Alors que Tesla était méprisé par la concurrence il y a encore une demi décennie, force est de constater que le petit poucet a désormais mis un sacré bazar dans le monde de l'automobile ... En effet, depuis la sortie de la Model 3 et de l'impact qu'elle a eu au niveau commercial (mais aussi et surtout au niveau de la capitalisation de la marque qui est désormais en pleine bulle), il faut croire que toutes les marques ont été piquées au vif ! Entre copies diverses et explosion du nombre de voitures électriques (certes aussi diligentée par les objectifs de réduction du CO2), on peut dire que Tesla a surtout changé le marché automobile par son influence et ses idées (plus que par ses ventes en tout cas !).
Le concept initial
Il est donc raisonnable de conclure que l'existence de la Mercedes EQS, comme la lignée des EQ d'ailleurs, est directement liée à la marque américaine. Qui aurait pu en effet croire de telles métamorphoses techniques et stylistiques des modèles Mercedes actuels ? En instaurant de nouveaux codes, Tesla a décoincé les marques historiques qui avaient de plus en plus de mal à renouveler le concept même de voiture (qui prenait largement la poussière). La réponse était finalement simple, il fallait simplement faire un croisement entre les ordinateurs et les voitures, à savoir numériser l'interface homme / machine et utiliser le même carburant que nos outils multimédia (de l'accumulateur au lithium). Et si ça paraît aujourd'hui évident, c'est bien Musk qui a osé le faire en premier (et en mettant "all in" avec ses pépettes).
Les marques allemandes étant habituées à "leader" le marché, elles semblent se sentir vexées et humiliées par un petit constructeur sorti de nulle part.
Plus qu'une réponse, on peut dire que Mercedes a sur-réagi à tout cela, l'EQS étant la preuve ultime. En effet ce modèle ne se limite pas à être une Classe S électrifiée, c'est carrément un concentré de toute l'énergie que pouvait mettre la marque dans un modèle, sans doute même plus que dans une Project One ...
La sur-réaction est telle qu'on ne peut pas dire qu'il s'agisse d'un modèle concurrent de la Model S, c'est bien au dessus (prix, prestations, encombrement) ! Il n'y a même aucune concurrence face à ce genre d'engin pour ainsi dire ... L'objectif semble en effet de proposer une voiture qui surpasse tout ce qui existe, avec un excès qui montre à quel point la marque à l'étoile était remontée ! Pour ma part j'y vois une marque de faiblesse, car cette sur-réaction montre que l'étoile a eu peur (ce qui n'est pas une marque de confiance en soit).
5.21 mètres, batterie de 108 kWh, planche de bord digitalisée au maximum, la surenchère en devient même caricaturale. A un tel point qu'on se demande qu'elle sera le débouché commercial, car à part quelques NewYorkais et des Dubaïotes fortunés habitant des villes vastes, il ne sera pas évident d'écouler de l'EQS. Il semble donc bel et bien que ce modèle se cantonne à rester avant tout un véhicule image destiné à prouver la supériorité de la marque (même si ici on parle plus de surenchère que de supériorité ...), cela afin de retrouver ses lettres de noblesse.
Plusieurs déclinaisons seront de la partie, avec deux intérieurs : une qui reprend l'instrumentation de la dernière Classe S et une autre qui offre cette planche de bord inédite à trois écrans.
Les deux premières versions auront au choix une batterie de 90 ou 107.5 kWh, de quoi faire 770 km pour la plus grosse selon Mercedes (donc 500-550 bornes en réalité en mixte à rythme normal). C'est du costaud même si on semble en dessous de ce que vont proposer les futures Model S Plaid et Cybertruck trônant en haut de la gamme. Le Cx bat quant à lui les modèles de Tesla avec pas plus de 0.2 de cœfficient (reste cependant à connaître le sCx ...).
Avec ces proportions inédites, cela en raison de le perte des contraintes liées aux voitures thermiques, on découvre un style très atypique qui fait un peu penser dans l'esprit à celui de certaines Rolls : lignes/proportions très typiques et statutaires (jouant sur la longueur démesurée des carrosseries) et le ratio longueur capot/habitacle/porte-à-faux qui se distingue des carrosseries habituelles (sans oublier les carrosseries bi-colores typiques des Rolls). A n'en pas douter, l'EQS marque les esprits avec son profil tout particulier, mais celui-ci aide aussi un peu à l'aérodynamisme en raison de sa forme qui se rapproche de celle d'une goutte d'eau (qui reste donc optimale bien qu'on ne puisse que l'approcher et non l'égaler pour des raisons de style).
On peut en revanche largement pester contre les choix stylistiques au niveau des faces avant et arrière, avec une calandre de verre typique de la gamme EQ. Cette dernière n'a tout simplement aucune qualité esthétique, car même si cela reste subjectif, à un certain stade ça en devient objectif !
