Stellantis : Antonio Filosa devrait supprimer des marques appartenant au groupe

Dernière modification : 16/12/2025 -  1


Depuis l’arrivée d’Antonio Filosa à la tête de Stellantis, le discours a sensiblement changé. Là où Carlos Tavares défendait une approche darwinienne laissant le marché décider du sort des marques, le nouveau patron semble désormais prêt à trancher lui-même, y compris sur des sujets jusqu’ici tabous. Selon plusieurs informations relayées par Reuters, la viabilité des quatorze marques du groupe est en cours d’évaluation, et l’hypothèse d’abandons ou de fusions n’est plus exclue.

Ce revirement arrive après que Stellantis sort affaibli de plusieurs années de stratégie orientée quasi exclusivement vers les marges, au détriment des volumes. Le résultat a été négatif, notamment en Amérique du Nord avec une chute de 15 % des ventes en 2024 alors même que le marché global progressait. Filosa a donc changé de cap : retour aux volumes, prix plus accessibles, modèles plus en phase avec la demande réelle (en gros tout l'inverse de ce que font toutes les marques, notamment Renault avec sa Renulution). Mais cette nouvelle stratégie pose une question : peut-on raisonnablement faire vivre 14 marques quand ces dernières proposent quasiment les mêmes voitures ?

Trop de marques, trop peu de différences

D’un point de vue industriel, multiplier les marques n’a de sens que si chacune apporte une vraie différenciation. Or chez Stellantis, les plateformes sont communes, les motorisations largement partagées, et les modèles se retrouvent souvent à se concurrencer directement. Cette cannibalisation interne coûte cher. Plus on diversifie artificiellement les carrosseries, les planches de bord ou les réglages, plus les coûts explosent. À l’inverse, mutualiser et simplifier permet de véritables économies d’échelle.

C’est précisément cette logique que Filosa semble vouloir remettre au centre du jeu.

Analyse marque par marque

Voici une petite analyse rapide et succincte de chaque marque, et vous êtes invités à mettre votre grain de sel dans les commentaires ... Je laisse la porte ouverte à tout commentaire.

Abarth : une marque vidée de sa raison d’être

Abarth est sans doute l’un des cas les plus simples à analyser. Historiquement, son intérêt reposait sur des petites sportives thermiques légères, bruyantes et accessibles, à commencer par les 500 Abarth. Avec l’électrification, cet ADN a disparu. La 500e Abarth n’a convaincu ni les passionnés, ni le grand public. Quant à la 124 Spider, elle n’a jamais trouvé son marché, que ce soit en thermique ou en électrique.

Dans ce contexte, maintenir Abarth comme marque indépendante n’a plus beaucoup de sens. La solution la plus rationnelle serait une intégration directe au sein de Fiat, comme cela aurait sans doute dû être fait depuis longtemps.

Alfa Romeo : une marque mythique en sursis permanent

Alfa Romeo tire la langue depuis des décennies. Malgré des tentatives répétées de repositionnement premium, la marque n’a jamais réussi à s’imposer face aux constructeurs allemands, dont la domination est aujourd’hui totale. Les produits sont loin d’être mauvais (sauf infodivertissement qui devient prédominant), mais l’image, la constance et la gamme ne suivent pas.

Sa disparition reste difficile à imaginer tant le symbole est fort. Mais économiquement, Alfa Romeo est fragile, et son avenir dépendra largement de sa capacité à exister autrement que comme une alternative émotionnelle sans volumes. Le souci est que seuls les modèles d'accès se vendent à peu près bien, et pour une marque premium c'est l'inverse de ce qu'elle recherche ....

Citroën : intouchable ?

Citroën est trop importante, trop historique et trop populaire pour disparaître. Même si la marque traverse une période compliquée, son aura semble la rendre immortelle. En revanche, il est de plus en plus probable que Citroën réabsorbe DS, qui avait été artificiellement séparée à la fin des années 2000.

DS : un premium qui n’a jamais vraiment pris

DS est typiquement le genre de marque qui pose problème dans un groupe comme Stellantis. Le positionnement premium est clair sur le papier mais dans les faits la concurrence allemande est indéboulonnable (pourtant elle propose désormais aussi des produits techniquement limités, se rapprochant de DS avec leur architecture transversale), et les volumes restent faibles. Maintenir une marque à part entière pour des produits techniquement très proches de Citroën n’a pas grand sens industriel. La DS numéro 8 est semble-t-il un modèle particulièrement emblématique et qui représente bien cette chute finale : proposer un produit excessivement orgueilleux sur une base assez pauvre : l'excès de tous les excès qui finit par décrédibiliser totalement DS.

Une fusion avec Citroën permettrait de réduire les coûts, de clarifier le message et d’éviter une dispersion inutile des ressources.

Fiat : trop populaire pour disparaître

Fiat est intouchable. Le capital sympathie est énorme, la marque sait vendre des petites voitures en masse, et elle reste un pilier sur plusieurs marchés clés, notamment en Europe du Sud et en Amérique latine. Même affaiblie, Fiat reste indispensable à Stellantis.

Jeep : une image forte, mais un risque technique

Jeep ne peut pas disparaître. Son image est unique, son héritage est fort, et sa base de clients est extrêmement fidèle. En revanche, la marque court un risque réel : des bases techniques trop pauvres pourraient finir par dégrader son image, notamment en Europe. Jeep doit rester crédible techniquement, sous peine d’abîmer ce qui fait sa force.

Maserati : déjà marginale, mais encore légitime

Maserati ressemble aujourd’hui à une marque déjà morte, du moins en termes de volumes. Pourtant, elle pourrait survivre comme une petite entité de niche, avec peu de modèles, peu de volumes, et des coûts maîtrisés. Son image reste noble, et son existence ne pèse pas lourd à l’échelle du groupe si elle reste modeste.

Opel : le cas le plus délicat

Opel est l’exemple parfait d’une marque qui fait doublon. Les produits sont souvent trop proches de Peugeot et Citroën, sans réelle valeur ajoutée technique. Pourtant, Opel reste la marque généraliste de référence en Allemagne, l’équivalent local de Peugeot ou Renault.

Sans l’Allemagne, Opel serait probablement l’une des premières marques à disparaître. Avec elle, la question est beaucoup plus complexe.

Peugeot : une montée en gamme risquée

Peugeot est difficile à imaginer disparaître. En revanche, la marque prend des risques en cherchant à monter en gamme trop vite, et surtout trop fortement sur les prix. Le danger n’est pas technique, mais stratégique. Si les clients ne suivent pas, Peugeot pourrait se retrouver coincée dans une zone inconfortable, ni vraiment premium, ni vraiment généraliste.

Une décision attendue en 2026

Antonio Filosa présentera son nouveau plan stratégique au premier semestre 2026. C’est à ce moment-là que le sort des marques sera officiellement scellé. Les actionnaires acceptent pour l’instant un recul des marges, mais cette patience ne sera pas éternelle. Si les volumes ne repartent pas durablement, les décisions pourraient être rapides et brutales.

Si il a besoin de conseils il pourra s'adresser à la multitude de youtubers et blogueurs qui imaginent avoir la science infuse et qui passent leur temps à critiquer les stratégies de grands groupes, comme si ils avaient une intelligence supérieure.

À vous de trancher

La question n’est plus de savoir si Stellantis doit rationaliser son portefeuille de marques, mais comment. Quelles marques doivent survivre, fusionner ou disparaître ? Le débat mérite d’être posé calmement, marque par marque.

Les commentaires sont ouverts.

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