
À l’origine, les futures Porsche Boxster et Cayman devaient tourner définitivement la page du thermique. La relève de la génération 982 était annoncée comme 100 % électrique, reposant sur une plateforme dédiée, la PPE Sport, dérivée de la PPE utilisée par Audi et Porsche pour leurs modèles électriques de nouvelle génération.
Sauf que la réalité a rattrapé le plan. Et de manière assez ironique, Porsche se retrouve aujourd’hui à devoir adapter en urgence une plateforme nativement électrique pour y réintroduire un moteur thermique, sur des modèles qui étaient censés en être débarrassés pour de bon. Une marche arrière techniquement complexe, financièrement lourde, mais visiblement jugée nécessaire par Zuffenhausen.
Lorsque Porsche a annoncé en 2022 que les Boxster et Cayman deviendraient électriques, le marché semblait prêt, au moins sur le papier. Depuis, l’adoption des voitures électriques a nettement ralenti, y compris (et surtout !) dans les segments premium et sportifs. Et surtout, le cœur de clientèle des petites Porsche sportives reste très attaché au moteur à combustion, à sa sonorité et à ce qu’il représente.
Porsche l’a d’ailleurs reconnu implicitement en septembre dernier, en confirmant que les versions dites "top" des Boxster et Cayman conserveraient un moteur thermique. Ironie supplémentaire, cette annonce est intervenue à peine un mois avant l’arrêt de la production de la génération 982. Selon Autocar, ces versions thermiques seraient dans un premier temps basées sur les anciennes structures, sous forme de Cayman GT4 RS et Boxster RS Spyder ressuscitées, servant de solution provisoire.
Bref c'est un peu le bazar, car cette même génération aura donc deux bases distinctes, et il semble même presque que Porsche soit encore en train de trouver une idée et un bricolage pour tout solutionner ...
Porsche envisagerait donc désormais d’adapter la plateforme PPE Sport des 718 électriques pour y intégrer un moteur thermique, plutôt que de développer une toute nouvelle base dédiée à la combustion interne. Une décision lourde de sens.
Techniquement, l’opération reste possible, et même relativement logique dans ce cas précis. Les Boxster et Cayman sont des modèles à moteur central arrière. Il n’y a donc aucun tunnel de transmission à créer, aucun arbre à faire passer sous l’habitacle. Toute la modification se concentre sur l’arrière, avec un berceau profondément revu pour accueillir un moteur thermique bien plus volumineux qu’un simple ensemble moteur électrique.
Le plancher, initialement prévu pour recevoir un pack batterie, devra lui aussi être modifié afin de conserver une rigidité correcte sans cet élément structurel majeur. C’est un chantier conséquent, mais infiniment plus simple que sur une architecture à moteur avant ou à transmission intégrale.
Ce type de rétro-ingénierie n’est jamais neutre. Une plateforme conçue autour d’un pack batterie impose des contraintes géométriques très spécifiques. En la détournant pour y loger un moteur thermique, certains équilibres peuvent être bousculés. Il existe donc un risque réel de voir apparaître des proportions légèrement étranges, notamment à l’arrière, en fonction de l’encombrement moteur et des besoins de refroidissement.
En toute logique, Porsche fera tout pour que l’allure des versions thermiques reste strictement identique à celle des versions électriques, qui seront bien entendu maintenues au catalogue. Mais ce genre d’exercice reste toujours délicat, surtout sur des voitures aussi compactes et visuellement tendues que les 718.
Cela rappelle un peu les Mini (les Cooper, citadines, pas Countryman et autres versions) actuelles, qui ont une châssis différent pour les thermiques et pour les électriques ... Ce qui reste inhabituel ici aussi. On peut aussi voir la même chose avec le Cayenne, qui existe en parallèle en deux déclinaisons : thermique plus ancien et électrique qui vient d'être proposé à la vente.
Pourquoi s’infliger un tel casse-tête technique et industriel ? La réponse est assez simple. Développer une nouvelle plateforme thermique dédiée, pour des volumes relativement faibles et dans un contexte réglementaire de plus en plus hostile, serait financièrement absurde. Adapter une base existante, même au prix de compromis, reste plus rentable. Et surtout, POrsche ne veut pas avoir deux plateformes, elle n'en veut qu'une seule pour des raisons de simplicité et de logistique.
Ce repositionnement est lié à un réalignement stratégique plus large chez Porsche. Le constructeur aurait déjà abandonné ou revu plusieurs projets électriques coûteux, avec à la clé une perte estimée à plus de 6 milliards d’euros. Chaque décision industrielle est désormais scrutée sous l’angle de la rentabilité, pas uniquement de l’idéologie technologique.
Difficile de ne pas faire le parallèle avec un autre cas récent, abordé dans l’article "Quand l’électrique redevient une thermique : scandale écologique ?", consacré à Renault. Là aussi, des plateformes pensées pour l’électrique ont été rendues volontairement compatibles avec des motorisations thermiques ou hybrides, non par conviction, mais par nécessité. Et si la marque avait pu les rendre 100% thermiques elle l'aurait fait, mais la plateforme
Dans les deux cas, le discours initial était clair, tranché, presque militant. Et dans les deux cas, la réalité du marché, des coûts et des usages est venue forcer un retour à plus de pragmatisme. Ce genre de revirement pose évidemment des questions sur la cohérence des stratégies industrielles, mais il montre surtout que l’électrique ne s’impose pas aussi vite ni aussi uniformément que prévu.
Les futures 718 électriques devraient être présentées dès l’année prochaine. Les versions thermiques, qu’il s’agisse des RS prolongées ou des modèles basés sur la PPE Sport adaptée, arriveraient peu de temps après. La transition complète vers une plateforme unique, capable d’accueillir électrique et thermique, ne serait toutefois pas attendue avant 2028-2030.
Reste aussi la question du moteur. Le retour possible du six cylindres à plat atmosphérique de 4,0 litres n’est plus totalement exclu, notamment grâce à l’assouplissement de la norme Euro 7 et à l’ouverture réglementaire envers les carburants synthétiques. Là encore, Porsche semble vouloir garder toutes les options ouvertes. Mais franchement, imaginer un moteur atmosphérique parait complètement à l'opposé de l'époque, et encore plus en 6 cylindres et 4.0 litres !
L’histoire des futures Porsche 718 est révélatrice d’une époque où les certitudes techniques volent en éclats. Concevoir à grands frais une plateforme électrique pour ensuite la modifier afin d’y réinstaller un moteur thermique a quelque chose de profondément ironique. Mais c’est aussi le signe d’un retour au réel : les marques sportives se vendent à prix d'or principalement par leur âme moteur. Sans cette mélodie, et même avec des performances supérieures, l'intérêt de payer aussi cher perd beaucoup en intérêt, et dasn ce cas autant aller dans du généraliste avec des tesla et autres marques qui proposent des 0 à 100 sous les 4 secondes.
Porsche ne renonce pas à l’électrique, la marque admet simplement que le moteur à combustion reste encore une nécessité pour son modèle économique.
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