Plan de l'article :
Ce n'est pas la première fois que nous abordons le sujet, mais force est de constater que l'automobile est un objet très particulier qui met en exergue l'irrationalité de l'Homme. En effet, sous bien des aspects, la voiture fait perdre tout sens objectif à leur propriétaire, c'est ce que nous allons voir ici ...
Quand j'achète une tondeuse à gazon, je suis généralement bien plus objectif et rationnel que quand il s'agit d'une voiture. Car même si certaines personnes ont réussi à garder la tête sur les épaules (généralement des acheteurs de Dacia, et plus généralement de voitures sans "esbroufe sociale"), la voiture arrive quand même à embarquer pas mal de monde dans ses mauvais travers, mêmes les esprits à la base raisonnables. En effet, l'automobile arrive à hypnotiser les âmes les plus cartésiennes et les moins superficielles, ce qui mène les constructeurs à exploiter cette faiblesse en affichant des tarifs très élevés. On peut d'ailleurs dire que c'est le fond de commerce des premiums, car leurs avantages réels vis à vis des généralistes sont en grandes partie superficiels (et surtout ils ont considérablement baissé !).
On pourra alors citer Porsche qui commercialise des Audi à prix XXL (Cayenne, Macan, Taycan ...), et dont les marges sont donc parmi les plus importantes (normal puisqu'encore une fois il s'agit grosso modo d'Audi vendues à prix Porsche, et s'agissant des 911 on ne peut pas dire qu'elles aient de quoi justifier leur prix : un Flat 6 reste banal et l'auto l'est tout autant en terme technique ... Ce ne sont pas les bras de suspension et les autres éléments techniques qui pourront vraiment impressionner ... Une 911 reste une voiture très conventionnelle si on analyse la technique de près, à part dans le fait que le moteur est placé à un mauvais endroit ! Mais cela n'induit pas de surcoût mis à part dans le fait qu'il y ait moins d'unités produites et donc moins d'économies d'échelle à la clé).
L'Homme est un animal ultra social dont l'égo est bien au dessus de ce que l'on retrouve dans le monde animal. Cette recette mène donc à un parc automobile en grande partie constitué de voitures inutilement chiques et bardées d'options (ne parlons même pas pas des SUV qui ne voient jamais la moindre poussière, si ce n'est celle des freins). Et il n'est pas rare de voir des personnes s'endetter sur 5 ans pour pouvoir acquérir une voiture qui les valorisera.
Il me semble pour ma part qu'une auto qui a une fonction 100% utile ne devrait pas dépasser les 15 à 20 000 euros. Car ce qui constitue une voiture n'est pas non plus extrêmement couteux et il y a surtout beaucoup de superflu dans les voitures modernes (ce qui va à l'encontre de toute conscience écologique et de toute intellect au passage).
Cette irrationalité vis à vis de l'image ne s'arrête pas au choix de l'auto et aux années de salaire que vous serez prêts à mettre dedans. Il y a aussi l'esthétique.
Quel autre objet, en toute franchise, allez-vous faire réparer quand vous faites une égratignure ?
Quand on raye sa voiture adorée on a généralement une gène qui va nous pousser à faire réparer cela (pour plusieurs centaines d'euros). Pourtant, l'intérêt est totalement superficiel car cela ne réduit pas les aptitudes de l'auto à faire le travail qu'on lui demande, sauf bien entendu l'aspect social ...
Idem pour les coverings à plus de 3000 euros, qu'est-ce qui justifie de mettre autant d'argent pour avoir une couleur différente (et accessoirement une protection pour la carrosserie ?).
Et plus généralement, le tuning va dans ce sens.
Non, il est vraiment stupéfiant de voir à quel point l'auto concentre les passions et les faiblesses des humains (je vous rassure, j'en ai aussi ! Et il m'aurait été impossible de bien cerner la chose si moi aussi je n'étais pas contaminé par cette déficience, car il faut reconnaître que c'est plus un défaut qu'un qualité).
Si les performances sont loin d'être inutiles, à partir d'un certain seuil on reconnaîtra quand même que l'utilité reste fragile ... En effet, à partir des 8 secondes le zéro à cent et 200 km/h de pointe, ce n'est que superflu. Et si je fais hélas partie de ceux dont la performance obsède, je me rends bien compte de la futilité et de la bêtise que cela constitue. Malgré tout, les gammes de voitures se basent encore beaucoup sur les performances moteur, comme si il s'agissait du critère essentiel qui permettait de valoriser (au premier sens du terme) une automobile. La vitesse et l'accélération déterminent le gagnant et le perdant d'une rencontre entre deux mâles plein de testostérone. Celui qui grillera l'autre aura le respect du vaincu, et parfois même il lui mettra le moral par terre ... Oui, c'est une phénomène qui est presque exclusivement masculin, car bien plus rares sont les femmes qui ont ce type de comportement (très orienté vers la rivalité avec la volonté de "vaincre"). Les marques exploitent largement ce sentiment irrationnel pour majorer les marges sur les modèles les plus puissants, et j'irai même jusqu'à dire que sans ce biais cognitif certaines d'entre elles n'existeraient pas et n'auraient pas de raison d'être : Porsche, Ferrari, Lambo etc.
La reprogrammation moteur exploite cette envie de "supériorité", et c'est devenu un business très lucratif ...
