Les Porsche GT3, GT4 RS ou GT2 RS incarnent le sommet de la gamme, des voitures qui font rêver les passionnés et dont la rareté entretient la légende. Mais derrière l’aura des “GT”, une stratégie commerciale beaucoup moins reluisante se cache : Porsche s’en sert pour écouler ses modèles invendables.
En concession, impossible ou presque d’obtenir une GT3 RS en se présentant simplement avec un chèque. Les vendeurs évoquent des “conditions” : acheter plusieurs voitures classiques de la marque avant de pouvoir espérer décrocher une allocation. Cela peut être trois ou quatre modèles dans les cas les plus simples, parfois beaucoup plus. Certaines concessions n’hésitent pas à demander l’achat de dix voitures avant même de “considérer” une commande de GT.
Le problème c’est que rien n’est garanti. Des clients témoignent avoir acheté de nombreux modèles sur promesse implicite, pour finalement entendre qu’“il n’y a plus d’allocations” ou que “les États-Unis ont pris davantage de volumes”. L’effet est toujours le même : une carotte agitée en permanence, sans certitude d’obtenir le modèle convoité.
Les voitures que l’on pousse ainsi ne sont jamais les plus désirables. Ce sont généralement celles qui perdent vite de la valeur : Panamera trop équipées, Taycan électrique (qui a du mal à se vendre au pays du Flat6 et du V8, logique), voire certaines 911 mal configurés. L’acheteur essuie donc immédiatement des dizaines, voire des centaines de milliers d’euros de perte. Dans un cas cité, trois Taycan Turbo S imposés pour accéder à une GT3 RS représentaient à eux seuls plusieurs centaines de milliers d'euros de décote instantanée.
On a aussi l'exemple du Youtuber BenjRoyer qui a dénoncé la chose en expliquant qu'il regrette amèrement de se retrouver avec un Taycan, tout ça pour avoir pu acquérir une GT4 RS.
Rien d’illégal dans ce procédé : le client a le choix de refuser et sait plus ou moins à quoi il s’engage. Mais sur le plan moral, c’est une autre histoire. Faire miroiter un modèle rare en obligeant à se charger de voitures dont on ne veut pas vraiment ressemble davantage à une manipulation qu’à une relation saine avec ses clients. Le business est habile : un seul modèle hyper désirable permet d’écouler dix autres qui stagnent en stock. Mais c’est aussi une manière de “prendre ses clients en otage”, selon certains passionnés qui dénoncent cette pratique.
Ce qui peut surprendre, c’est que de nombreux acheteurs entrent volontairement dans ce système. Pour eux, décrocher une GT justifie les pertes colossales liées aux autres modèles. Ils savent que les règles du jeu sont ainsi fixées et choisissent de “jouer” malgré tout. Mais beaucoup finissent frustrés lorsqu’après avoir englouti plusieurs centaines de milliers d’euros, ils se voient dire qu’aucune allocation n’est disponible.
Ce système sert aussi à gonfler artificiellement les ventes de modèles électriques, en particulier le Taycan. Les chiffres officiels de Porsche paraissent déjà décevants, mais ils seraient encore plus bas sans cette stratégie de “forçage”. Beaucoup de clients achètent un Taycan uniquement comme ticket d’entrée pour espérer une GT et le revendent aussitôt (de toute manière, pour obtenir une GT il faut mettre la main à la patte). Résultat : l’offre en occasion grandit et accentue le trait, ce qui tire les prix vers le bas. Les Taycan d’occasion se retrouvent moins chers qu’ils ne devraient l’être, victimes d’une décote artificiellement amplifiée par la politique de Porsche.
La stratégie des GT ressemble à un marché captif organisé. Une poignée de modèles mythiques sert de levier pour gonfler artificiellement les ventes globales et écouler des voitures difficiles à placer. Si le coup est habile d’un point de vue financier, il abîme aussi l’image de la marque et accentue la méfiance. Au final, cette manière de faire crée un double effet pervers : elle manipule les chiffres de ventes et fausse le marché de l’occasion, en particulier pour le Taycan. Derrière le rêve GT, la réalité est celle d’un business qui use de la passion comme d’une monnaie d’échange.
Les chiffres récents montrent que Porsche commence à perdre du terrain. Au premier semestre 2025 les livraisons mondiales ont baissé de 6 %, atteignant environ 146 400 voitures, avec des déclins marqués en Chine (−28 %) et en Europe (−8 %). En Allemagne, le recul atteint -23 %. Ce ralentissement s’accompagne d’une chute dramatique de la rentabilité : bénéfice opérationnel en baisse de 91 % au second trimestre, revenus en retrait de près de 13 %. On dirait que le karma rattrape Porsche ...
Ecrire un commentaire
Fiches Porsche
|
|
Que penser des équipements au forfait à payer mensuellement ?
Sujets pris au hasard
© CopyRights Fiches-auto.fr 2025. Tous droits de reproductions réservés.
Nous contacter - Mentions légales
Fiches-auto.fr participe et est conforme à l'ensemble des Spécifications et Politiques du Transparency & Consent Framework de l'IAB Europe. Il utilise la Consent Management Platform n°92.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant ici.