C'est un exercice très compliqué qui l'est d'autant plus quand on nous attend au tournant ... En effet, proposer pour la première fois un SUV dans une gamme de voitures de sport (et même supercars), surtout quand on s'appelle Ferrari, est un jeu d'équilibriste pas du tout évident à réaliser ! Surtout que les haters les attendent au virage ...
Ferrari a toutefois usé de nombreuses astuces intelligentes pour mieux faire passer la pilule, et c'est ce que nous allons voir ici. Car rappelons aussi qu'il va falloir rivaliser avec l'Urus qui, avouons-le, a assuré le coup comme il était peu probable de le faire. L'exercice pour Ferrari était donc encore plus compliqué, avec comme mission d'être au moins aussi bien que le Lamborghini.
Commençons tout d'abord par la dénomination très osée, à savoir "pur sang". Si il y a bien un modèle sur lequel j'aurais évité cette nomenclature, c'est bien sur un SUV ...
Mais on a bien compris que le but ici était justement de compenser le fait que le gabarit ne fasse pas très Ferrari, et cela en forçant un peu le trait grâce à ce nom.
Malgré tout, cela semble quand même un peu malvenu car cette appellation a plus un but marketing et psychologique plutôt qu'une volonté de trouver un nom qui serait plus désintéressé et donc plus "naturel".
A n'en pas douter, ce Ferrari Purosangue est un produit ultra marketé qui a été très réfléchi et calculé, avec probablement plus d'ambitions commerciales que passionnelles ...
C'est un choix osé que d'avoir dédié l'écran multimédia au passager uniquement ...
Cette molette est multifonction et peut se déployer
On peut dire que les Italiens ont été rusés sur ce coup, car au delà de paraître encore plus sportif et élancé qu'un Urus, le Purosangue (qui cherche clairement à reprendre le style de la Roma qui cartonne au niveau des ventes) fait moins massif et empoté que son concurrent (on est quand même ici à 2033 kg à vide, et plutôt 2150 kg en ordre de marche. Ferrari communiquant de manière appuyée sur la plus faible valeur, pas très fair-play).
Pour cela, la marque au cheval cabré a enchainé les astuces pour faire oublier le plus possible qu'il s'agissait d'une SUV.
Tout d'abord la ligne, elle est élancée tout en essayant de mimer l'allure d'un coupé de type GTC4 Lusso. Et pour le coup, ceux qui aiment les allures de baroudeur resteront sur leur faim, et estimeront probablement qu'il y a peu d'intérêt de faire un SUV si ce dernier ne doit être qu'une Roma/GTC4 perchée haut sur pattes (certes on profite d'un poste de conduite en hauteur, mais c'est bien ce qu'on cherche généralement à éviter dans une Ferrari, et plus généralement dans une voiture de sport). Je trouve pour ma part la ligne plus intéressante que sur une Roma, car le profil est ici plus creusé/sculpté et caractériel (et pour tout vous dire je trouve la Roma banale et peu attirante bien que son petit côté rétro à la manière d'une Type E d'époque puisse plaire).
Cette ligne est donc ici particulièrement élancée et sportive grâce à la dissimulation des poignées de portes à l'arrière, et cela grâce à l'ouverture antagoniste des portes façon Rolls Royce. Difficile de croire que tout ça fait 5 mètres de long (4.97 exactement) !
Ce type de porte amène à la fois du standing (cf Rolls) tout en respectant l'âme sportive de l'auto (cf RX-8), c'est donc tout bon même si à l'usage ça doit finir par fatiguer (mais bon, quand la frime est votre priorité on est capable de faire des sacrifices ... C'est un peu le côté pathétique de certaines supercars au passage).
Pour faire oublier encore plus son côté SUV, l'intérieur a été aménagé dans l'objectif de le masquer le plus possible, avec notamment 2 places à l'arrière au lieu de 3. On est ici loin d'un aménagement typé utilitaire et pratique.
N'oublions pas non plus la manière dont a été intégré le becquet arrière, avec une lunette arrière creusée qui confère de la sportivité et de l'originalité (ça fait aussi oublier que c'est un SUV encore une fois).
Pour résumer, l'avant et l'arrière rappellent la Roma alors que le profil (surtout le vitrage) tient plus de la GTC4 Lusso.
Côté moteur la marque a semble-t-il été trop loin ... En effet, pour le moment c'est le 6.5 V12 atmosphérique (si caractéristique) qui a été choisi pour le lancement. Il semble clair qu'il a pour objectif de gagner le concours de quéquette en voulant avoir la plus grosse, et ça montre aussi une sorte d'immaturité dans le choix technique (ou alors une étude de marché qui prouve qu'il fallait faire ainsi).
