Quand Audi tente de ressusciter le diesel
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L’actualité auto s’est retrouvée subitement envahie par un nom qu’on n’attendait plus : le V6 TDI. Audi ressort son six cylindres diesel, et l’information circule partout comme si le diesel premium venait d’être réhabilité. Le timing intrigue, parce que tout le marché premium est déjà passé à autre chose. Les grandes berlines électriques dominent désormais le terrain du silence, de la douceur et de l’efficience globale. Dans ce contexte, voir un V6 diesel revenir sur le devant de la scène a quelque chose de décalé.
Une médiatisation qui ressemble à une opération organisée
Toute la presse s’enflamme comme si on assistait à un tournant historique (faut dire que les lecteurs anti-électriques sont nombreux et ile adorent ce genre de papiers, la presse est donc toute excitée de les rassasier). Les articles se copient les uns les autres, les superlatifs pleuvent, et on a presque l’impression que le groupe Volkswagen a déroulé le tapis rouge aux médias, fidèles relais depuis des années. Le tableau est clair : Audi réactive la fibre diesel et la presse amplifie le message en collaborant très largement.
Un V6 TDI révolutionnaire ? ...
Dans les faits, Audi ne fait que dépoussiérer son 3.0 TDI. Le moteur reçoit une hybridation légère en 48V avec alterno-démarreur renforcé et un compresseur électrique destiné à gommer le temps de réponse du turbo (histoire de ne pas paraître trop minable face aux mécaniques électrifiées). C’est la recette classique du diesel 2025 : un peu d’électrification pour arrondir les chiffres d’homologation et un artifice technique pour améliorer la réactivité.
Le moteur EA897 evo4 sort 299 ch et 580 Nm. Des valeurs solides mais assez classiques pour un V6 mazout de cette cylindrée. Le bloc est compatible HVO 100, ce qui permet à Audi de cocher la case du carburant “durable”, même si l’usage réel reste limité. L'objectif est de jouer sur les valeurs liées aux émissions de CO2 ... On grappille tout ce qu'on peut pour faire passer ce moteur sous le radar des malus (il reste pénalisé malgré tout).
Les qualités d’un V6 diesel... et mon propre aveu
Il faut reconnaitre que les cylindres diesels (en L ou V) ont toujours eu un charme particulier. Un couple généreux qui arrive tout en bas, une souplesse que les 4 cylindres ne peuvent pas approcher, une sonorité feutrée (et même élégante, même si diesel) et une capacité à avaler 1 000 km dans un confort total. Je le dis et je l'avoue: je préfère encore un 6 cylindres diesel à un 6 cylindres essence (à part versions ultra dopées façon M4 évidemment). En agrément pur, ces mécaniques restent parmi les meilleures du côté des thermiques.
Mais cela ne change rien au problème : aussi plaisant soit-il, le V6 diesel fait figure de mécanique du passé. L’électrique a pris l’avantage sur tous les terrains pertinents dans le premium, et il suffit de conduire une grande berline électrique pour comprendre à quel point un moteur thermique, même très bien fait, semble vieillot et obsolète.
Le prix : un détail à ne pas oublier
Là où Audi franchit un cap dans l’absurde, c’est au niveau des tarifs. L’A6 équipée de ce nouveau V6 TDI commence à 68 550 euros, avec un malus de 1 600 euros. À ce niveau de prix, proposer un diesel, même agréable, devient difficile à défendre. Et cela même si il s'agit d'une A6 positionnée assez haut dans la gamme (mais les Audi du présent ont une finition qui n'a plus rien à avoir avec ce fameux positionnement, à prendre ne compte puisqu'on est à peu près sur une fabrication de généraliste, ni plus ni moins).
Pour 68 000 euros en 2025, un client du segment premium attend autre chose qu’un retour à la mécanique traditionnelle. Un moteur électrique offre plus de calme, plus de douceur, bien plus de poussée, plus de réactivité, moins de vibrations, et un coût d’usage largement inférieur. On peut aimer le thermique, mais le marché a évolué et choisir un diesel pour 68 000 euros consiste à être un "acharné". Le rapport prestations/prix de cette A6 diesel semble en décalage complet avec les attentes modernes. C’est d’ailleurs presque surprenant qu’Audi mise encore là-dessus même si encore une fois j'estime que ce V6 TDI sera de loin la meilleure motorisation pour l'A6 (thermique, car oui elle existe en électrique et devait justement se cantonner à n'être qu'électrique ... Mais Audi semble perdu ces derniers temps)..
Un moteur réservé à quelques modèles, et qui restera marginal
Ce V6 TDI est destiné à des modèles comme l’A6, l’A7 et potentiellement certains SUV du segment supérieur. Le positionnement est celui-ci : une offre pour les gros rouleurs premium allergiques à l'électrique, une population qui reste encore fournie. En réalité, on parle d’une niche, et Audi le sait très bien. Surtout que les berlines ne plaisent plus trop depuis la fin des années 2000.
Entre les réglementations, les malus, les ZFE, les stations qui suppriment le diesel, et l’image globale du thermique lourd, ce V6 TDI ressemble plus à un baroud d’honneur qu’à un vrai plan produit. L’offre existe, mais elle ne fera pas revenir l’epoque bénite du diesel premium.
Un bon moteur, mais totalement en décalage avec son époque
L’A6 V6 TDI 2025 reste un véhicule techniquement abouti, agréable, performant et parfaitement adapté aux longues distances. Il fait même plaisir de revoir des vrais moteurs avec plus de 4 cylindres. Mais face à l’offre électrique actuelle, l’intérêt s’évapore. La modernisation légère du moteur ne change pas son ADN thermique. C’est une mécanique excellente dans l’absolu, mais obsolète dans le contexte de l'électrique.
Audi tente de ressusciter le diesel, mais le marché, lui, a déjà tourné la page. La marque peut bien injecter un peu de 48 V et coller un compresseur électrique, le résultat reste le même : un moteur très plaisant, mais en décalage total avec l’évolution du haut de gamme. Une impression de déjà-vu qui fera plaisir à quelques nostalgiques, sans plus.
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