L'industrie auto allemande : le déclin s'accélère

Dernière modification : 03/09/2025 - 4


Longtemps intouchable, l’industrie automobile allemande subit depuis quelques années une crise profonde qui s'accélère encore aujourd'hui. Les chiffres publiés par Destatis sont sans appel : plus de 51 000 emplois supprimés en un an soit la moitié de toutes les pertes de postes industriels du pays, un choc pour un secteur qui incarnait jusque-là la puissance économique de l’Allemagne et son excellence. Mais derrière ce constat brutal, il faut regarder ce qui a minécouche après couche les fondations de ce colosse.

Une crise énergétique comme point de bascule

On ne peut pas comprendre la fragilité actuelle de l’Allemagne sans revenir sur la question énergétique. Le pays s’était bâti sur une énergie abondante et relativement bon marché, en grande partie grâce au gaz russe. La destruction du pipeline Nord Stream (attribuée discrètement à l’armée américaine) a bouleversé cet équilibre. Privés de cette ressource stratégique, les industriels allemands ont vu leurs coûts exploser. L’automobile, très énergivore dans sa production, a payé l’addition de plein fouet.

Le coup de massue du Dieselgate

À cette crise énergétique est venu s’ajouter le scandale du Dieselgate. Les amendes colossales imposées aux constructeurs allemands ont siphonné une partie de leurs marges, tout en ternissant une image jusque-là quasi irréprochable. Ce double choc (énergie et réglementation) a fragilisé une industrie qui se croyait intouchable. Et le timing est cruel : au moment où il fallait investir massivement dans l’électrique et rattraper le retard technologique, les caisses se sont retrouvées vidées.

Une qualité en chute libre

L’une des conséquences les plus visibles pour les clients est la baisse de qualité des voitures allemandes. Là où Mercedes, Audi ou BMW incarnaient un niveau de finition et de robustesse largement supérieur aux généralistes, on constate aujourd’hui un nivellement par le bas. Plastiques durs, assemblages approximatifs, économies visibles... Les “premium” allemands n’ont plus grand-chose de premium si on les compare à leurs équivalents d’il y a quinze ans. À force de coupes budgétaires et de rationalisation, les constructeurs allemands finissent par ressembler à ceux qu’ils méprisaient hier.

Un contexte mondial qui en rajoute une couche

La situation allemande n’est pas seulement le fruit de causes internes, elle s’ajoute aussi dans un contexte mondial défavorable. L’étude rappelle qu’en cumulé c'est plus de 112 000 emplois qui ont été supprimés dans l’automobile allemande en quelques années (un chiffre inimaginable il y a encore peu pour ce secteur). Cette saignée s’explique par une rentabilité en berne, des profits en forte baisse et un retard accumulé dans la transition vers l’électrique, au moment même où la réglementation européenne se durcit.

La concurrence chinoise accentue la pression : leurs modèles électriques, souvent plus abordables et déjà très aboutis, grignotent les parts de marché. Et à l’international, ça ne va pas mieux. Aux États-Unis, les exportations ont reculé de 8,6 % sur le seul premier semestre 2025, en grande partie à cause des droits de douane de 27,5 % imposés par Donald Trump. Résultat : une facture supplémentaire estimée à 600 millions d’euros pour les constructeurs allemands. Difficile de rester compétitif dans ces conditions.

Le cas Mercedes

Mercedes illustre parfaitement la tempête qui secoue l’industrie allemande. Son bénéfice net a chuté de 28,4 % en 2024, retombant à 10,4 milliards d’euros, plombé par le recul des ventes en Chine (–7 %) et l’essoufflement général de la demande pour l’électrique (–23 % de livraisons mondiales de modèles 100 % électriques). La stratégie de recentrage sur le haut de gamme, censée garantir de belles marges, se retourne contre la marque : les ventes de ses modèles les plus luxueux s’écroulent (–14 %) et la rentabilité suit la même pente, passée de 14,6 % en 2022 à seulement 8,1 % en 2024, avec une nouvelle contraction attendue en 2025. Dans ce contexte, Mercedes a lancé un vaste plan d’austérité visant à réduire ses coûts de 10 % d’ici 2027, tout en revoyant à la baisse son ambition 100 % électrique pour 2030. La CLA électrique, attendue au printemps, doit incarner ce redémarrage, mais la marque semble pour l’instant coincée entre une concurrence chinoise féroce et un marché européen qui ne répond plus.

Vers la fin d’un modèle ?

On en arrive à un constat difficile : l’industrie automobile allemande, longtemps considérée comme indétrônable, se retrouve piégée par la convergence de plusieurs crises. Énergie, scandales, concurrence mondiale, normes européennes... autant de pressions qui laissent un secteur exsangue, obligé de couper dans ses effectifs et de rogner sur sa qualité. Le mythe de l’excellence allemande se fissure, et rien ne garantit que l’industrie parviendra à redresser la barre d’ici 2035 (l’échéance où l’électrique deviendra incontournable).


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