ZFE en état de mort imminente ?

Dernière modification : 29/05/2025 - 1


Il y a des lois qu’on enterre dans le silence, faute d’avoir su convaincre. Et il y a les ZFE, qu’on enterre sous les huées. Le 28 mai, à l’Assemblée nationale les députés ont voté contre ces zones à faibles émissions, symbole d’une écologie punitive à deux vitesses. Résultat ? 98 voix contre, 51 pour. Largement balayées. Même les soutiens d’hier ont déserté le navire, laissant les ZFE sombrer dans l’indifférence générale. Pour un dispositif censé sauver la planète, ça fait désordre.

Une idée de technocrate devenue une machine à exclure

À l’origine, les ZFE étaient censées améliorer la qualité de l’air dans les grandes agglomérations, en excluant progressivement les véhicules jugés trop "polluants" selon leur vignette Crit’Air. Sur le papier, c’était plein de bonnes intentions. Dans les faits, c’était surtout une bombe sociale à retardement. En restreignant l’accès à la ville à tous ceux qui n’ont pas les moyens de changer de voiture tous les quatre matins, le gouvernement s’est attiré les foudres d’une immense majorité silencieuse… qui a fini par faire du bruit.

La Ligue de Défense des Conducteurs a sorti un sondage : 8 Français sur 10 sont contre. De son côté, l’association 40 Millions d’Automobilistes a rappelé que plus des deux tiers des gens n’ont pas les moyens d’acheter un véhicule éligible aux ZFE. Faut-il vraiment en dire plus ?

Une union sacrée contre les ZFE… et c’est assez rare pour le souligner

Ce qui est fascinant dans cette affaire c’est la convergence politique inédite qu’elle a provoquée. Du RN à LFI, en passant par Les Républicains et même quelques voix macronistes, les députés ont enterré les ZFE sans fleurs ni couronnes. À gauche, on dénonce une mesure antisociale. À droite, on parle de liberté de circuler. Et au centre… on regarde ailleurs, en espérant que ça passe.

Même Agnès Pannier-Runacher, qui défendait encore le dispositif bec et ongles, s’est retrouvée bien seule. Il faut dire qu’aucun élu n’a envie d’aller expliquer à ses administrés pourquoi leur Clio de 2012 ne pourra plus accéder à la ville, alors qu’ils bossent à 5 h du matin pour livrer des baguettes ou faire tourner un atelier. La réalité a fini par rattraper la doctrine.

Santé publique vs réalité sociale : un débat sans fin

Évidemment, certains s’inquiètent. Et à juste titre. Santé Publique France rappelle que 40 000 décès par an seraient liés à la pollution automobile, notamment aux particules fines (car les ZFE laissent entrer des Ferrari qui consomment 20 litres aux cent). Le chiffre est discutable dans sa méthode, mais il a au moins le mérite d’exister. Est-ce que ça justifie de transformer les centres-villes en sanctuaires réservés aux cadres sup' en tesla ? Pas sûr que ce soit le bon levier. Il aurait peut-être fallu penser à une transition réaliste, plutôt qu’à une interdiction brutale.

Et maintenant, on fait quoi des engagements européens ?

C’est peut-être là que le bât blesse le plus. Car si les ZFE sont mortes politiquement, elles restent bien vivantes dans les engagements signés par la France en 2018 auprès de l’Union européenne. Paris avait promis de mettre en place ces zones en échange d’un joli chèque : 40 milliards d’euros d’aides européennes, conditionnés à un certain nombre de réformes, dont celle-ci.

Aujourd’hui, non seulement ce pactole pourrait ne pas être entièrement versé, mais en plus la France s’expose à devoir rembourser 3 milliards d’euros pour non-respect de ses engagements. Ce qui revient à dire que pour sauver la peau des automobilistes, on a peut-être sacrifié un bout des finances publiques. Dilemme classique : politique ou comptable ?

Une victoire pour les automobilistes… mais pas encore officielle

Attention toutefois : ce rejet parlementaire n’est pas encore définitif. Il doit passer en Commission mixte paritaire, être intégré dans la loi dite de simplification, puis faire l’objet d’un décret d’application publié au Journal Officiel. Une question de semaines, sauf rebondissement. Mais symboliquement, le glas a sonné. Les ZFE sont en mort clinique. Et à moins d’un miracle, elles ne se relèveront pas.

Conclusion : la fin d’une utopie technocratique

Ce n’était pas une mauvaise idée à l’origine. C’était juste une mauvaise manière de l’appliquer. Les ZFE ont voulu aller trop vite, trop fort, en oubliant un détail : la France n’est pas un showroom de véhicules neufs, mais un pays où l’âge moyen d’une voiture dépasse les 11 ans. Dans ce contexte, faire la chasse aux Crit’Air 3 et plus, c’est tirer dans le pied d’une population déjà fragilisée par l’inflation, les prix des carburants, et un marché de l’occasion devenu hors de prix.


Ecrire un commentaire

Ce site est le vôtre ! Interrogation, complément d'information, conseil, anecdote etc... Toutes vos remarques sont les bienvenues.

Pseudonyme :


Mail (facultatif / être prévenu d'une réponse) :


Votre commentaire :



Sondage au hasard :

Avez-vous déjà roulé sous l'emprise de l'alcool ?

Mon point de vue / Information complémentaire :
(votre commentaire sera visible sur la page de résultats)


Sur le même sujet

Nouveautés auto

Choisir une voiture

Fiabilité / Entretien

 

© CopyRights Fiches-auto.fr 2025. Tous droits de reproductions réservés.
Nous contacter - Mentions légales

Fiches-auto.fr participe et est conforme à l'ensemble des Spécifications et Politiques du Transparency & Consent Framework de l'IAB Europe. Il utilise la Consent Management Platform n°92.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant ici.