
Si c'est un sujet que l'on aborde de moins en moins, il reste important de comprendre la différence entre une huile monograde et multigrade, surtout lorsqu'on entretient un moteur ancien ou qu'on cherche à optimiser la lubrification à froid.

Tout d'abord l'appellation (norme SAE J300) est différente puisque l'huile monograde n'affiche qu'un seul indice. Exemple : SAE 40 pour l'indication à chaud (100 °C) ou SAE 10W pour l'indication à froid (-18 °C).
On aura donc le choix entre une huile « hiver » ou « été » afin de coller au climat. Il s'agit généralement d'huiles minérales, moins stables et sans améliorants d'indice de viscosité (pas de polymères VI). Les huiles de synthèse modernes sont, elles, quasi toujours multigrades.
La viscosité évolue plus vite avec la température qu'avec une multigrade. Concrètement, à chaud elle devient très fluide, à froid très épaisse. En hiver on choisira donc une huile plus fluide à froid (pour éviter la « gelée » au démarrage), et en été une huile plus visqueuse à chaud (pour garder un film porteur).
Les monogrades sont moins polyvalentes et imposent parfois de changer selon la saison. Elles nécessitent aussi des vidanges plus fréquentes car elles s'oxydent plus vite (moins d'additifs), génèrent plus de suies/boues et encrassent davantage le moteur.
Elle n'a généralement pas d'additif détergent comme on le trouve dans les multigrades. Les très vieux moteurs conservent souvent des dépôts internes qui participent à l'étanchéité des segments. Un détergent moderne peut décoller ces suies, les faire circuler dans le circuit d'huile et abîmer des organes comme les coussinets de bielle.

C'est l'huile moderne (depuis les années 60) que l'on connait tous, du type xxW-xx. On a donc un indice de viscosité à froid et un indice à chaud (100 °C). L'idée est d'offrir, dans un même bidon, le comportement de deux monogrades au fil des températures.
La viscosité varie ici de manière plus progressive grâce aux améliorants d'indice de viscosité (polymères VI). Le but est d'être très fluide à froid pour pomper vite au démarrage, tout en restant suffisamment épaisse à chaud pour garder un film protecteur et évacuer la chaleur.
On a donc plutôt affaire à de la synthèse ou semi-synthèse. Les minérales peuvent être rendues « un peu » multigrades via les additifs, mais leur fenêtre utile reste plus étroite. Les huiles modernes embarquent aussi un pack d'additifs (antioxydants, anti-usure, dispersants, anti-mousse...).
Exemple : une 0W-40 sera très fluide à froid et affichera une viscosité de grade 40 à chaud. A l'inverse, une 25W-20 sera plus épaisse à froid (démarrage plus difficile, pompage plus lent) et trop fluide à chaud, ce qui amincit le film et la capacité à dissiper.
Pour situer les chiffres, la SAE J300 fixe des seuils mesurés :
Traduction concrète : un 0W pompe mieux à très froid qu'un 5W, et un grade 40 gardera un film plus épais qu'un 30 à 100 °C. Le revers, c'est la sensiblité au cisaillement des polymères VI : une multigrade bas de gamme peut perdre de la viscosité à chaud en vieillissant.
Oui et non...
Oui, sur le papier : fenêtre d'usage large, protection à froid et tenue à chaud supérieures. Mais la « meilleure » huile est surtout celle qui correspond au moteur et à ses jeux internes. Un ancien moteur prévu pour monograde/peu d'additifs peut mal réagir à une huile moderne trop détergente (risque de décoller des dépôts scellants). Mettre une huile moderne haut de gamme dans une ancienne peut donc être néfaste malgré des propriétés supérieures sur le papier.
Essayons de faire un lien entre une huile monograde et une huile multigrade pour clarifier : les deux utilisent les mêmes indices SAE, simplement la multigrade couvre une plage plus large.
Par exemple, une 5W-40 agit à froid comme une SAE 5W (monograde) et à chaud comme une SAE 40. Quand il fait chaud (moteur à température), elle se comporte comme une 40 ; à froid, comme une 5W, donc plus liquide pour alimenter vite les paliers.

Voici l'exemple en image
On suit les préconisations constructeur et on ajuste à la marge au climat : si hivers très froids, on peut viser un W plus petit (ex. 0W au lieu de 5W). Si climats très chauds/charges élevées, on peut viser un grade à chaud plus élevé (ex. 40 au lieu de 30), tant que la norme du carnet est respectée. Un bon choix d'huile, c'est 50 % de norme, 40 % d'usage, 10 % de superstition... et un brin d'oreille mécanique.
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