Que se passerait-il si on stoppait le bonus écologique ?
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Le bonus écologique, censé encourager la transition énergétique, sert en réalité surtout de respirateur artificiel à l’industrie automobile française. Sans lui, les constructeurs tricolores auraient beaucoup de mal à rester compétitifs face à l’avancée technologique et tarifaire des marques chinoises. Et si on le supprimait demain, le rapport de force sur le marché européen changerait du tout au tout.
Cet article doit louper certaines conséquences, je vous invite à les compléter en bas d'article dans l'espace commentaires, merci à tous.
Un bonus vert… mais surtout industriel
Officiellement, le bonus écologique a pour but d’accélérer la décarbonation du parc automobile. Mais dans les faits et de nos jours, il agit plus comme un rempart économique qu'autre chose. Pour y avoir droit, la voiture doit être vendue moins de 47 000 €, produire un « score environnemental » suffisant et être de préférence assemblée en Europe avec une batterie européenne. En gros, l’État subventionne avant tout la production locale, tout en excluant de fait la majorité des véhicules chinois.
Ce n’est donc plus un bonus écologique, mais une subvention à la compétitivité des constructeurs européens.
La Twingo électrique, symbole d’un modèle sous perfusion
Prenons en exemple un de nos produits les plus compétitifs, pour voir ce qu'il en est ...
La nouvelle Renault Twingo électrique (française la plus dépouillée qui soit pour réduire le coût, façon Spring), annoncée pour 2026, sera commercialisée à environ 20 000 € hors bonus. Avec le bonus actuel, le prix d’achat réel descendra autour de 17 000 € pour les particuliers.
Cette citadine embarque une batterie de 27,5 kWh, suffisante pour environ 180 à 200 km réels (dans les 260 WLTP toutefois, mais on connait le WLTP ...), et ne disposera pas de prise rapide CCS de série (l'équipement de série est même très précaire en entrée de gamme). On parle donc d’un modèle simple, taillé pour les trajets urbains, mais technologiquement très en retrait face à la concurrence asiatique.
Sans le bonus, la Twingo bondirait mécaniquement à 20 000 € (et encore, avec une version peu attractive tellement elle serait dépouillée), la mettant en confrontation directe avec des modèles autrement plus généreux.
Face à elle, la BYD Dolphin Surf qui fait 20 cm de plus (certes pas très attirante et au comportement moins dégourdi que la Twingo...) montre parfaitement la supériorité industrielle et technique des marques chinoises. Trois versions sont proposées :
- Active : 19 990 € (18 990 euros après remise en ce moment)
- batterie LFP BYD Blade de 32 kWh (30 utiles), autonomie WLTP 220 km
- charge rapide de série CCS2 à 65 kW
- Moteur de 88 ch et 175 Nm
- Boost (version vraiment intéressante): 23 990 €
- Batterie de 46 kWh (43,2 utiles) qui n'a plus rien à voir, autonomie 427 km
- Même moteur de 88 ch
- Comfort : 25 990 €
- Même batterie 46 kWh
- Moteur 156 ch, 220 Nm
- Autonomie WLTP 510 km
Toutes reposent sur la plateforme e-Platform 3.0, utilisent une batterie à refroidissement liquide, et proposent de série beaucoup d'équipements (que vous allez payer en option chez Renault), un infiodivertissement BIEN supérieur (malgré Android Automotiv de Renault) et des aides à la conduite similaires.
À tarif égal ou inférieur, même la version de base dépasse la Twingo. La BYD est plus spacieuse et bien mieux dotée.
Leapmotor C10 vs Peugeot e-3008 : l'autre duel qui fait mal
Face au Leapmotor C10, le nouveau Peugeot e-3008 (en réalité il faudrait comparer au e-5008, mais là ce serait trop humiliant pour Peugeot) n’a plus grand-chose du fier étendard français qu’il prétend être. Le SUV chinois, pourtant moins cher d’environ 7 000 €, le surpasse dans à peu près tous les domaines concrets, et pas d'une courte tête en plus !
Le Leapmotor C10, long de 4,74 m, embarque une batterie de 74 kWh bruts (77 pour le Peugeot) pour une autonomie d’environ 420 km WLTP. son moteur développe 217 ch (210 pour le Peugeot) et 320 Nm, des valeurs comparables au 3008 électrique. Mais c’est à bord que la différence devient flagrante. L’habitacle du C10 donne une impression de gamme bien supérieure : assemblages précis, matériaux valorisants, insonorisation soignée. On est loin du plastique dur et des ajustements approximatifs du SUV Peugeot. Le C10 écrase littéralement le 3008 en terme de prestations.
