Articles auto > Fonctionnement d'une auto

Comment sont produits et extraits l'essence et le diesel ?

Dernière modification : 17/10/2025 -  6

Comment sont fabriqués les deux principaux carburants que sont l'essence et le diesel ? Quel est celui des deux qui nécessite le plus de raffinage et d'énergie ?
On pense souvent qu'il serait plus écologique et plus économique de ne produire que de l'essence, supposée moins raffinée et donc moins coûteuse à fabriquer. Mais bannir le gazole est-il vraiment judicieux ? Vous allez voir que le diesel est loin d'être un sous-produit inutile, à moins d'être sacrifié par décision politique, ce qui semble être la voie actuelle...

Extraction de l'essence et du diesel à partir du pétrole

Les deux carburants proviennent du pétrole brut, et leur séparation s'effectue par distillation fractionnée. En chauffant le pétrole, on fait s'évaporer ses différents composants selon leur température d'ébullition. Le principe est le même que celui d'une casserole d'eau : on chauffe, la vapeur monte, puis on la condense pour la récupérer sous forme liquide.

Dans une tour de distillation, le pétrole est porté à environ 400 °C. Les vapeurs montent et se refroidissent progressivement. Selon la hauteur, chaque plateau condense des fractions différentes : gaz en haut, essence un peu plus bas, puis kérosène, gazole, fioul et bitume vers la base. C'est ce qu'on appelle la fractionation du brut.

Différences entre production et extraction d'essence et de gazole

La différence entre essence et diesel provient surtout de leur plage de distillation. L'essence se condense entre 20 et 70 °C, alors que le gazole se condense entre 250 et 350 °C. En pratique, l'industrie chauffe toujours le pétrole à haute température pour extraire toutes les fractions, mais en théorie, on pourrait s'arrêter plus tôt si l'on ne voulait que l'essence.

Le gazole doit ensuite passer par une étape d'hydrodésulfuration, qui consiste à retirer le soufre à l'aide d'hydrogène sous pression et à haute température (environ 350 à 400 °C sous 30 à 130 bars). Ce traitement énergivore améliore la qualité du carburant, réduit les émissions de SO₂ et préserve les catalyseurs. Depuis 2009, le diesel routier européen ne doit pas dépasser 10 ppm de soufre (norme EN 590).

Les raffineries modernes intègrent aussi des unités de craquage catalytique et d'hydrotraitement qui permettent de transformer des fractions lourdes (fioul) en essence ou gazole, afin de répondre à la demande du marché. En moyenne, un baril de 159 litres de pétrole donne environ 45 % de carburants légers (essence + naphte) et 35 % de carburants lourds (diesel + kérosène + fioul).

A lire aussi : les différences techniques entre voitures essence et diesel

Ne pas extraire le gazole consiste à jeter du pétrole ?

Oui, en partie. Un baril de pétrole brut contient toujours une proportion de gazole. Si l'on ne produisait plus que de l'essence, il faudrait tout simplement rejeter ou retraiter cette partie lourde, ce qui serait un pur gaspillage d'énergie et de matière première. Le gazole n'est donc pas un déchet, c'est une fraction naturelle du brut.

En moyenne, la composition du pétrole brut est d'environ 30 à 40 % d'essence, 25 à 30 % de gazole, et le reste en kérosène, gaz, fioul lourd et bitume. Vouloir supprimer le diesel reviendrait donc à renoncer à une part importante du rendement du raffinage. Les chaudières et l'aviation civile consomment encore ces fractions, mais si on interdit aussi leur usage, il faudra bien trouver un exutoire énergétique.

Composition du pétrole brut :

Pollution et idées reçues

Le diesel a longtemps été accusé à tort d'être plus polluant. En réalité, à technologies égales (injection directe, catalyseur, FAP), il émet aujourd'hui des quantités comparables de CO₂ et de particules fines à celles de l'essence. Les différences majeures se situent dans les NOx, mieux contrôlés depuis la généralisation du système SCR (AdBlue). À noter que les moteurs à essence à injection directe émettent eux aussi des particules fines ultrafines, même si cela choque moins l'opinion publique.

Les dernières normes européennes (Euro 6e depuis 2021) imposent des limites très strictes : 0,0045 g/km de particules et 80 mg/km de NOx pour les diesels, contre 60 mg/km pour les essences. Autant dire qu'à ce niveau-là, on parle de poussières détectées par des instruments de laboratoire plus que de nuages de fumée noire...

Mais notre espèce semble toujours fascinée par les symboles plus que par les chiffres, préférant diaboliser ce qui fume un peu plutôt que ce qui émet discrètement des molécules invisibles. Allez comprendre.

Ces articles pourraient vous intéresser :

• Moteur diesel et essence, quel est le plus fiable ?
• Produits d'entretien moteur

Ecrire un commentaire

Valider mon commentaire

Sondage au hasard :