Les voitures hybrides sont devenues la nouvelle cible des voleurs. Après les catalyseurs, les phares et les caméras de recul, c'est désormais leur batterie de traction qui disparaît, avec une efficacité inquiétante. Le phénomène touche surtout l'Île-de-France et le nord-ouest de la France, où plusieurs cas ont déjà été recensés. Dans certaines résidences, on compte même plusieurs vols sur une seule nuit.
Comme l'indiquait L'Argus dans son enquête du 6 juin 2025, le phénomène s'intensifie et touche de plus en plus de marques. Les assureurs commencent à tirer la sonnette d'alarme, mais pour l'instant, aucune réponse structurelle n'a été apportée.
Les hybrides simples, aussi appelées hybrides légères ou non rechargeables, présentent deux avantages majeurs pour les voleurs : un accès facile et un poids contenu. Contrairement aux batteries des voitures électriques, qui dépassent parfois les 500 kg et sont généralement intégrées dans le plancher du châssis, celles des hybrides pèsent souvent autour de 50 kg. Elles peuvent donc être extraites à la main, sans outils lourds ni équipements de levage.
Les constructeurs placent ces batteries à différents endroits selon les modèles, mais rarement dans des zones difficiles d'accès. Sur une Toyota Prius, par exemple, la batterie se trouve sous la banquette arrière. D'autres modèles la logent sous le coffre ou encore sous un siège avant. Cette disposition rend l'intervention rapide. Il suffit en général de casser la vitre de custode, de déverrouiller la porte, de retirer la banquette ou le plancher du coffre, et de débrancher le faisceau. Le tout prend quelques minutes seulement.
Les Toyota sont clairement les plus concernées. Prius, Yaris, Corolla ou C-HR sont autant de modèles hybrides très répandus, avec une architecture favorable au vol. Mais le phénomène commence aussi à s'étendre à d'autres marques. Le groupe Stellantis est touché, notamment avec ses modèles mild hybrid comme les Peugeot 208, 3008 ou 5008. Chez ces derniers, la batterie est souvent logée sous le siège conducteur. Cela demande un peu plus de manipulations, mais reste accessible pour des équipes entraînées. Même constat chez Volvo, dont certains modèles hybrides ont également été visés.
Les voleurs ne cherchent pas à extraire les métaux (lithium, nickel, cobalt). Le but est de revendre la batterie complète, en bon état de fonctionnement. Les modules volés se retrouvent sur les sites de petites annonces entre 600 et 900 euros, prêts à être remontés. Pour certains acheteurs, cela représente une solution « rapide » face au tarif officiel des constructeurs.
Une batterie d'hybride classique ne dépasse généralement pas 2 kWh de capacité. Pourtant, chez Toyota, elle est facturée entre 3 000 et 4 000 euros en cas de remplacement. C'est un tarif particulièrement élevé quand on sait que le coût moyen du kWh de batterie lithium pour un constructeur tourne souvent autour de 80 à 100 euros. Même en ajoutant les frais de main-d'œuvre, du boîtier, du stockage et la distribution, l'écart reste disproportionné.
Ce décalage tarifaire alimente mécaniquement le marché parallèle, qui lui-même s'alimente des vols !!! En gros, vous allez racheter votre batterie volée et faire profiter les voleurs ... Un client confronté à une facture de 3 500 euros pour une batterie aussi compacte peut être tenté de se tourner vers une pièce d'occasion, même si elle provient d'une source douteuse. Cette mécanique, bien connue sur les catalyseurs, se répète aujourd'hui avec les batteries hybrides.
Selon les données officielles communiquées par le SRA (Sécurité et Réparation Automobiles), on comptait en 2024 en France :
Le vol de batterie s'inscrit donc dans une dynamique générale en hausse, notamment pour les composants revendables en l'état. Les réseaux organisés s'adaptent aux nouvelles technologies et suivent de près les évolutions du marché automobile.
Face à ces vols, les solutions restent peu nombreuses. Certains garagistes proposent d'ajouter des vis ou des platines de fixation antivol. D'autres misent sur la surveillance à distance du véhicule, via des applications permettant de vérifier si la voiture est bien verrouillée. Mais ces méthodes ne font que ralentir ou détecter le vol, sans empêcher le passage à l'acte.
Et comme la plupart de ces vols se produisent la nuit, sur des véhicules stationnés en extérieur, les marges de manœuvre sont faibles. Une voiture hybride reste globalement plus vulnérable qu'une électrique, en grande partie à cause de la conception même de sa batterie.
Au-delà de la réparation elle-même, le vol d'une batterie peut aussi avoir des répercussions sur les primes d'assurance. À mesure que ces sinistres se multiplient, les assureurs pourraient revoir leurs barèmes à la hausse pour certaines catégories de véhicules, en particulier les hybrides légers. Plus le risque est élevé, plus le coût pour le client augmente. Et comme ces batteries se retrouvent souvent sur des voitures urbaines ou compactes, ce sont parfois des profils d'usagers modestes qui en pâtissent. Il n'est pas exclu que certains assureurs imposent à terme des franchises plus élevées, ou refusent purement et simplement d'assurer certains modèles réputés trop exposés.
Le phénomène n'en est qu'à ses débuts, mais les bases sont déjà là : modèles identifiés, mode opératoire rapide, débouchés organisés. Comme pour les catalyseurs, la logique est simple : faible prise de risque, bonne rentabilité. Et tant que les prix pratiqués par les constructeurs resteront aussi élevés, les filières de revente auront toujours des clients prêts à acheter.
Ecrire un commentaire
(Tri par ordre de longueur de l'avis)
(Tri par ordre chronologique)
A quoi est due la réduction du nombre de morts sur les routes ?
© CopyRights Fiches-auto.fr 2025. Tous droits de reproductions réservés.
Nous contacter - Mentions légales
Fiches-auto.fr participe et est conforme à l'ensemble des Spécifications et Politiques du Transparency & Consent Framework de l'IAB Europe. Il utilise la Consent Management Platform n°92.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant ici.