L’équipement de série du C10 est également plus complet : finition à l'allemande, grande dalle centrale de 14,6 pouces (infiodivertissement au niveau d'une tesla), affichage numérique secondaire XXL, sièges électriques ventilés, hayon motorisé, aides à la conduite avancées... Autant d’éléments que le e-3008 facture en option ou réserve à ses finitions hautes (et encore, vous n'aurez jamais la qualité de finition et l'infodivertissement du Chinois, mille fois supérieurs).
Et malgré cet écart technologique, le C10 s’affiche à partir de 36 000 € et même 29 450€* en ce moment !), contre environ 43 500 €(37 650€ avec aides Peugeot + bonus) pour l’e-3008 de base à batterie 77 kWh. Autonomie légèrement inférieure, certes, mais prestations globales nettement supérieures, d'un autre monde je dirais même ...
En résumé, le Leapmotor C10 illustre parfaitement le retard pris par les constructeurs européens : mieux fini, mieux équipé, mieux pensé, il rend le 3008 presque anachronique. Sans bonus écologique et sans préférence nationale, le duel serait vite plié. Et pour tout vous dire, le C10 me fait de l'oeil, alors qu'un 3008 me fait fuir ...
* : (*) C10 électrique à partir de 29 450€ Offre valable pour le commande d'une Leapmotor C10 STYLE électrique neuve, année modèle 2024, hors option, incluant 360€ de prime CEE (1). Tarif conseillé au 01/10/2024. Offre soumise à conditions, réservée aux particuliers, sur stock uniquement, non cumulable avec d'autres offres en cours et valable jusqu'au 30/11/2025 dans le réseau Leapmotor participant. Leapmotor International S.P.A. n° fiscal 13244310150 / doc T 570146093, enregistré au registre Economique et Administratif de Turin, TO6971834. Voir conditions et détail de l’offre en concession.
** : Coût pour l’achat d’un Peugeot E-3008 ALLURE Electrique 210 ch neuf hors options, au tarif Peugeot conseillé au 04/11/2025, déduction faite d'une prime à la commande Peugeot de 1 500 €, d'une remise complémentaire exceptionnelle de 500 €, d'une prime reprise de 700 € ajoutée à la valeur de reprise de votre véhicule estimée par le point de vente et de la Prime CertiNergy de 4 750€*. Vous êtes éligibles à ce montant de prime si votre revenu fiscal de référence est inférieur à 26 200 euros par part fiscale, sous réserve de publication du décret au Journal officiel. Offre non cumulable réservée aux particuliers, pour l'achat d’un Peugeot E-3008 ALLURE Electrique 210 ch batterie 73 kWh neuf en stock, commandé et immatriculé avant le 01/12/2025 dans le réseau Peugeot participant. *Prime CertiNergy pour la valorisation des opérations au titre du dispositif des Certificats d’Economies d’Energie non soumise à la TVA.
Sans bonus, les marques françaises s’écrouleraient
Si le bonus écologique disparaissait, les constructeurs chinois continueraient à vendre au même prix, voire moins cher, puisqu’ils n’en dépendent pas. Leur avantage structurel (maîtrise de la chaîne batterie, production intégrée, main-d’œuvre moins chère) leur permet déjà d’être rentables et compétitifs sans aide publique.
Les marques françaises, elles, verraient leurs petites électriques basculer dans la zone rouge du rapport prix/prestations. À 20 000 € sans bonus, une Twingo deviendrait économiquement absurde face à une Dolphin Surf deux fois mieux équipée pour le même tarif (mais certes horrible, mais ça se corrige facilement et ils le feront).
Le client moyen ne s’embarrasserait pas de patriotisme industriel : il irait naturellement vers le meilleur rapport autonomie/prix.
Personnellement, en tant que consommateur égo-centré (ce qu'est un agent économique selon la définition qu'on nous apprend en faculté), je ne vois désormais que pour les marques chinoises (et Tesla pour ceux qui me connaissent). Le rapport qualité / prix est supérieur même sans le plein avantage du bonus écologique ...
Le bonus comme arme protectionniste
Le fait que le bonus soit désormais conditionné à l’assemblage européen est un aveu. Ce dispositif, vendu comme écologique, est d’abord un outil protectionniste destiné à sauver les usines locales. On parle de « souveraineté industrielle », mais c’est une manière élégante de dire que sans cette aide, la production française serait laminée par les constructeurs chinois.
Conclusion
Si le bonus écologique disparaissait, le marché français des voitures électriques se retrouverait face à sa vérité nue : une industrie européenne encore trop chère, trop lourde et dépendante des aides.
La Twingo électrique, vendue 17 000 € bonus inclus, passerait soudainement à 20 000 €, tandis qu’une BYD Dolphin Surf, plus puissante, plus autonome et mieux équipée, resterait inchangée.
Le bonus écologique n’est donc plus vraiment un levier pour verdir le parc : c’est un bouclier économique. Le jour où on le retire, on découvre que la transition électrique française repose moins sur la performance industrielle que sur la perfusion budgétaire.
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