C’est une annonce qui sent à la fois l’aveu d’échec et la tentative de rédemption. Stellantis vient de confirmer l’extension de garantie sur tous les moteurs PureTech jusqu’à la fin de leur production, prévue fin 2025. Objectif affiché : calmer les esprits, rassurer les clients et limiter les effets collatéraux d’un scandale qui ne passe toujours pas.
Le PureTech, c’est un peu la plaie ouverte du groupe PSA (puis Stellantis). Ce petit moteur 3 cylindres essence, censé concilier sobriété et agrément, traîne depuis des années une réputation désastreuse. Entre les dégradations précoces de la courroie de distribution humide, les consommations d’huile délirantes et les casses moteurs parfois précoces, la liste des griefs est longue.
Et le plus gênant, c’est que les problèmes concernent des millions de véhicules diffusés à grande échelle sur toutes les marques du groupe : Peugeot, Citroën, DS, Opel, voire même certaines Fiat dans des cas plus récents.
Face à cette fronde croissante (qui s’est traduite par une explosion des litiges, des refus de reprise chez certains pros et une cote de confiance au plus bas) Stellantis a dégainé une extension de garantie massive. Désormais, tous les moteurs PureTech encore produits sont couverts jusqu’à 10 ans ou 180 000 km, avec une prise en charge à 100 %, pièces et main-d’œuvre comprises.
Et pour une fois, pas besoin de passer par un garage de la marque : tout professionnel de l’automobile est éligible, du moment que l’entretien a été effectué correctement. Mieux : une tolérance de 3 mois ou 3 000 km est accordée en cas de léger retard sur les intervalles.
Il aura donc fallu attendre le départ de Carlos Tavares pour qu’un geste concret soit posé. Le timing n’est pas anodin, puisque le moteur PureTech (dans son ancienne version à courroie humide) est lui-même en fin de carrière (cette année même). Cette garantie prolongée est donc moins un pari sur l’avenir qu’un moyen d’éteindre les derniers foyers d’incendie avant d’en tourner la page. C’est aussi une tentative d’éviter une class action massive, comme cela a pu se produire ailleurs.
Autre objectif : redonner un peu d’air à la revente. Car depuis l'explosion médiatique de l’affaire PureTech, la décote de certains modèles s’est accélérée. Des pros du VO refusent purement et simplement de reprendre des véhicules concernés. L’annonce d’une garantie jusqu’à 10 ans pourrait contribuer à rassurer… du moins sur le papier.
Pour ceux qui ont déjà trinqué, Stellantis propose également un dispositif de compensation. Si vous avez dû payer une réparation entre le 1er janvier 2022 et le 31 décembre 2024 pour un problème de courroie ou de consommation d’huile, vous pouvez déposer une réclamation via une plateforme dédiée. En théorie, vous pourriez être remboursé – sous réserve que toutes les conditions soient remplies. En pratique, ça reste à voir.
Difficile de ne pas voir dans cette opération une forme de communication défensive. Car la casse est déjà faite. La mauvaise réputation du PureTech est installée. Les clients lésés n’oublieront pas de sitôt. Et même avec une couverture à 10 ans, le mal est profond. Les dégâts d’image sont considérables, et cette garantie ressemble plus à un pansement sur une plaie béante qu’à une vraie reconquête.
L’extension de garantie PureTech, c’est un peu le dernier filet de secours pour éviter que le scandale ne déborde. Un geste qui va dans le bon sens, certes, mais qui arrive tard et sent surtout la tentative d’éteindre un incendie avant qu’il ne touche la structure entière du groupe.
À ceux qui roulent encore en PureTech : surveillez bien vos entretiens, archivez vos factures, et si le moteur tousse, n’attendez pas. Il se pourrait bien que cette garantie vous évite de payer les pots cassés… au propre comme au figuré.
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