
Il y a encore quelques années, personne n’aurait imaginé Ford s’appuyer sur Renault pour développer ses petites voitures électriques. Et pourtant, c’est exactement ce qui va se passer. Ford prépare deux modèles basés sur la plateforme Ampère, dont une remplaçante de la Fiesta prévue pour 2028. Et une question arrive tout de suite : pourquoi Ford va chercher une base Renault alors qu’il aurait été plus logique de continuer avec la Plateforme MEB de Volkswagen, leur partenaire actuel, qui a déjà permis de sortir les Explorer et Capri électriques ?
Pour comprendre ce rapprochement que personne n’aurait anticipé, il faut regarder la situation de Ford en Europe. Les ventes sont en chute libre. La marque qui tournait encore autour de 10 ou 12 % de parts de marché se retrouve aujourd’hui sous les 4 %. La Fiesta a disparu en 2023 après huit générations, la Focus vient de s’arrêter, et les Explorer et Capri électriques censés relancer la dynamique commerciale ont fait un flop monumental.
Conséquence directe : jusqu’à 1000 postes supprimés à Cologne, l’usine réduite à un seul shift, et une gamme électrique trop lourde, trop chère et pas assez accessible pour un marché européen devenu hypersensible aux prix. Ford s’est retrouvé sans vraie offre dans le segment des petites électriques, celui qui devrait pourtant redevenir central. La marque n’avait plus le luxe d’attendre un hypothétique redressement interne.
À première vue, continuer avec la MEB aurait été logique. Le partenariat existait déjà et cette base technique a servi à développer les Explorer et Capri électriques. Mais la MEB n’est pas conçue pour fabriquer des petites voitures économiques. Elle a été pensée pour des SUV et des compactes imposantes, avec des batteries importantes et une architecture qui impose des coûts élevés. Résultat : impossible d’en sortir une citadine ou une compacte électrique à un prix vraiment accessible.
Et ce n’est pas tout. Volkswagen prépare bien une plateforme plus compacte pour son futur modèle ID.2all. Mais cette base n’est pas encore prête, pas industrialisée, et son calendrier a déjà glissé plusieurs fois. Ford, lui, ne pouvait pas attendre. Il fallait une solution maintenant, pas dans trois ou quatre ans. La MEB actuelle était trop lourde et trop chère. La future plateforme compacte de VW n’était pas disponible. Et les performances commerciales décevantes des Explorer et Capri ont fini de convaincre tout le monde que continuer sur MEB pour des petites voitures serait une erreur.
En clair, Volkswagen a une plateforme théorique pour petites voitures, mais pas une solution concrète. Ford avait besoin d’un châssis prêt à produire et adapté au low cost, pas d’une promesse future. C’est là que Renault entre en scène.
La plateforme Ampère arrive au bon moment. Elle est conçue pour fabriquer des électriques compactes à coût contenu. La Renault 5 et la future Renault 4 reposent dessus. Tout a été optimisé pour réduire les coûts de production : architecture simple, moteurs compacts, batteries LFP prévues dès 2028 et process d’industrialisation calibré au centime dans l’usine ElectriCity de Douai.
C’est exactement ce que recherchait Ford. Une base éprouvée, économique, déjà industrialisée, et capable de produire une Fiesta électrique rentable. Développer une plateforme dédiée coûterait une fortune. Ford n’a plus les moyens ni le temps de se lancer dans ce type d’aventure après les échecs récents et une perte de vitesse continue sur le marché européen.
La première Ford conçue sur base Renault sera une remplaçante de la Fiesta. Une compacte électrique prévue pour 2028, produite dans la même usine que la Renault 5. Elle utilisera les mêmes moteurs (120 à 215 ch), les mêmes batteries (40 ou 52 kWh au départ, puis du full LFP), et globalement 80 % de la voiture sera un clone technique des Renault 5 et 4.

Ford promet un design distinct, un intérieur maison et une tenue de route fidèle au Ford DNA. Très bien pour la com. Dans les faits, ce sera une Renault 5 revisitée avec un style Ford et une direction un peu plus ferme. Et c’est précisément ce qu’il fallait : une voiture abordable, produite localement, et enfin rentable. Une stratégie qui parait évidente maintenant, même si elle aurait semblé délirante il y a dix ans.
Ce partenariat n’a rien d’un choix philosophique. C’est un réflexe de survie. Les voitures électriques abordables manquent en Europe. Les marques chinoises arrivent avec des prix impossibles à suivre. L’Europe ralentit dans sa transition électrique. Et Ford se retrouve avec une gamme trop chère pour un marché qui se contracte. Le constructeur devait trouver une solution simple, rapide et parfaitement maîtrisable.
Jim Farley, le patron de Ford, l’a déjà dit : si les coûts de production ne baissent pas, si la structure réglementaire européenne ne change pas, l’industrie du continent va droit au mur. Ford, déjà en difficulté, ne pouvait plus se permettre d’attendre une plateforme VW future ni de lancer la sienne.
L’ironie est totale. Renault, qui a longtemps été moqué pour avoir misé trop tôt sur l’électrique, devient maintenant le fournisseur technique de Ford. Après Nissan et Mitsubishi dans son orbite, voilà Ford qui vient s’ajouter à la liste. Renault s’impose presque comme le Intel Inside des petites électriques européennes.
La plateforme Ampère est suffisamment moderne, flexible et surtout beaucoup moins chère que celle de Volkswagen. Ford n’avait pas vraiment le choix. Renault offrait la meilleure solution technique au meilleur prix.
On va revoir un retour massif des petites voitures électriques. Un segment abandonné à tort. Les modèles compacts et citadins vont redevenir centraux dans l’offre européenne. Et Ford est probablement le premier domino à tomber. D’autres constructeurs suivront, en allant chercher des plateformes chez ceux qui savent encore fabriquer du compact économique.
C’est aussi un message clair pour l’industrie : développer sa propre plateforme EV n’est plus un passage obligé. Les partenariats reviennent en force, les mutualisations aussi. Le chacun pour soi des années 2010 appartient désormais au passé.
Enfin, cela confirme que Renault a réussi là où beaucoup ont échoué : concevoir une architecture électrique rentable. Rien que ça, en 2025, c’est presque un exploit. Ca me surprend tjr.
Voir Ford utiliser une base Renault, c’est un peu comme imaginer une marque premium aller chercher des jantes chez une marque généraliste. Impensable il y a dix ans, logique aujourd’hui. Le marché bouge vite, les certitudes tombent, et l’industrie comprend qu’elle ne gagnera pas la bataille électrique en développant des plateformes hors de prix.
Ford a choisi Renault parce qu’il lui fallait une solution simple, rapide et abordable. Renault a accepté parce que cela valide toute sa stratégie électrique. En 2028, on verra donc une Ford électrique qui roule sur du Renault. Et franchement, ça n’a plus rien de surprenant.
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