Gros succès des années 90 et 2000 où le monospace était roi, le Scenic devait normalement partir à la retraite dès la fin de carrière de la génération actuelle qui a été décimée par le tout SUV tant à la mode. Il n'en n'est finalement rien si on en croit la communication de la marque au losange ...
Rappelons que le Scenic a toujours été une déclinaison familiale de la Mégane (châssis commun), avec une philosophie qui était de proposer quelque chose de très rationnel, à savoir une belle logeabilité avec un encombrement limité (le tout avec un prix contenu qui vise une classe moyenne en quête de praticité, mais aussi d'un minimum de raffinement).
A n'en pas douter, le style est réussi mais il rappelle le regard DS ... Gilles Vidal étant un ancien de chez Peugeot (et donc PSA/Stellantis), il est finalement peu surprenant de voir ici des airs de famille avec les produits de son ancien employeur. Il est toutefois osé d'avoir des signatures lumineuses façon griffes de lion ! Mais tout artiste a un style dont il est difficile de sortir, et c'est aussi le cas chez les plus grands
D'abord long de 4m17, il a ensuite évolué vers les 4m26, 4m35 puis 4m41 pour le Scenic 4. Cette nouvelle génération , dans son étant de concept, s'affiche à 4m49, soit l'évolution qu'on peut voir habituellement (si on anticipe, en 2100 il devrait faire la taille d'un joli bus scolaire, et il y aurait aussi un lien à faire avec l'inflation ... Car rien de mieux pour justifier un prix plus important que de faire grimper la taille et le poids du produit vendu). De plus, et comme c'est la tradition, il s'agit ici d'un dérivé plus encombrant que la Mégane 5 électrique E-tech qui repose donc elle aussi sur la plateforme CMF-EV. On est donc assez conservateur au niveau de la stratégie.
Comme mon titre principal l'indique, ce véhicule concentre beaucoup de choses qui me semblent bancales, et je vais donc vous exposer cette liste assassine ... Et si Luca De Meo semble particulièrement sympathique, il ne faut toutefois pas taire les vérités relativement négatives à l'encontre de certains des produits qu'il commercialise ou commercialisera.
Commençons tout d'abord par l'appellation. Comment en 2022, en pleine transition technologique et marketing, peut-on reprendre l'appellation d'un modèle qui inspire le passé et la ringardise ... Car avouons-le, les termes Mégane et Scenic inspirent plus des modèles surannés et dépassés que la modernité et l'avenir. Comment un service marketing peut utiliser ces nomenclature pour nommer des véhicules en totale rupture stylistique, technique et même morphologique ? Les choses semblent claires si on veut chercher à comprendre le pourquoi du comment, le potentiel de vente (d'après leurs études de marché semble-t-il) est a priori concentré vers la clientèle captive déjà fidèle depuis de nombreuses années. Le potentiel au niveau conquête de nouveaux prospects semble donc très limité, car dans le cas inverse le losange aurait tenté de jouer la modernité et le changement plutôt que de reprendre des noms qui sont avant tout là pour rassurer des personnes plus âgées qui auraient peur de se lancer dans l'électrique (et dans ce contexte, un bon vieux Scenic rassurera plus que si il arborait un nouveau nom).
De plus, en passant d'un monospace à un SUV (si on peut appeler ça un SUV ...), la perte de philosophie réduit encore plus la pertinence de garder cette dénomination. Car il n'y a ici plus rien en commun avec l'idée d'origine du Scenic, et ce nom lui desservira potentiellement plus que l'inverse.
Et sans avoir pris les mesures, on voit clairement que l'engin n'a plus du tout les prétentions pratiques des anciens modèles, il ne s'agira que d'une grosse Mégane électrique avec un peu plus d'espace à bord (qui restera probablement moins intéressant qu'un Scenic 1 pourtant bien plus court). La proximité sera donc probablement plus importante avec la Mégane que sur les générations précédentes.
Quant aux artifices, tels que l'intérieur ultra épuré et l'ouverture des portes antagonistes, il faut bien évidemment oublier tout ça sur le modèle de série à venir. Un concept-car doit adopter les codes habituels si il veut attirer un peu l'attention, bien qu'on se lasse et s'habitue de voir toujours les mêmes choses ... Car comme sur les véhicules de série, les constructeurs se pompent toujours plus les uns les autres, cela évite de devoir inventer et stimuler la créativité (coûteuse en énergie et nécessitant des talents).
Au niveau technique on peut dire que Renault a joué les grosses économies et la fainéantise ... En effet, oser reprendre une plateforme digne du siècle dernier pour ses produits censés amener le future dans la gamme reste décevant. La fameuse CMF-EV n'est finalement qu'une plateforme de traction thermique recopnvertie. Pour preuve, sa motorisation avant qui prend place de la même manière qu'un moteur thermique. Toute voiture électrique conçue comme telle met son moteur principal à l'arrière et éventuellement un deuxième à l'avant, pour les versions plus sportives ou qui cherchent à proposer une transmission intégrale. Sachez donc ici que Renault est loin d'atteindre ce que propose un VW ID4 (son concurrent direct) qui a décidé de se baser sur une architecture 100% nouvelle (enfin presque, on ne repart jamais de zéro) et adaptée à l'électrique.