A en croire beaucoup le moteur est quelque chose de sacré. Dès que l'on dépasse les 5 cylindres on ne parle plus de bruit mais de sonorité noble, voire même de mélodie. A n'en pas douter, le moteur a dépassé de loin sa fonction utile de propulser la voiture, il en devient l'âme d'une auto, ce qui laisse présager par la même occasion que les voitures seraient plus qu'un simple objet. Encore une fois l'irrationalité est ici à son comble, car un moteur n'a absolument rien de bien noble en ses entrailles. Alors certes il y a un travail d'horlogerie lors de la conception (synchronisation entre différents organes), mais qu'il ait 4 ou 12 cylindres ne change pas les choses de manière extraordinaire (en tout cas pas aussi radicalement que l'impression qu'ont les gens devant un L4 face à un V12 par exemple). Il suffit en gros d'ajouter quelques gamelles (cylindres) et découper le cycle de rotation du vilebrequin en plus d'impulsions. Vilebrequin qu'on rendra plus long et qu'on fera forger de la même manière (tout aussi facilement qu'un petit à une époque où c'est piloté par ordinateur). On aura donc un coût de revient majoré, mais pas autant qu'on peut le voir sur les gammes tarifaires !
Pour résumer, il y a mystification des moteurs sans que cela ne soit réellement tangible. Nous sommes pourtant entourés de divers types d'appareils et d'engins qui développent aussi de la force mécanique, mais seules les voitures ont réussi à leur donner un caractère noble dans l'esprit des gens. Un moteur reste pourtant une chose pas très belle dont la sophistication n'atteint même pas celle d'une mouche ... Mais comme certains l'affirment, la musique est le langage de l'émotion. Et donc la musicalité moteur parle directement à vos émotions, voila probablement pourquoi les moteurs ont une place particulière dans le coeur des Hommes, et c'est aussi l'un des principaux freins pour l'adoption de l'électrique.
Un cylindre reste un banal tube métallique qu'on va remplir d'air et de carburant via des conduits, pas de quoi s'en réveiller la nuit même si il y en a douze d'empilés. Qu'il y en ait 4 ou 8 revient donc un peu au même et l'importance du surcoût lié aux moteurs de plus grosse cylindrée découle plus de l'irrationnel que du coût de revient. Encore une fois, les marques tirent sur cette ficelle pour faire exploser les marges, car sachez bien que les véhicules sportifs sont bien plus chers qu'ils ne devraient l'être en réalité. Prenez la gamme d'une BMW Série 3, entre une 318i (42 600 euros) et une M3 (105 250 euros) les tarifs sont extrêmement étirés malgré un coût de revient qui ne le sera pas autant. Car la M3 s'anime d'un banal 6 cylindres suralimenté qui n'a rien d'extraordinaire en terme technologique. Bien entendu je ne dénigre pas ce genre de machine, je dénonce juste la perception irrationnelle qu'ont les gens vis à vis de ce genre de produit. Et que cela permet de vendre une voiture près de deux fois et demi son prix rien que pour un moulin un peu plus gros et des artifices aérodynamiques pour donner encore plus l'illusion (oui je sais qu'il y a un travail sur les trains roulants et l'endurance du moteur face à l'effort, mais en rien cela ne justifie un tarif aussi éloigné des modèles de base).
Le business de l'échappement exploite cet amour inconditionnel du son moteur
L'irrationnel ne concerne pas que le statut social de l'auto, il touche aussi beaucoup l'aspect mécanique / fiabilité. Ayant validé des dizaines de milliers d'avis d'internautes, je peux vous dire que j'en ai lu des choses !
Cela me permet donc de cerner un peu mieux les choses vis à vis de la psychologie des conducteurs.
Il suffit en effet parfois d'enchainer deux pannes ou même avoir une frayeur pour que les gens cessent d'avoir confiance en leur auto. Car même si le problème est résolu et fiabilisé, l'irrationalité du cerveau a tendance à rejeter l'auto dans son ensemble comme si il s'agissait d'un être vivant qui aurait de mauvaises intentions envers vous.
C'est ce qui arrive d'ailleurs à ma conjointe en ce moment, car nous avons eu un enchainement de petites pannes sur sa voiture, le kilométrage étant du genre costaud ...
Elle veut se débarrasser de la voiture, ne croyant plus à pouvoir profiter d'une voiture pérenne (il est vrai que la peur de la panne est désagréable, se retrouver au milieu de nulle part à pieds est forcément anxiogène).
Toutefois, et je le justifie dans cet article, il coutera toujours plus cher de vouloir acheter du neuf (ou du récent) plutôt que d'assumer les pannes (enfin dans la majorité des cas évidemment ... Ce n'est pas une vérité absolue !).
Les coûts liés aux pannes restent presque tout le temps inférieurs à ce que nécessite l'achat d'une nouvelle voiture, même quand on enchaîne les pépins.
Je résumerai donc la chose en pensant que ceux qui persévèrent à garder leur auto (et donc assumer les panes) sont récompensés par la suite par une épargne plus importante sur le compte en banque. Il faut donc luter contre ses propres biais pour obtenir la récompense.
Il faut aussi savoir que ce biais est largement exploité par les marques qui arrivent alors à vendre plus facilement des voitures neuves. L'obsolescence programmée des organes mène généralement à des enchainements de petits pépins à certains kilométrages clés (mais aussi âges de l'auto, car les deux jouent dans l'obsolescence), ceux qui ont été prédéterminés dans la faiblesse des pièces.
Mais si vous passez ces caps, alors vous repartez sur des bases plus saines avec une voiture qui redevient digne de confiance.
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