
Fin 2023, une lettre anonyme avait été envoyée à la youtubeuse Survival Lilly. L’auteur prétendait travailler pour un grand assureur allemand, sans donner ni nom ni entreprise. On ne peut pas la vérifier et il faut donc la prendre avec des pincettes. Mais on ne peut pas non plus l’écarter d’un geste : ce qu’elle décrit rejoint des signaux officiels et techniques parfaitement réels. C’est cette convergence qui donne à l’affaire un certain poids, alors qu’au départ, ce n’était qu’un message isolé.
La chaîne Number27, spécialisée dans les voitures anciennes, avait d’ailleurs repris cette lettre dans l’une de ses vidéos, ce qui a contribué à relancer l’intérêt autour de son contenu. Là encore, rien ne prouve l’authenticité de l'écrit, mais l’analyse reste pertinente parce qu’elle s’emboîte dans un contexte plus large que ce courrier mystérieux.
Ce courrier imaginait un futur où les voitures non connectées deviendraient difficiles à assurer. Pas via une interdiction brutale, mais par un glissement logique : les assureurs privilégieraient les modèles capables de transmettre des données, car ce sont eux qui s’intègrent au mieux dans les nouveaux modèles tarifaires. Une voiture qui ne partage rien deviendrait une voiture coûteuse, puis trop coûteuse pour être utilisée normalement.
Aucune preuve qu’il existe un tel plan en coulisses, mais plusieurs documents publics pointent dans la même direction. Allianz communique régulièrement sur une assurance fondée sur l’analyse de la conduite réelle (formule Pay How You Drive qui existe depuis 2015 déjà). De son côté, l’European Data Protection Board rappelle que les véhicules modernes sont désormais des collecteurs de données capables de tracer les habitudes du conducteur. Deux sources officielles, deux visions compatibles, et surtout un fil conducteur : la donnée devient le coeur du système automobile.
Voyons de manière plus large les signaux qui se destinent à prouver que la "société moderne" réclame ardument la voiture connectée :
Le courrier mettait en avant une idée simple : si un assureur veut imposer la voiture connectée, il lui suffit d’ajuster ses tarifs pour favoriser ces dernières. Les assureurs seraient donc un levier efficace pour imposer la voiture entièrement connectée. Officiellement, il s’agit de “mieux tarifer” les automobilistes. Officieusement, cela permet d'accélérer la mise au rebus des vielles voitures muettes sur les réseaux de communication.
Les formules de type pay as you drive reflètent plutôt bien ce basculement. Elles proposent de payer en fonction de la conduite réelle, mais exigent en échange un flux de données constant. C’est une porte d’entrée idéale : pour bénéficier du tarif, il faut accepter la télémétrie. Et une fois qu’elle est installée, elle devient indispensable au système lui-même.
Voici l'ensemble des équipements qui permettent aux voitures connectées modernes de voir ce qu'il se passe sur la route et dans l'habitacle :
On note souvent que Tesla a été l’un des premiers constructeurs à exploiter massivement ces outils, en collectant un volume de télémétrie que l’industrie jugeait encore impensable il y a dix ans. Ce n’est pas le centre du débat, mais cela montre que certains avaient compris très tôt que la donnée deviendrait la pièce centrale de l’automobile moderne.
Les vieilles voitures ne seront probablement jamais interdites officiellement. Mais elles risquent de se retrouver cernées par une série de contraintes qui rendent leur usage peu pratique : assurance trop chère, restrictions d’accès dans certaines zones, impossibilité de bénéficier des nouveaux services, ou simple pression commerciale en faveur des modèles connectés. Tout cela s’ajoute tranquillement et finit par peser lourd.
La lettre anonyme ne prouve rien à elle seule. Ce qu’elle décrit rejoint cependant ce que l’on constate : l’industrie bascule vers un modèle où tout passe par la donnée. Dans cet environnement, un véhicule qui ne transmet rien devient un objet à part, difficile à intégrer, donc cher à assurer et moins toléré dans les systèmes modernes.
Il n’a jamais été nécessaire d’interdire les voitures anciennes pour les faire disparaitre. Les mesures indirectes suffisent largement. Les primes à la casse encouragent la destruction de voitures encore en état de marche, ce qui réduit mécaniquement le parc non connecté. Les ZFE excluent progressivement les modèles anciens du coeur des grandes villes, les rendant inutilisables au quotidien. La hausse ciblée du prix du diesel dans les années 2010 a frappé de plein fouet les véhicules plus âgés. Les contrôles techniques durcis imposent des limites qu’une voiture conçue il y a 20 ans ne peut souvent plus atteindre.
À cela s’ajoute la hausse progressive des tarifs d’assurance pour les modèles anciens, la disparition de certaines pièces détachées, l’homologation coûteuse de nouveaux composants, et une communication institutionnelle qui présente systématiquement les voitures anciennes comme dangereuses ou polluantes. L’ensemble ne ressemble pas à un plan centralisé, mais à une accumulation cohérente de petits coups portés dans la même direction. Une direction qui finit par rendre l’abandon d’une vieille voiture presque inévitable pour la plupart des conducteurs.
Au final, ce n’est pas une interdiction qui fera disparaitre les voitures anciennes. C’est une pression continue, économique et administrative, qui rend leur présence sur la route de plus en plus compliquée. Et c’est cette mécanique discrète, presque silencieuse, qui explique mieux que n’importe quel courrier mystérieux ce qui est en train de se passer.
I work in the IT department of a very large, renowned insurance company – headquartered in Germany. Unfortunately, ....
Je vous invite à rechercher entre guillemets ("I work in the IT department of a very large, renowned insurance company") sur Google une partie de la phrase pour retrouver le reste de cette dernière, hébergée sur plusieurs autres sites.
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