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L'intérieur fait quant à lui un sans faute, à la fois à la pointe sans tomber dans le tout écran façon moniteur de bureau. C'est moins le cas pour la version d'entrée de gamme qui intègre moins bien les écrans (surtout pour le combiné d'instrumentation).
La qualité des matériaux est aussi moins mise en valeur avec toutes ces surfaces plates et dures destinées à incorporer les dalles numériques, une tendance qui se généralise.
Comme toujours Mercedes démarre ses nouvelles gammes par le haut, c'est encore le cas ici où l'on peut même dire qu'on évolue à très haute altitude ... A tel point qu'il est étrange que ce ne soit pas le badge Maybach qui l'ait accueillie (surtout avec la livrée bicolore proposée). La marque à l'étoile finirait-elle par penser que ce blason porte la poisse ?
Le concept Maybach à Francfort 2017 nous montrait un peu la voie
Ce modèle n'est donc pas vraiment destiné à se vendre, mais plutôt de nous montrer ce que l'on va retrouver sur les gammes inférieures. Et si les EQA, EQB et EQC sont encore maladroits, il semble bien qu'on finisse par voir débouler des plateformes 100% électriques (et non pas le réemploi de plateformes de thermiques) plus efficientes et généreuses en kWh comme c'est le cas avec cet EQS. Car pour le moment, ce que nous propose Mercedes en tout électrique n'est guère très convaincant en terme d'efficience et d'autonomie (en ces débuts précaires de la super-recharge publique, il est plus rassurant d'avoir une grosse batterie), sans oublier un style douteux qui semble clairement indiquer la volonté de limiter la croissance de ce nouveau segment.
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Dernier commentaire posté :
Par Valérie Bougresse (Date : 2022-04-11 23:46:41)
Cette voiture est-elle vraiment faite pour la route ou n'est ce pas plutôt encore un concept marketing ? En laissant de côté l'aspect pouvoir d'achat, qui osera mettre un tel engin sur la route au quotidien ? Qu'est ce que c'est que cet OVNI ? Est ce le conducteur qui va d'un point A à un pont B, ou est ce la voiture qui condescend à vous faire l'honneur de monter à bord dans le simple but de rouler un peu ? Les Tesla semblent encore humaines voire frustres à l'intérieur, là c'est la quatrième dimension, le véhicule des rencontres du III ème type. Je serais curieux de connaître le carnet de commande, et les
chiffres de vente. Les EQ type gros 4X4 ont mis beaucoup de mal à démarrer avec des chiffres ridicules, et ne figurent toujours pas en tête des ventes des VE. En outre, des rappels inquiétants. Les constructeurs ne se rendent pas compte qu'ils mettent sur le marché des voitures que plus personne ne peut acheter ou utiliser sans crainte. Une démence rationnelle d'ingénieur.
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Par Marshall TOP CONTRIBUTEUR (Date : 2021-06-18 16:23:37)
Que ce soit dedans ou dehors, cette Mercedes-Benz EQS divise mon opinion.
Niveau carrosserie extérieure, je ne saurais encore dire si la silhouette de la EQS est belle ou non mais je suis ravi que Mercedes ait profité de l'électrique pour sortir du carcan de la tricorps traditionnelle et proposer une forme optimisée et rien que pour ça, l'impression est très positive. Par contre, et là on se rejoint, ces fausses calandres en toc noir, je n'aime pas ça. On gagnerait en pureté (et donc en esthétique) à ne pas en mettre.
Pour l'intérieur, d'un côté, je désapprouve ces immenses écrans qui occupent tout le poste de conduite, mais de l'autre, le reste de l'habitacle est pour moi très joli (les écrans mieux intégrés que dans la nouvelle Classe S.
Petit détail qui pourrait faire tiquer les acheteurs soucieux de l'exclusivité : les jantes communes avec le petit EQA.
Si sur à l'extérieur, on peut retrouver un peu d'esprit RR, on peut constater que les démarches sont totalement opposés à l'intérieur. Rolls-Royce fait souvent le choix de ne pas mettre les écrans en avant, voire de les dissimuler derrière des cloisons amovibles, ce afin que les intérieurs traversent le temps et ne souffrent pas du vieillissement lié à l'obsolescence de la technologie embarquée. Mercedes-Benz, lui, a fait le choix d'exhiber fièrement tout l'attirail numérique de l'auto. Obsolète 10 ans plus tard ? La question mérite d'être posée.
Quant au blason, je pense que Mercedes-Benz a fait le choix de capitaliser sur son propre nom et de reléguer Maybach au rang de "griffe luxueuse". Du coup, je pense que des Mercedes-Maybach EQS ne sont pas à exclure.
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