugeot, Honda, Mercedes… Bref, si vous avez acheté une voiture produite avant 2011, il est peut-être temps de vérifier si elle ne cache pas un engin pyrotechnique en guise de coussin gonflable.
Face à cette avalanche de mesures soudaines, l’UFC Que Choisir n’a pas mâché ses mots. L’association parle d’« improvisation totale » de la part du gouvernement, et pointe du doigt l’absence de pilotage cohérent depuis le début de l’affaire. Cela fait plus d’un an que l’UFC alerte, demande des réparations urgentes, se heurte à des ateliers saturés et à une chaîne de réparation incapable d’absorber la masse de véhicules en attente. Pendant ce temps, les conducteurs roulent sans le savoir avec une bombe à fragments intégrée dans le volant.
Pire encore, certaines zones initialement jugées “non à risque” se retrouvent aujourd’hui au cœur du problème, avec des décès à la clé. De quoi sérieusement douter de la qualité de l’analyse de risque menée jusque-là. L’association a donc logiquement déposé plainte, visant directement Stellantis, puis les autres constructeurs.
Le moment choisi pour cette salve de mesures n’a rien d’anodin. On est fin juin, les Français préparent leurs départs en vacances, et voilà qu’ils apprennent qu’ils ne peuvent plus prendre la route avec leur voiture. Panique à bord. Pour faire bonne figure, le ministère promet un véhicule de courtoisie pour les concernés. Louable sur le papier, mais en pratique, difficile d’imaginer les loueurs absorber des centaines de milliers de demandes d’un coup. Surtout sans anticipation.
Ce qui frappe dans ce scandale, c’est sa longévité. Cela fait plus de dix ans que l’affaire Takata est connue, que les rappels s’enchaînent un peu partout dans le monde. Mais en France, l’État a préféré attendre que les victimes se multiplient avant de s’emparer réellement du sujet. Résultat?: on gère désormais l’affaire dans l’urgence, à coups de communiqués alarmants et d’arrêtés improvisés.
Et la question de fond reste posée?: comment un système de surveillance censé protéger les automobilistes a-t-il pu laisser traîner aussi longtemps un problème aussi grave?? L’UFC Que Choisir appelle à faire la lumière sur toute la chaîne de responsabilité. Pas seulement chez les constructeurs, mais aussi du côté des institutions qui ont fermé les yeux, année après année.
Le cas Takata, c’est un mélange de négligence industrielle, de gestion publique à la petite semaine, et de communication anxiogène en dernier recours. On pensait l’affaire classée, ou du moins contenue. Elle vient de nous exploser à la figure une deuxième fois.
Et pendant ce temps-là, certains automobilistes se demandent si leur airbag est vraiment un dispositif de sécurité… ou juste un jeu de roulette russe intégré d’office.
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