La suppression des ZFE n’est pas encore officielle, mais le vote des députés en commission a déjà fait l’effet d’un séisme. Si ce coup de théâtre venait à être confirmé, c’est toute une logique de transition automobile qui risquerait de s’effondrer. Car derrière ces zones à faibles émissions décriées se cachait un outil puissant : celui de rendre certaines voitures juridiquement indésirables. Sans cette pression, le paysage auto pourrait bien évoluer à contre-courant.
Avec la disparition des ZFE, c’est aussi un certain sentiment de liberté qui pourrait refaire surface chez de nombreux automobilistes. Fini le casse-tête des vignettes Crit’Air, les interdictions à géométrie variable et l’angoisse de la verbalisation pour une vieille voiture encore en parfait état de marche. Ce retour à une circulation plus ouverte, sans filtres arbitraires, redonne de l’air à ceux qui vivent loin des centres et pour qui la voiture reste un outil indispensable du quotidien.
Au-delà de la voiture, c’est tout le discours sur la décarbonation des transports qui pourrait être brouillé. Si même un outil comme les ZFE finit au placard, que restera-t-il ? Des primes éphémères, des aides mal calibrées, des plans vélo qui ne concernent qu’une minorité…
La suppression des ZFE risque d’envoyer un message clair : on recule. Et cela pourrait freiner d’autres réformes pourtant urgentes sur le plan climatique.
Cette volte-face sur les ZFE contribue un peu plus à décrédibiliser un gouvernement déjà habitué aux revirements. Après avoir encouragé le diesel au nom de l’écologie dans les années 2000, il l’a ensuite cloué au pilori pour ses effets sur la santé. Aujourd’hui, il fait machine arrière sur un dispositif qu’il présentait encore hier comme indispensable à la transition énergétique. Ce va-et-vient permanent sape la confiance des citoyens, qui ne savent plus sur quel pied rouler, et rend toute politique environnementale inaudible à force d’être changeante et mal assumée.
C’est le premier effet domino : sans ZFE, les voitures électriques perdent un de leurs rares avantages structurels. Jusqu’ici, elles permettaient de contourner les interdictions de circulation, et leur intérêt devient plus flou si l’accès aux centres-villes redevient possible avec n’importe quel diesel de 2010.
On risque donc de voir un ralentissement encore plus net des ventes, déjà en berne depuis la baisse des aides. Et cette fois, même les flottes d’entreprise pourraient traîner des pieds. La voiture électrique redevient un choix, non une obligation.
L’un des effets les plus tangibles serait une revalorisation des véhicules jusque-là menacés d’interdiction. Certains Crit’Air 3 ou 4, dont la cote avait fondu, pourraient remonter. Les acheteurs qui avaient anticipé leur remplacement à cause des ZFE risquent de l’avoir mauvaise. Et à l’inverse, ceux qui ont investi dans un véhicule récent pour respecter ces règles pourraient voir leur valeur résiduelle s’effondrer.
Le marché de l’occasion pourrait donc se rééquilibrer, mais pas forcément de façon rationnelle.
Sans cadre national, chaque ville reprendra la main sur la circulation automobile. Certains maires écologistes veulent déjà maintenir leurs ZFE sous une autre forme, en bricolant des arrêtés locaux. D'autres laisseront tomber toute restriction, par conviction ou par souci électoral.
Résultat : un patchwork illisible pour les automobilistes, surtout ceux qui bougent d’une agglomération à l’autre. Et une source potentielle de conflits juridiques autour de la légalité de ces mesures locales.
Ironie du sort, ce sont souvent les ménages les plus modestes qui respirent l’air le plus pollué. Les ZFE visaient, au moins dans l’intention, à protéger ces zones sensibles. Leur suppression risque de figer ces inégalités, voire de les accentuer. Les centres-villes pourraient redevenir des nœuds de pollution, sans mesure compensatoire.
La suite dépendra du vote définitif du texte de loi, des éventuels recours constitutionnels, et de la volonté du gouvernement de défendre les ZFE. Mais même enterrées, les restrictions ne disparaîtront pas complètement. Certaines villes iront au bout de leur logique, d’autres feront marche arrière. Et les automobilistes, eux, devront encore s’adapter à une législation mouvante, souvent incohérente, et toujours imprévisible.
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