

Faisant grand écho dans la presse, le nouveau moteur de Mazda promet d'être un moteur essence révolutionnaire qui peut fonctionner à la manière d'un diesel. Est-ce réellement le cas ? Quelles sont les caractéristiques de ce moteur ?
Nous allons donc voir les grands principes du Skyactiv-X avec les informations distillées par Mazda, ainsi que des données techniques plus récentes.
A lire aussi : les différences entre essence et diesel
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La promesse du Skyactiv-X est de pouvoir fonctionner en mélange très pauvre afin de limiter au maximum la consommation, on a donc ici deux modes de fonctionnement :
Le souci est que le mélange voulu par Mazda est tellement pauvre qu'il ne peut plus être allumé simplement par la bougie... Ils ont donc trouvé une solution : utiliser une méthode similaire au diesel, à savoir l'auto-allumage, mais contrôlé par l'étincelle (SPCCI).

Découvrez les explications de chaque étape en bas du schéma.

Voici désormais son autre manière de fonctionner, à savoir comme un diesel en utilisant l'auto-combustion (plus d'explications sous le schéma).
FONCTIONNEMENT SPCCI
SPark Controlled Compression Ignition
"Mode diesel"

Le mode pauvre / "diesel" ne peut être utilisé que sur des plages de régime limitées, jusqu'à environ 4 500 tr/min. Si vous cherchez la performance alors on repasse en fonctionnement classique, donc en pleine charge (accélérateur à fond) on sera principalement en mode standard.

Le Skyactiv-X utilise une injection directe pouvant atteindre 700 bars de pression, un record pour un essence au lancement. Le mode SPCCI induit des injections proches du point mort haut, avec un mélange très comprimé : il faut donc une pression élevée pour assurer une atomisation correcte dans la chambre.
Le moteur est né avec un taux de compression de 16,3:1 (niveau diesel). Après évolution, l'e-Skyactiv X a adopté un nouveau piston et un calage révisé pour un taux d'environ 15,0:1, histoire d'élargir la fenêtre SPCCI et de lisser le fonctionnement sans perdre le rendement. Plus le taux de compression est élevé, meilleur est le rendement (donc moins de consommation), à condition d'éviter l'allumage trop précoce.
Notez enfin que le remplissage et la pression effective sont pilotés par la distribution variable (lois d'ouverture et durée des soupapes) et le contrôle fin de l'EGR refroidi pour stabiliser la combustion.
Oui, il y a un compresseur mécanique type Roots. Il ne vise pas la performance pure, mais l'appauvrissement du mélange en gavant d'air les cylindres. En pratique, cela aide à maintenir le mode SPCCI sur une plage plus large.
Oui, sous forme de micro-hybridation 24 V avec alterno-démarreur relié par courroie. L'apport est ponctuel et n'est pas lié au mode pauvre lui-même, mais améliore l'agrément et la récupération d'énergie.
Au niveau marketing on peut dire que oui : l'innovation a été relayée partout. Techniquement, les bénéfices existent mais doivent être nuancés.

L'une des principales différences entre essence et diesel est qu'un moteur essence a besoin d'une étincelle pour enflammer le combustible tandis qu'un diesel le fait grâce à la compression de l'air. Cette compression induit tellement de chaleur que le combustible s'enflamme de lui-même (enfin pas vraiment si on veut être précis, c'est bel et bien l'échauffement du gaz dans le cylindre qui enflamme le gazole).
Le diesel consomme moins en raison d'un mélange plus pauvre (fonctionne en excès d'air) et d'un taux de compression élevé. Mazda a donc recherché à obtenir la même chose avec un moteur essence.
Alors Mazda aurait-il réussi son tour de magie en grillant la priorité aux autres marques ? Oui et non : le Skyactiv-X ne fonctionne pas tout à fait comme un diesel malgré ce que l'on entend. Il exploite surtout une caractéristique du diesel, à savoir une combustion en mélange pauvre avec auto-allumage provoqué et contrôlé par une étincelle.

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A gauche on admet l'air et le carburant, tout ce qu'il y a de plus classique. A droite on comprime, rien de bien nouveau non plus ....gif)
C'est à l'allumage que les choses sont différentes. On provoque une petite étincelle qui n'est pas suffisante pour enflammer le tout (bien trop petite !). Mais elle brûle un tout petit peu de carburant ce qui a pour effet une dilatation localisée. Celle-ci s'ajoute à la compression déjà bien élevée dans le reste de la chambre. Résultat, la pression est si importante qu'elle induit suffisamment de chaleur pour tout brûler (comme sur un diesel donc).
On a donc affaire à un moteur qui fonctionne comme un essence très classique quand il fait froid et quand on est haut dans les tours. Le reste du temps, il fonctionne d'une manière particulière qui se rapproche un peu du diesel mais sans le devenir.
Dans cette phase de fonctionnement, on va tout d'abord injecter un petit peu de carburant (mélange très pauvre) dans la phase d'admission. L'air et le carburant injectés vont alors parfaitement se mélanger pendant cette phase, l'homogénéité est cruciale pour le rendement et la limitation des NOx.
A ce stade on pourrait avoir une auto-combustion, mais les ingénieurs ont calibré pour l'éviter, contrairement à un diesel. Le but est d'éviter toute détonation précoce (d'où le travail du capteur de cliquetis et du calculateur).

Comment tout cela s'enflamme-t-il puisqu'on n'a pas assez de pression comme sur un diesel ? Le calculateur génère le petit manque par la bougie : une très petite étincelle augmente localement la pression, ce qui suffit à déclencher l'auto-combustion du mélange homogène. On parle d'allumage par compression contrôlé par étincelle, SPCCI. Mazda a réussi à contrôler finement le moment de cette auto-combustion pour éviter tout cliquetis destructeur.
Cette manière de br&ucrave;ler le mélange rend l'impulsion sur le piston plus nette, le tout en réduisant au maximum les particules. En arrière-plan, le GPF s'occupe des PN résiduelles sur les versions récentes.
Le moteur nécessite pour bien fonctionner un compresseur mécanique pour l'admission et une injection à pression supérieure à celle des essence classiques.
Selon Mazda on gagnait en couple par rapport à un essence classique (comme un diesel, jusqu'à +30 %) et on réduisait la consommation de 15 à 20 % environ. Dans la pratique, la baisse constatée est plutôt de l'ordre de 5 à 10 % quand le mode SPCCI est fréquent, avec un agrément linéaire mais pas survitaminé à bas régime.
Commercialisation à partir de 2019 sur Mazda 3 et CX-30. La mise à jour 2021 e-Skyactiv X a porté la puissance à environ 186 ch et le couple à 240 Nm, avec une légère baisse de consommation officielle. Les versions récentes restent micro-hybridées 24 V et conformes aux normes en vigueur en Europe.
Enfin on peut faire un parallèle avec le mode stratifié des moteurs essence modernes à injection directe (comme le TSI) qui consiste à réduire la dose de carburant envoyée. La différence est que le mode stratifié évite de mélanger le carburant à l'air dans le cylindre, en le concentrant autour de la bougie. Le Skyactiv-X travaille, lui, avec un mélange homogène très pauvre et déclenche l'auto-combustion par légère surpression localisé avec la bougie. Le stratifié produit beaucoup de PN fines, d'où la généralisation des GPF sur les essence modernes.
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