Pourquoi s'embêter à viser un segment de marché si un modèle peut tous les incarner à la fois ?
C'est semble-t-il le pari osé que Stellantis tente avec cette 408 (qui se positionne en dessous d'une 508, avec 4m69 ici contre 4m75 sur la berline), et ceci avec plus d'intensité que sa fausse jumelle la C5X (car reconnaissons que c'est à la limite du rebadgage).
Le cahier des charges semble donc avoir été de concevoir une auto qui mêle coupé, berline et SUV, rien que ça ! Le résultat ? Une créature de Franckeinstein qui déboussole clairement.
L'époque tend à casser traditions et les règles ancestrales, et c'est semble-t-il une tendance que cherche aussi à insuffler Peugeot dans sa gamme (ce qui n'est pas pour me déplaire).
Et si le phénomène est en voie d'expansion sur les voitures électriques, qui réduisent les contraintes techniques (induisant de nouvelles morphologies), c'est assez inédit sur les thermiques dont la 408 fait partie (il y aura une version électrifiée mais ça reste avant tout un base de thermique EMP2).
Chacun y verra donc ici ce qu'il veut, et il n'y a pas unique segment à attribuer à cette auto. La ligne de coupé est là (mais pas les 3 portes évidemment), la garde au sol de SUV aussi (19 cm) et enfin le gabarit de berline 5 portes à hayon est aussi présent. Manque plus qu'à être aussi une citadine mais là c'est le principe même de la logique qu'il faudrait enfreindre.
Reconnaissons donc que cette 408 mêle habilement les prestations de ces trois formats, avec un coffre de 536 litres qui dépasse celui du 3008 et ses 520 litres (on pourra toutefois mettre plus de choses dans le 3008 en raison de l'espace accru entre la plage arrière et le ciel de toit).
Non, au delà de ce style novateur et ambitieux, c'est surtout l'affiliation stylistique trop proche de la C5X qui peut poser problème, exactement comme les 508 et DS9 qui ont aussi manqué de se démarquer.
C'est certes un phénomène devenu courant, mais il ne faut alors pas que les marques se plaignent d'un déficit d'image sur les modèles concernés, car cela induit un trouble identitaire indéniable.
Et pour finir sur le design de la 408, j'ai tendance à apprécier ces nouveaux types de formats innovants, mais je reste un peu circonspect par l'allure un peu lourde sous certains angles et la ressemblance avec les anciennes Citroën CX, ce qui rappelle au passage l'allure de la dernières C4. La réalisation aurait pu donc être perfectionnée, avec notamment une garde au sol réduite qui aurait mieux assis l'auto sur la route.
Les jantes ont attiré beaucoup l'attention car leur effet de style est à la fois remarquable mais aussi techniquement très contraignant.
Oui, il y a bien eu une belle perte d'énergie (développement compliqué en raison de l'asymétrie et le déséquilibre des masses) importante sur ces organes pourtant anodins. Il y a donc intérêt que tout le reste ait été parfaitement fiabilisé car il serait dommage et idiot d'avoir perdu autant de temps pour de simples jantes. Et d'ailleurs, pourquoi vouloir se compliquer la tâche en imposant une morphologie non adaptée à l'usage (et pourquoi ne pas tenter de faire des roues carrées ?...) ? Le style est certes important d'un point de vue commercial, mais aller jusqu'à ce point semble presque démonter un manque de rationalité et une envie de perdre son temps inutilement. Car avouons que le style risque de ne pas plaire à tout le monde et qu'au mieux il laissera vite indifférent (les consommateurs modernes ont trop été stimulés, et il devient difficile de les étonner).
Bref, beaucoup de sueur pour si peu, sachant que les consommateurs réclament avant tout des produits fiables et bien conçus.
L'intérieur reprend celui de la 308, rationalité oblige en cette période de crise (ou plutôt de pré-crise), mais cela n'aidera pas à valoriser la 408 qui aurait semble-t-il pu mériter le standing d'une 508. A voir la stratégie tarifaire pour voir si c'est cohérent.
C'est donc prévu et ça paraît couler de source à l'heure actuelle.
Toutefois, il faut espérer qu'on ne se retrouve pas avec la chaîne de traction qu'on peut voir actuellement sur les électriques du groupe Stellantis, car la 408 ferait un peu de peine d'être une traction électrique avec seulement 136 ch et 46 kWh de batterie utile. Il me semble que ce serait une humiliation de taille qui viendrait achever l'image de marque du groupe côté voitures électriques.
Les hybrides étant motorisées par l'arrière (HYbrid4 et non HYbrid2 évidemment), on peut donc espérer que ce sera une propulsion animée par une nouvelle batterie inédite. Mais pour cela il faudra équiper la belle d'un train arrière multibras, ce qui est loin d'être garanti (le C5X est en semi-rigide).
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Dernier commentaire posté :
Par Marshall TOP CONTRIBUTEUR (Date : 2022-07-07 18:42:29)
Pour ma part, je trouve au contraire que l'affiliation avec la C5X a été efficacement gommée. Ce qui me choque le plus, c'est.... pourquoi le vitrage latéral a la même forme que celui de la DS4 II ?
Malgré tout, au risque de regretter mes spéculations à posteriori, je pense malgré tout que le Peugeot 408 se vendra très correctement, si ce n'est très bien (du moins en France). En 2017, je me rappelle que certains observateurs automobiles ont évoqué au sujet du 3008 II un style un peu trop complexe. Cela ne l'a aucunement empêché de se vendre.
Ce 408 est dans la même veine, dans l'agressivité exacerbée et son format de carrosserie est une nouveauté chez Peugeot (et encore suffisamment rare chez les généralistes pour faire son petit effet). Vu de derrière, il peut faire penser au Urus de Lamborghini. Au final, je me dit que c'est une tentative pas forcément perdante et plutôt pertinente (commercialement parlant, de mon pdv personnel, les SUV ne sont pas mon parfum favori) pour garder un pied sur le marché des "modèles grande taille".
Certains ici parlent de SUV berline, cela devant être du à son unique zéro dans le nom plus qu'à sa ligne. Pour ma part, j'y vois un pur SUV. A mon avis, s'ils appellent 408, c'est certes en partie par ce qu'un nom de berline apporte une évocation flatteuse de cachet et de dynamisme, mais aussi parce que le 4008, il a déjà existé... sans vraiment exister justement puisque ce pâle clone de Mitsubishi ASX vendu à des tarifs démentiels (plus cher qu'un Tiguan de l'époque) tout en gardant le même intérieur fruste que le japonais a vécu toute sa carrière dans l'anonymat le plus strict. Le genre de modèle que Stellantis n'a pas trop envie de ressortir de la tombe.
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