C’est ce genre d’annonce qui ne passe pas inaperçue. Renault a confirmé que Luca de Meo quittera le groupe en juillet prochain. Officiellement, il part " vers de nouveaux défis hors du secteur automobile ". Officieusement, il se dit qu’il va prendre les rênes de Kering, le géant français du luxe (Gucci, Balenciaga, Saint Laurent…). On passe donc des chaînes de montage à la maroquinerie de prestige. Changement d’ambiance, certes, mais pas forcément incohérent quand on connaît le sens du storytelling et du positionnement produit de Luca.
Ce qui gêne dans cette histoire, ce n’est pas tant le fait qu’il parte. C’est plutôt le moment. Il y a quelques semaines à peine, Luca de Meo présentait le plan stratégique « Futurama » censé guider Renault sur les cinq prochaines années. Il venait aussi d’être confirmé dans ses fonctions jusqu’en 2028. Personne n’avait donc vu venir un départ aussi soudain. Et encore moins dans une période où Renault semblait justement récolter les fruits d’une politique claire et assumée.
Depuis son arrivée, Luca de Meo avait remis de l’ordre dans une maison Renault à la dérive. Moins de modèles, des marges en hausse, une structure plus lisible, un recentrage autour de marques fortes (Renault, Dacia, Alpine) et surtout un retour aux bénéfices solides. Le plan « Renaulution » avait fait son effet, et c’est bien la première fois depuis longtemps qu’on sentait la marque en confiance. La Bourse a donc vigoureusement réagi : l’action a décroché dès l’annonce alors que Kering s’envolait à l’idée de l’accueillir.
Qu’on aime ou pas le style de Luca de Meo, force est de constater qu’il avait remis Renault sur les rails avec des produits qui plaisent vraiment. Il a redonné une ambition à Alpine, lancé Ampère (division électrique), renforcé la rentabilité, et surtout donné une image claire à un groupe qui vivait depuis trop longtemps dans le flou. Il savait parler produit, sans tomber dans le jargon de consultant. Et c’est rare dans le milieu.
Sa capacité à concilier rigueur industrielle et vision marketing aurait pu (et aurait dû) continuer à faire du bien à Renault. Mais à peine le nouveau plan lancé, il s’éclipse. Résultat : une entreprise de nouveau fragilisée au moment même où elle commençait à sortir la tête de l’eau. On va donc devoir vérifier si le plan tient la route sans son instigateur. Et vu les enjeux (Alliance avec Nissan, montée en puissance d’Ampère, électrification accélérée), ce ne sera pas une mince affaire.
Luca de Meo a commencé sa carrière chez Renault en 1992, avant de faire un passage par Toyota, puis de prendre du galon chez Fiat, où il a dirigé tour à tour Lancia, Alfa Romeo et même la marque Fiat elle-même. Il rejoint ensuite le groupe Volkswagen, où il s’occupe du marketing chez Audi, avant de prendre la tête de Seat. C’est là qu’il relance la machine et crée Cupra, une sous-marque qui finira par faire plus parler que la maison mère. En 2020, il revient chez Renault mais cette fois par la grande porte, en tant que directeur général. Il lance le plan Renaulution, taille dans le gras, recentre les marques, remonte les marges et redonne une direction claire à un groupe qui tournait en rond depuis des années.
Renault perd un patron qui, pour une fois, semblait cocher toutes les cases. Et ce n’est pas si fréquent. À vouloir gérer la maison comme une startup du CAC 40, on prend aussi le risque de perdre ceux qui faisaient justement la différence. Tant mieux pour Kering, tant pis pour Renault.
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