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Champs électromagnétiques des voitures électriques : néfaste pour la santé ?

Dernière modification : 13/11/2025 -  2

Les voitures électriques trimballent souvent avec elles un soupçon de méfiance invisible : celui des ondes électromagnétiques. On parle ici de champs créés par le passage du courant dans les câbles et les moteurs. Une récente étude allemande menée par le Bundesamt für Strahlenschutz (BfS) et le ministère fédéral de l’Environnement (BMUV) s’est penchée sur la question. Verdict : les niveaux d’exposition restent très faibles, bien en dessous des seuils considérés comme dangereux.
Mais pour comprendre pourquoi ces champs existent, il faut d’abord comprendre comment fonctionne un moteur électrique.

D’où viennent les champs électromagnétiques ?

Chaque fois qu’un courant électrique circule dans un fil, il crée un champ magnétique autour de lui. C’est la base de l’électromagnétisme : les électrons en mouvement produisent un champ, et un champ variable peut induire un courant ailleurs.
C’est ce principe même qui permet à un moteur électrique de tourner.

À l’intérieur, des bobinages alimentés par un fort courant génèrent des champs électromagnétiques qui font bouger un rotor aimanté.
Le champ change constamment de polarité pour maintenir la rotation, ce qui produit une onde magnétique en perpétuelle évolution.
Autrement dit, un moteur électrique est littéralement une machine à fabriquer des champs électromagnétiques.

Sur une voiture thermique, le réseau 12 volts ne fait passer que de faibles intensités.
Mais sur une voiture électrique, on parle de tensions entre 350 et 800 volts, avec des courants dépassant parfois les 400 ampères.
Chaque phase du moteur, chaque modulation de l’onduleur, chaque cycle de régénération de freinage implique des variations intenses de champ.
Le tout forme un environnement électromagnétique dynamique, concentré autour du moteur, du câblage haute tension et du convertisseur.

Ces champs restent confinés à l’intérieur du système, mais une petite partie se propage dans le plancher ou les longerons, là où passent les câbles.
C’est ce rayonnement résiduel que mesurent les études.

Des mesures rassurantes

L’étude du BfS a porté sur 14 voitures récentes, électriques, hybrides et thermiques confondues.
Les mesures ont été réalisées dans des conditions réelles : à l’arrêt, en accélération, en forte charge ou en freinage.
Résultat : les valeurs restent très largement sous les limites recommandées par la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP).

Les niveaux observés varient entre 1 et 5 microteslas (µT), parfois un peu plus dans le plancher, soit moins de 3 % de la limite de 200 µT.
La tête et le torse des occupants sont exposés à des champs bien plus faibles encore.
Le seul pic notable a été mesuré non pas dans une électrique, mais dans un hybride, au moment de l’allumage du système.

La conduite influe plus que la technologie

La conduite joue un rôle plus important qu’on ne l’imagine.
Une forte accélération ou un freinage régénératif à fond entraîne une variation rapide du courant, donc une intensification temporaire du champ.
Mais ces pics sont très brefs, souvent inférieurs à une seconde, et sans aucun effet connu sur la santé.

Pourquoi les voitures électriques ne sont pas plus dangereuses

Le fait qu’un moteur génère un champ ne veut pas dire qu’il soit nocif.
Les fréquences émises par les moteurs électriques sont très basses (quelques centaines de hertz), loin des bandes utilisées par la téléphonie, le Wi-Fi ou les fours à micro-ondes.
Elles ne provoquent ni échauffement, ni ionisation, ni effets biologiques directs.

Les constructeurs utilisent aussi des blindages autour des câbles de puissance, des gaines isolantes, et un placement optimisé des composants pour éloigner les zones sensibles de l’habitacle.
Tout le système est conçu pour contenir et canaliser le champ.

Une question de conception et d’échelle

Les différences entre modèles viennent surtout de la disposition des organes haute tension.
Un SUV avec une batterie épaisse et bien isolée aura une émission plus faible qu’une citadine compacte où la batterie se trouve sous les pieds.
L’architecture électrique joue donc un rôle clé, bien plus que la motorisation elle-même.

Les champs émis par une voiture électrique ne sont pas supérieurs à ceux que l’on trouve dans certaines installations industrielles, ou même à proximité d’un aspirateur puissant.

L’électricité : énergie propre, mais vivante

Il faut garder une idée simple en tête : l’électricité, quand elle circule, génère toujours un champ.
C’est une propriété physique indissociable du mouvement des électrons.
Une voiture électrique transporte des dizaines de kilowattheures, fait circuler d’immenses courants, et convertit cette énergie en couple mécanique.
Ce processus crée forcément un environnement magnétique, mais tout est une question de dosage et de maîtrise.

Les ingénieurs ne cherchent pas à supprimer ces champs, mais à les contenir et à les orienter, comme on canalise la chaleur d’un moteur thermique.

En résumé

Les voitures électriques émettent bel et bien des champs électromagnétiques, c’est même leur principe de fonctionnement.
Mais ces champs restent faibles, confinés et inoffensifs.
Aucune étude sérieuse n’a montré de risque sanitaire, et les mesures réalisées restent largement en dessous des seuils d’exposition.

En réalité, le monde moderne baigne déjà dans des champs bien plus forts : téléphones, lignes à haute tension, Wi-Fi, micro-ondes…
La voiture électrique, elle, n’ajoute qu’un bruit magnétique maîtrisé dans un océan déjà saturé d’ondes.

Ce n’est donc pas un danger caché, mais simplement le prix physique du mouvement électrique.

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