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Convertir son auto thermique en électrique : bonne ou mauvaise idée ?

Dernière modification : 17/10/2025 -  4

La conversion d’une voiture thermique en électrique séduit de plus en plus, portée par des entreprises qui promettent un coût réduit et une installation rapide. L’idée paraît séduisante à première vue, mais la réalité technique et réglementaire est bien plus complexe. Voici un point complet sur les contraintes, les avantages et les limites de cette transformation.

Principe général

Le principe consiste à retirer le moteur thermique pour le remplacer par un moteur électrique, alimenté par une batterie installée dans la zone du réservoir d’origine. La boîte de vitesses est généralement conservée, afin de simplifier l’intégration mécanique et de réduire les coûts. Le moteur électrique est alors accouplé à la boîte, bloquée sur un rapport fixe. Cette méthode évite de devoir modifier le différentiel, mais elle n’est pas optimale sur le plan du rendement énergétique.

AVANT


APRÈS

Contraintes techniques

Intégration mécanique

Chaque voiture possède ses propres supports moteur et points d’ancrage. Cela signifie que chaque conversion nécessite des pièces d’adaptation spécifiques. C’est pourquoi seuls certains modèles peuvent actuellement être transformés. Les petites citadines à moteur transversal sont privilégiées, car leur architecture est plus simple. En revanche, les véhicules à moteur longitudinal ou à boîte automatique compliquent fortement la tâche. L’objectif est de limiter la durée d’intervention à environ 4 h, mais cela reste ambitieux pour certaines voitures.

Gestion des accessoires

Le retrait du moteur thermique entraîne la disparition de la courroie d’accessoires, qui entraînait autrefois la pompe de direction assistée, le compresseur de climatisation ou encore la pompe à vide du freinage. Il faut donc électrifier ces éléments. Les kits de conversion intègrent généralement un compresseur de climatisation électrique et des résistances PTC pour le chauffage. Ce système reste moins performant qu’une pompe à chaleur moderne et impacte l’autonomie.

Installation électronique

L’ajout d’un système de gestion et d’un écran de contrôle nécessite un travail d’intégration sur mesure. Les connectiques diffèrent selon les modèles, et l’interface doit dialoguer correctement avec le calculateur central du véhicule. Ce point impose un calibrage précis, notamment pour les indicateurs de charge et les aides à la conduite. La sécurité impose aussi que l’écran soit solidement fixé pour ne pas devenir un projectile en cas de choc.

Sécurité

La transformation d’un véhicule soulève des questions de sécurité importantes. Le compartiment moteur a été conçu pour se déformer de manière contrôlée en cas d’impact. Modifier ses volumes ou y insérer des composants électriques peut perturber ce comportement. Le positionnement et la fixation des batteries sont aussi critiques : elles doivent résister à des chocs pouvant dépasser 20 g sans rupture des cellules ni court-circuit. Enfin, la protection thermique et la coupure automatique du circuit haute tension sont obligatoires pour éviter tout risque d’électrocution ou d’incendie.

Performances et coûts

Les kits proposés aujourd’hui tournent autour de 5000 euros, avec une batterie d’environ 20 kWh. Cela permet une autonomie réelle proche de 100 km et une vitesse maximale d’environ 110 km/h. En ajoutant le prix du véhicule donneur, on dépasse souvent 10 000 euros. À ce tarif, une voiture électrique d’occasion, comme une Renault Zoe ou une e-208, reste plus performante et mieux optimisée. La conversion se justifie donc surtout pour un usage urbain ou pour prolonger la vie d’un véhicule sentimental.

Contraintes légales

En France, une telle modification nécessite une homologation. Le constructeur du véhicule doit donner son accord, et la voiture transformée doit repasser par une réception à titre isolé (RTI) auprès de la DREAL. Ces démarches ont pour but de vérifier la conformité du véhicule modifié aux normes de sécurité et d’émissions électromagnétiques. En pratique, ces procédures restent longues et coûteuses, freinant la généralisation du procédé. Des évolutions réglementaires sont toutefois en discussion pour simplifier les conversions encadrées par des professionnels agréés.

Avantages environnementaux

Le principal intérêt de la conversion réside dans la réutilisation du véhicule existant. Cela évite la production d’une nouvelle voiture, dont l’empreinte carbone peut atteindre 10 à 15 tonnes de CO? pour un modèle électrique neuf. Recycler une base existante réduit aussi la quantité de matières premières extraites. Le moteur thermique retiré doit néanmoins être traité comme un déchet industriel, dépollué et recyclé dans les filières spécialisées.

Bilan

La conversion d’une voiture thermique en électrique est une démarche techniquement faisable, mais encore limitée par les contraintes économiques et administratives. Les performances modestes et les difficultés d’homologation freinent sa démocratisation. Elle peut néanmoins représenter une solution vertueuse pour certains usages urbains, à condition que les pouvoirs publics soutiennent davantage cette filière émergente.

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