Droits de douanes : la réponse timide de l'Europe

L'Union européenne a décidé d'augmenter les taxes sur les voitures électriques chinoises, passant les droits de douane de 10% à jusqu'à 38% à partir du 4 juillet. Le taux dépendra des aides perçues pour chaque constructeur/groupe chinois, avec par exemple 17.4% pour BYD, 20% pour Geely et 38.1% pour SAIC. Le taux maximal est donc de 38.1%, et il sera appliqué aux marques qui ne coopèrent pas en termes de partage d'informations.

Aux États-Unis, rappelons les droits de douane sur ces véhicules ont été portés de 25% à 100% en mai, l'Europe emboîte donc le pas mais avec une enjambée moins ambitieuse ...

Cette mesure vise à protéger les constructeurs européens dont la compétitivité est devenue très inférieure face à la montée en puissance des véhicules électriques chinois, qui représentent désormais 8% des ventes en Europe (quadruplant leur part de marché en deux ans, une accélération qui inquiète les enseignes habituées à être sereines sur leurs terres). En réponse, la Chine accuse l'UE de protectionnisme et promet de défendre ses intérêts, ce qui n'est pas de bon augure pour nos exportations tout en accroissant les tensions entre les différents blocs. Ces droits de douane provisoires devraient devenir définitifs après novembre.

En Chine, la concurrence féroce oblige les constructeurs à rogner drastiquement sur leurs marges, avec des marges de distributeur autour de 2%, contre 7 à 10% en Europe. Cette situation pousse les constructeurs chinois à vendre leurs véhicules à des prix plus élevés en Europe pour compenser les faibles marges domestiques. Contrairement aux constructeurs occidentaux qui ont augmenté leurs marges post-pandémie en se concentrant sur la rentabilité plutôt que sur les volumes, les constructeurs chinois dépensent beaucoup d'argent dans une guerre des prix acharnée. Ils vendent à perte sur leur marché domestique pour maintenir leur compétitivité, mais réalisent des marges plus élevées en Europe grâce à des prix supérieurs.

MG Motor Europe, filiale de SAIC, a exprimé sa profonde déception et son opposition, dénonçant cette mesure comme une barrière excessive qui affectera négativement ses clients, la chaîne d'approvisionnement, l'innovation et la coopération sur le marché. MG Motor souligne ses investissements massifs dans la recherche et le développement, ainsi que son rôle central dans la promotion de la mobilité électrique en Europe. L'entreprise appelle la Commission à reconsidérer cette décision et à dialoguer pour favoriser une concurrence équitable et un développement durable.

Notons enfin que l'Europe a généralement tendance à privilégier la transition écologique (=baisse CO2) aux entreprises locales, ce qui est par exemple le cas sur les panneaux solaires (sociétés européennes qui font faillite au profit des panneaux chinois moins chers). Ces droits de douane vont donc un peu à contre-courant de ces habitudes ... Et mieux vaut-il privilégier la rentabilité des entreprises européenne ou favoriser la transition énergétique tout en faisant économiser aux agents économiques (= vous). Car le résultat ici est que les marques européennes vont faire moins d'efforts sur leurs tarifs et qu'il vous sera impossible de profiter des prix très compétitifs des voitures chinoises. Rappelons enfin que les Chinois ne sont pas "les méchants", une caricature qui semble persister dans l'esprit de certains, le tout accentué par une presse qui reste très protectionniste.

Ecrire un commentaire

Les derniers commentaires DU SITE

Ecrire un commentaire

Valider mon commentaire

Sondage au hasard :

Que pensez-vous des publicités sur l'automobile ?