N'espérez donc pas de grosses puissances, un peu comme avec la Mégane électrique, car sur l'avant le potentiel reste limité.
Donc si Renault veut accroître ses marges sur ses produits (rappelez-vous Renaulution), elle cherche aussi en parallèle à réduire largement ses coûts de revient. Et si cela se comprend, celui qui paiera le vent qui se situe entre les deux (la marge) c'est vous chers clients ! Mais de toute manière il est peu probable que les gens s'en rendent réellement compte, car même les journalistes n'y voient que du feu (il faut que j'arrête de taper sur eux car je vais me faire détester ! Mais qui aime bien châtie bien ne dit-on pas ?).
Le Scenic se la joue du genre hybride en cumulant électrique et hydrogène. En réalité il ne faut surtout pas parler d'hybride, car une voiture à hydrogène est une voiture électrique dotée d'une pile à combustible. Ici, dans sa version concept, il ne s'agit que d'une "banale" voiture à hydrogène dans laquelle la batterie tampon a été calibrée plus gros, ce qui donne l'impression d'avoir une voiture hybride. Bien évidemment, la communication joue un peu sur les mots pour essayer de véhiculer cette image d'hybride du futur qui combinerait électrique et hydrogène, et les journalistes à tomber dans le panneau sont nombreux. Il faut dire que ce sont généralement des perroquets qui font intégralement partie de la machine à communiquer (et en plus ça les arrange de ne pas avoir à réfléchir, car réfléchir c'est quand même énergivore en neurones).
Comble de la bêtise, l'hydrogène dans les voitures particulières n'a aucune viabilité, et Renault joue donc sur les connaissances fragiles du public (mais c'est de bonne guerre, car le public ne fait pas grand chose pour se munir). Car en réalité c'est plutôt du côté des utilitaires et machines de plus gros calibre qu'il peut y avoir un intérêt (j'ai bien dit "il peut", rien n'est encore clairement défini). Le Scenic hydrogène est donc avant tout là pour promouvoir cette gamme d'utilitaires il me semble, car il sera bien commercialisé en 100% électrique. Et heureusement, car avec une pile à combustible qui servirait de prolongateur, il ne resterait plus beaucoup d'espace dans l'engin ... Et on atteindrait le comble de l'aberration.
A lire : pourquoi la voiture à hydrogène n'est pas viable
C'est l'un des points sur lequel la communication appuie particulièrement (avec les chiffres de 70% de matériaux recyclés et 95% recyclables). Renault veut ici se doter d'une image verte façon Greenwashing, c'est à dire qu'ils appuient un peu trop sur le trait sans que la réalité des faits ne suive ... Cela sur deux axes : l'hydrogène (en réalité pipeau) et le recyclage intensif qui relève plus de la théorie que de la réalité la plus stricte.
On brasse donc surtout du vent, mais c'est le jeu du marketing de toutes les marques, car il est facile d'orienter les esprits peu éduqués et spongieux (qui absorbent tout ce qui traine, même les inepties les plus aberrantes).
Pour le savoir il faut aller voir du côté de la Mégane électrique (retrouvez ici les fiches techniques Renault électriques), à savoir une plateforme à moteur transversal reprises des Renault passées dotée de moteurs qui est aux alentours des 220 ch et deux batteries qui vont de 40 à 60 kWh, du modeste comme je l'ai déjà énoncé plus haut.
Que ce soit techniquement ou "marketinguement" parlant, ce Scenic du futur me paraît prendre des risques inutiles (motivés par l'avarice ?). A une époque où la concurrence est à la fois féroce et très inspirée, cumulée à une crise générale qui va réduire les volumes de ventes de manière drastique (le pire est à venir sans jouer les oiseaux de mauvais augure), faire ce genre d'erreur peut être fatale me semble-t-il. Bien entendu, je ne suis rien ni personne face à une équipe Renault en charge des études de marché. Mais malgré tout il y a certains carences qui sont faciles à déceler même du point de vue d'un journaliste moyen comme moi ... Et comme on peut désormais échouer avec des produits réussis (crise, hyper-concurrence etc.), cela est d'autant plus possible lorsqu'ils sont pénalisés par des lacunes techniques et d'image.
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Dernier commentaire posté :
Par Flrnt (Date : 2022-10-05 17:36:06)
Pour la réutilisation du nom, ça s'est bien passé pour les 3008 et 5008 en passant de monospace à SUV et pour le Ford Puma aussi, donc au final, pourquoi pas 🤷
Sinon, pourriez-vous m'expliquer en quoi utiliser une architecture avec un moteur avant est un problème ?
C'est peut-être parce que je n'y connaît rien, mais passer à la propulsion comme chez VW me donne seulement une impression de perte de place. Avec un moteur à l'arrière et malgré tout un compartiment technique sous le capot et pas de coffre supplémentaire malgré l'espace gagné.
Et même si on peut regretter le but de mieux pigeonner les consommateurs avec la "Renaulution", des moteurs de 220ch me semble plus que suffisant pour le grand public (dont je fais partie, malgré un côté geek) et plus serait inutile vu que Renault ne saura de toute façon pas attiré des clients habituer à de puissants moteurs allemands 🤷
(sinon j'ai découvert votre site il a quelques jours et prend un grand plaisir à le parcourir)
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