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Comme vous le savez, la transition vers la voiture électrique se fait à marche forcée et à un rythme accéléré. Pour arriver à cela, la méthode est simple mais efficace, à savoir stimuler le marché en offrant de très généreux bonus écologiques dont le montant grimpe jusqu'à 6000 euros en France pour l'achat d'une voiture électrique.
Mais si en apparence tout cela a l'air bénéfique, une analyse logique des choses semble toutefois montrer que le dispositif est potentiellement néfaste à tous les points de vue ...
Pourquoi parler de scandale économique, il n'y a pas de mal à inciter les citoyens à acheter des produits plus vertueux pour l'environnement ...
Cependant, si on observe la réalité des choses, le bilan est plus contrasté et bien moins favorable au bien commun des Français.
En effet, ces primes sont extrêmement élevées et coûtent très chères à nos concitoyens, avec pour 2021 et 2022 un budget de deux milliards d'euros.
Il ne faut pas oublier que ce ne sont pas des aides qui tombent du ciel et qui sont créées à partir de rien (bien que la BCE créée de l'argent à tour de bras), ce sont bien des deniers qui sont directement prélevés dans nos poches et qui renforcent une dette devenue indigeste pour notre économie.
Sachez-le bien, toutes ces aides accumulées (au delà du bonus écologique) sont une fuite en avant qui accélèrent le moment auquel la France se retrouvera en défaut de paiement, et il n'est plus irréaliste de voir le pays se retrouver dans le même état que la Grèce il y a quelques années. Car oui, une dette sans limite n'est pas possible même si beaucoup finissent par le croire (à juste titre, on la voit grimper continuellement sans y déceler de plafond bien visible). Mais les mécanismes économiques ne peuvent pas mener à une dette qui se transformerait en un puits sans fond. Entre 2008 et aujourd'hui la dette a doublé (en terme de pourcentage par rapport au PIB, car en terme de montant il a presque triplé), ce qui montre une accélération exponentielle du phénomène, et donc une résolution qui s'approche à grands pas. Ce type d'aides non vitales y contribue beaucoup.
Il est donc malvenu de proposer des sommes aussi importantes pour une cause qui reste loin d'être stratégique pour le pays, car la voiture électrique est loin d'être un levier qui permet de réduire vite et intensément l'émission de gaz à effet de serre.
La construction des prix des voitures (et de tous les produits) se formule par tout un tas de facteurs : coût de revient et intensité de la demande notamment.
Ici, le bonus écologique vient parasiter la construction des grilles tarifaires avec des prix de ventes qui sont logiquement tirés à la hausse. En effet, la demande est directement liée au prix de vente des voitures : moins c'est cher plus on a de demande (tesla utilise d'ailleurs ce levier pour calmer la demande en temps de pénurie : augmentation drastique des prix qui fait chuter le nombre de commandes).
En appliquant un bonus écologique sur les véhicules neufs, les constructeurs laissent alors volontairement le prix des véhicules perchés en haut.
Il faut savoir qu'une voiture ne pourra se vendre que si son prix se situe dans une fourchette corrélée à son positionnement. Par exemple, je ne pourrais pas vendre une citadine au delà des 25 000 euros, et dans le cas contraire il n'y aurait aucun client.
Ici c'est pareil, si les constructeurs estiment qu'une voiture électrique compacte ne pourra pas se vendre à plus de 40 000 euros, alors ils feront en sorte que les prix ne dépassent pas cette valeur (quoi qu'il en coûte, ce sera un objectif prioritaire que de passer sous ce seuil). Car dans le cas inverse il n'y a aucune vente et c'est la faillite assurée ...
Le bonus écologique permet donc aux marques de majorer de 6000 euros leur prix de vente, et le bonus écologique revient finalement à financer des marques privées avec les deniers des citoyens ...
Reprenons notre exemple de compacte à 40 000 euros (prix à ne pas dépasser pour être viable économiquement parlant, et pouvoir faire des ventes), si il n'y avait pas de bonus ce serait la marque qui prendrait en charge l'effort qui mènerait à un tarif plafonné de 40 000 euros. Mais dans le cas où il y a bonus écologique, elles se permettent alors de majorer les tarifs pour que le prix final après bonus soit situé dans la fourchette de prix corrélée au segment.
Pour résumer, une voiture qui vaut 45 000 euros coutera 39 000 euros à l'acheteur après déduction du bonus de 6000 euros. Si il n'y avait pas de bonus, ce serait la marque qui se débrouillerait seule pour arriver à proposer un tarif de 39 000 euros (elle n'aurait pas le choix). Et donc sans bonus, les voitures qui valent 45 000 euros sur catalogue actuellement en vaudraient plutôt 39 000 euros.
L'effort financier pèse donc ici sur les contribuables et non les marques, ce qui n'est pas normal.
Comme tout le monde le sait, moins on fabrique mieux l'atmosphère se porte ... Introduire des bonus écologiques tend à stimuler les ventes, et donc la fabrication de voitures neuves. Sachant que les autos visées par le bonus écologique sont bien plus couteuses à produire en énergie (une voiture électrique est bien plus polluante à fabriquer), cela revient donc à financer par les citoyens une accélération des émissions de gaz à effet de serre. Et donc on peut conclure que le bonus écologique tend à accélérer la destruction de l'environnement.
Le bonus écologique se transforme donc en malus à CO2 pour la planète, et donc il me semble qu'on peut parler de dispositif malsain et trompeur.
Ne pas instaurer de bonus induirait donc un ralentissement de la transition et une baisse plus rapide du coût de revient des voitures électriques, car les constructeurs devraient redoubler d'efforts et ils finiraient par y parvenir.
De plus, un ralentissement de la conversion vers l'électrique permettrait d'éviter de s'engager trop loin et trop vite sur un chemin qui nous réserve peut-être de mauvaises surprises à venir (Cf le diesel).
Je ne suis ni "obsesio-écolo" ni "extrêmo-capitaliste", ces deux bords extrêmes me dégoutent tout autant l'un que l'autre. Le but de ce papier est de dénoncer les effets indésirables qu'amènent les aides gouvernementales pour manipuler le marché automobile, qui perd donc de son naturel en ajustant la demande de manière artificielle. Un marché sain est un marché qui se régule de lui-même, l'Etat doit s'immiscer le moins possible si on ne veut pas provoquer de dysfonctionnement ou d'effets pervers incontrôlés et contreproductifs.
La question est donc de savoir si ces aides apportent plus de bien que de mal, et vous pourrez peut-être nous aider à atteindre une conclusion plus juste en partageant vos pensées dans les commentaires. Merci d'avance à tous les intervenants, qui sont parfois (et même souvent) très riches matière grise ...
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