Car si il s'agit probablement d'un des meilleurs moteurs du monde, il convient ici bien moins que le V8 de base de la marque (celui qu'utilise les berlinettes de base, ainsi que la Porto Fino). Le V8 aurait été bien plus intéressant car il aurait rendu le Purosangue bien plus polyvalent (consommation et couple à bas régime en raison du turbo) et maniable (poids et répartition des masses, et à ce propos la boîte allemande Getrag est à l'arrière façon transaxle).
Il me semble donc que le lancement se fasse avec le V12 pour gagner le concours de quéquette vis à vis de la concurrence, et donc s'offrir une image forte auprès de tous les "immatures" (je le suis aussi beaucoup mais j'ai des limites) qui cherchent à avoir l'engin le plus puissant et le plus vorace (car on vit une drôle d'époque où les gens sont fiers de consommer plus de 20 litres au 100 km, même si au final cela démontre un rendement pitoyable de leur mécanique). On retrouvera une bonne partie du troupeau aux alentours de Monaco, qui concentre donc beaucoup de gens aisés dont l'argent a siphonner le crâne de sa matière grise (les époques faciles créent des gens fragiles et impotents, et l'argent amène cette facilité). Mais là je m'égare et je tombe dans les clichés stigmatisant et réducteurs (car il y a une petite portion qui se détache du lot).
Bref, mécaniquement parlant le V12 de 725 ch (3.3s le 0 à 100 et 310 km/h) a été mis au point pour passer devant la concurrence gratinée : Bentayga Speed et Urus Performante. Peut-être que la marque souhaite gagner quelques quelques combats en dehors de la F1 ? Histoire de ne pas trop cultiver "la loose" sur tous les terrains, car avouons que la F1 dessert leur image ces derniers temps (ballot quand on sait ce que ça coute ! Alors payer pour se dégrader doit faire mal pur le moral ...).
On reprend ici le système 4X4 Ferrari très atypique que Clarkson avait largement critiqué par son manque de feeling en glisse. La marque a donc gardé ce système un peu usine à gaz (PTU), car de toute manière il aurait couteux d'en redévelopper un. En gros on a ici deux boîtes, une à l'avant et une à l'arrière sachant que l'avant n'a que deux rapports qui peuvent gérer que les petites vitesses. Notez toutefois que le PTU avant a été revu avec notamment l'adjonction
Le but ici était donc de mettre un maximum d'éléments à l'arrière pour contrebalancer le poids du moteur situé à l'avant (presque central avant, à savoir à cheval sur le train avant), et on comprend alors mieux pourquoi le coffre se limite à 473 litres (pour un véhicule de 5 mètres de long ! Vous avez dit médiocrité ? Oui c'est un peu toujours la même rengaine sur ce genre de voitures, et on comprend alors mieux pourquoi les influenceurs "blindés" se dotent désormais plus d'Allemandes que de supercars italiennes).
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Par Marshall TOP CONTRIBUTEUR (Date : 2022-10-01 11:40:44)
Je n'ai jamais grandement apprécié les panzers routiers mais je dois reconnaître que ce Ferrari Purosangue me laisse sur le c*l. L'avant est encore un chouïa agressif (mais ce sont les goûts de la clientèle qui veulent ça, nous vivons dans un monde de compétition et les voitures en sont plus que jamais le reflet) mais le profil est pour moi une vraie réussite : pas d'arètes superflues, des lignes creusées qui donnent une certaine impression de muscle et de mouvement. Par rapport à son concurrent le Lamborghini Urus, ce sont 2 écoles qui s'opposent : l'un mise tout sur les arêtes vives, l'autre privilégie les galbes et flancs creusés. Au final, je penche clairement pour la version Ferrari qui parvient à donner un peu d'émotion à un gros machin 4 places. Pour moi, c'est le premier à y parvenir. Le Urus est paraît être une caricature de style Lamborghini appliqué sur une bétaillère.
Le revu et peu original Porsche Cayenne, le transparent et obsolète DBX et l'hideux Bentayga (subjectif) et le besogneux Cullinan (ils ont juste placé les gimmicks RR sur une silhouette de SUV lambda) sont hors jeu au niveau du style.
Quant au moteur V12 atmo, "une étude de marché prouve qu'il fallait faire ainsi". Je pense que c'est ça la bonne réponse car le Purosangue est tellement prisé que Ferrari a du bloqué le carnet de commande afin de limiter le nombre de modèles en circulation et conserver son image d'exclusivité. Je connais des marques qui rêveraient d'avoir de tels problèmes à gérer.
Si les constructeurs aiment les concours de zezettes, les clients ne sont pas en reste, loin de là.
Sinon, j'aime beaucoup l'esthétique -aérienne- du tableau de bord. Là, pareil, le Lamborghini Urus (dont la filiation avec les Audi Q7 et Q8 est palpable) est à mon sens dépassé.
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