
Les hybrides ont été vendues comme la solution parfaite pour consommer moins. En ville, ça peut marcher. Sur autoroute, certaines architectures montrent au contraire qu’elles n’ont jamais été pensées pour rouler vite et longtemps.
Le pire exemple, c’est l’hybride série, ce système où le moteur thermique ne sert qu’à jouer au groupe électrogène pour alimenter la partie électrique. Une configuration qui semble maline sur le papier, mais qui se transforme vite en gouffre à carburant dès qu’on passe la barre des 110 km/h.
Un hybride série fonctionne de manière très simple :
En ville, c’est logique. On circule doucement, on récupère de l’énergie (souvent puisqu'on décélère tous les 50 mètres), le moteur thermique tourne dans sa zone de rendement optimale.
Mais sur autoroute, la logique devient une faiblesse structurelle. À 130 km/h, un moteur électrique doit fournir une puissance continue assez élevée pour lutter contre la traînée aérodynamique, mais aussi en raison du fait qu''il n'y a qu'un seul rapport à disposition (et donc un régime de fonctionnement corrélé directement à la vitesse). Une voiture électrique moyenne consomme déjà autour de 22 à 28 kWh/100 km à ces vitesses. Un hybride série doit donc générer cette énergie en temps réel avec un petit moteur essence.
Et produire 25 kWh en temps réel avec un 1.2 ou 1.5 essence implique de brûler entre 7 et 9 litres de carburant, car le rendement global moteur thermique + générateur + électronique + moteur électrique n’est pas fameux. On descend facilement sous les 30 %.
C’est exactement ce qu’on voit dans la vraie vie : les hybrides série purs ne sont pas sobres sur autoroute, même s’ils brillent en ville.
C’est ce qui arrive au Nissan e-Power (Qashqai, X-Trail). Le moteur essence n’entraîne jamais les roues et sert seulement à alimenter un moteur électrique en mono-rapport. Résultat : les consommations réelles sur autoroute dépassent souvent les 7,5 à 8,5 L/100 km.
Même principe sur le Mazda MX-30 R-EV, où le moteur rotatif (là on cumule le pire car le rendement de ce genre de moteur est inférieur à ceux à pistons) ne fait que générer de l’électricité. Là aussi, c’est cohérent pour un usage urbain, mais ça devient inefficace dès qu’on maintient 130 km/h longtemps.
C’est ça qui compte : un hybride série reste une voiture électrique dans son fonctionnement, avec une consommation directement corrélée à la vitesse.
Dès que ça roule vite, c’est perdu d’avance. Le moteur électrique boit et le thermique sue sang et eau pour suivre.
Il existe heureusement des systèmes qui comprennent que laisser le moteur thermique jouer éternellement les groupes électrogènes sur autoroute est une mauvaise idée.
Honda a été l’un des premiers à corriger le tir avec son système i-MMD, rebaptisé e:HEV. Le fonctionnement est proche du série à basse vitesse, mais Honda a ajouté un embrayage qui permet, à partir d’une certaine vitesse, de connecter directement le moteur thermique aux roues.
En clair :
Ça change tout. En autoroute, les Honda e:HEV tournent souvent autour des 6 L/100 km, ce qui est très correct compte tenu du gabarit.
Même architecture chez BYD, avec le système EHS, qui dispose aussi d’un rapport direct reliant le thermique aux roues à vitesse élevée. Le résultat est similaire : on évite la grosse perte énergétique liée à la conversion en électricité.
Et c’est pour ça que la Chevrolet Volt et l’Opel Ampera doivent être reclassées dans cette catégorie. Leur système Voltec fonctionne souvent en série mais peut passer en mode parallèle lorsque la vitesse augmente.
Contrairement à un e-Power, une Volt/Ampera ne reste donc pas prisonnière du fonctionnement série pur. Elle limite la casse sur autoroute, précisément parce qu’elle comprend que le moteur thermique doit, à un moment donné, propulser directement les roues.
Les hybrides à e-CVT ne sont pas des hybrides série, mais ce ne sont pas non plus les champions de l’autoroute. Le système Toyota HSD (et Lexus) fonctionne avec un train épicycloïdal, permettant au moteur thermique et aux machines électriques de collaborer sans véritable boîte de vitesses traditionnelle.

En ville, c’est brillant.
Sur autoroute, le système atteint ses limites :
Les résultats dans la vraie vie :
Ce n’est pas catastrophique, mais clairement pas la meilleure technologie pour quelqu’un qui fait beaucoup d’autoroute.
Les PHEV donnent le meilleur d’eux-mêmes lorsque la batterie est pleine.
Batterie vide, beaucoup se comportent comme des thermiques trop lourds.
Deux raisons principales :
Une batterie de PHEV ajoute généralement 200 à 300 kg, parfois 350 kg sur les gros modèles.
Ce poids est présent en permanence, même quand la batterie est vide. À longue vitesse constante, il joue un rôle secondaire par rapport à l’aérodynamique, mais il reste un handicap.
Même batterie vide, la plupart des PHEV continuent à solliciter le moteur électrique pour lisser le fonctionnement. Le thermique doit donc :
C’est un effort mécanique + électrique combiné, qui dégrade naturellement le rendement.
Heureusement, la plupart des PHEV conservent une vraie boîte de vitesses (BVA, DCT ou trains épicycloïdaux), ce qui limite un peu le gaspillage énergétique que l’on retrouve sur les systèmes en mono-rapport.
Dans la pratique, dès que la batterie est basse, beaucoup de PHEV naviguent entre 8 et 10 L/100 sur autoroute selon le gabarit.
Renault prépare des électriques équipées d’un petit moteur thermique destiné à servir uniquement de générateur. Le nom C15 circule dans certaines discussions, mais rien n’a été officialisé.
Ce qui est sûr, c’est que ces modèles fonctionneront en hybride série, comme un e-Power revisité.
Et comme toute architecture série, ça veut dire :
Impossible d’échapper aux lois physiques tant qu’il n’y a pas de liaison mécanique avec les roues.
Sur autoroute, il faut éviter les architectures qui obligent le moteur thermique à produire de l’électricité en continu. C’est inefficace par construction.
À éviter si vous faites beaucoup d’autoroute :
À privilégier :
L’autoroute met tout le monde au régime sec : si la voiture dépend du moteur électrique pour la traction, la consommation explose. Si le moteur thermique ne peut pas utiliser un rapport direct, le système perd en rendement.
La physique ne fait pas de cadeaux, et elle ne lit pas les brochures marketing.
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