Depuis l’arrivée des nouvelles normes européennes GSR2, toutes les voitures neuves sont tenues d’embarquer un système de contrôle intelligent de la vitesse (ISA). Ce dispositif, censé améliorer la sécurité routière, fait retentir un bip ou une alerte visuelle dès qu’on dépasse la limitation détectée par le GPS ou la caméra frontale. Une idée qui, sur le papier, paraît pleine de bon sens. Sauf qu’à l’usage, elle révèle surtout une vérité gênante : les limitations actuelles sont tout simplement trop basses pour être respectées naturellement.
Même les conducteurs les plus raisonnables s’en rendent compte. En ville, sur départementale ou sur voie rapide, la voiture sonne sans discontinuer. Pas parce qu’on roule comme un chauffard, mais simplement parce qu’il est devenu impossible de rester “dans la bonne case” en permanence. Une simple descente, un faux-plat ou un léger relâchement du pied sur l’accélérateur suffisent à déclencher l’alerte.
Cette contrainte permanente devient vite insupportable. Et paradoxalement, ce ne sont pas les conducteurs dangereux qui en pâtissent, mais les plus attentifs, ceux qui essaient de respecter les règles sans transformer leur conduite en exercice de précision chirurgicale.
Les limitations sont aujourd’hui fixées à des seuils qui ne correspondent plus à la réalité du trafic ni aux performances des véhicules modernes. Une voiture d’aujourd’hui roule à 50 km/h en ville dans un silence total, avec des freins puissants et des aides à la conduite omniprésentes. Pourtant, la réglementation reste calée sur les repères des années 1970, quand les routes étaient mal éclairées, les freins faibles et les pneus étroits.
Résultat : on passe son temps à “dépasser sans le vouloir”. D’autant plus que le compteur surestime toujours la vitesse réelle, parfois de 3 à 5 km/h. En gros, quand votre tableau de bord affiche 50 vous êtes souvent à 46 ou 47 réels. Et quand vous roulez à 53 compteur — donc en réalité dans la marge — la voiture GSR2 vous fait déjà la morale.
Les partisans de ces systèmes diront qu’ils n’empêchent pas de rouler, qu’ils n’infligent pas d’amende et qu’ils peuvent être désactivés. C’est vrai. Mais sur le fond, leur simple existence démontre une contradiction : si la vitesse maximale autorisée est si difficile à maintenir que même une assistance électronique doit nous le rappeler en permanence, c’est qu’elle n’est plus adaptée.
On demande à des conducteurs humains de maintenir un chiffre fixe au kilomètre près, alors même que les conditions de circulation, le relief et la précision du GPS rendent cela impossible. La conduite devient alors une activité où l’on passe plus de temps à surveiller son compteur qu’à observer la route. Un comble pour une mesure censée améliorer la sécurité.
À force d’entendre biper sa voiture, le conducteur finit par se désensibiliser à l’alerte. Le signal perd sa valeur d’avertissement et devient un bruit de fond agaçant, comme un réveil qu’on finit par ignorer. Certains en viennent même à désactiver le système dès qu’ils montent à bord, preuve que l’outil censé responsabiliser les automobilistes finit par produire l’effet inverse.
Ce n’est pas un problème de discipline, mais de logique. Une limitation de vitesse doit être cohérente avec la fluidité naturelle du trafic, sinon elle devient artificielle. Et quand la norme devient artificielle, elle cesse d’être respectée, non par provocation, mais par instinct.
En voulant rendre la route plus sûre, les normes GSR2 ont sans le vouloir offert un test grandeur nature des vitesses autorisées. Et le résultat est sans appel : si même les conducteurs prudents déclenchent l’alerte à longueur de trajet, c’est que la loi et la réalité ne coïncident plus.
Plutôt que de continuer à abaisser les seuils ou à ajouter des gadgets punitifs, il serait peut-être temps d’admettre que la sécurité ne passe pas toujours par la contrainte. Car une voiture qui bippe sans arrêt, ce n’est pas une voiture plus sûre, c’est une voiture qui rend son conducteur fou.
Pensez-vous que les limitations de vitesses instaurées il y a des dizaines d'années sont encore adaptées aux voitures modernes ?
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