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Dernière modification 18/10/2021

Pourquoi le prix des voitures augmente (autant) ?

Le prix des voitures, comme bien d'autres objets de consommation, a tendance à croître de manière assez importante ces dernières années. Impression trompeuse ou réalité, ce n'est pas vraiment ici la question (un autre article est dédié à ce sujet), nous allons plutôt nous concentrer sur les raisons pour lesquelles le coût des autos a tendance à augmenter, voire s'accélérer.
Voici donc une liste exhaustive qui permet de justifier et expliquer en grande partie la hausse continuelle des prix.

On commencera par quelques explications économiques de base qui restent très importantes pour la compréhension des choses, et notamment la construction des prix.
Nous verrons ensuite d'autres facteurs un peu plus directement liés à l'industrie automobile ou encore le contexte qui peut se corser (Covid, crise économique ...).

Inflation : signification et objectif


L'inflation qualifie l'augmentation des prix au fil du temps, contrairement à la déflation (décroissance des prix) et la stagflation (neutralisation des prix).
Les états organisent cette inflation de manière volontaire, car l'inflation permet de continuer à s'endetter en limitant la douleur. En effet, ma dette pèse moins si l'argent qu'elle contient vaut moins ... Car l'augmentation des prix consiste en gros à réduire la valeur de l'argent. Quand une voiture coûte plus, ce n'est pas parce qu'elle est plus chère mais parce que l'argent que vous avez vaut moins que par le passé (si vous aviez de l'or il en faudrait toujours la même quantité). Cela permet aussi de lever plus d'impôts puisque ces derniers sont proportionnels aux prix des objets et au bénéfices des acteurs économiques (ex : TVA).
L'inflation est le reflet d'une société qui fuit en avant, tel un Ponzi (drôle de monde), à savoir qu'il n'y a ici rien de viable ni de durable. Et c'est logique puisque le paradigme de l'économie consiste à dire que la croissance sera éternelle et infinie (un des concepts de base de l'économie, un peu comme le principe de causalité en physique), ou plutôt on a besoin d'une croissance éternelle pour que ce système puisse fonctionner. Hélas, et même si l'univers semble sans limite, notre frontière qui se restreint à notre planète (pour le moment, mais pour longtemps) empêche de rendre le système économique basé sur l'inflation durable (je pense que vous êtes au courant).
C'est aussi cela qui favorise la pollution, car l'inflation doit aussi être associée à une croissance économique pour que tout ne dégénère pas (l'une et l'autre ont des influences mutuelles, si j'accrois trop l'inflation je réduis la croissance : des prix trop élevés réduisent les ventes en quantité).


Evolution de la valeur de l'argent

Comme vous le savez probablement, la valeur de l'argent évolue avec le temps, surtout depuis que la monnaie n'est plus indexée à l'or (1971 : Bretton Woods). Cela a permis de créer (littéralement) de l'argent bien plus facilement, et surtout dans des quantités nettement plus importantes !
Pour pouvoir comparer mes euros d'aujourd'hui avec ceux d'hier j'emploierai le simulateur de France Inflation. Ce dernier se base sur les valeurs fournies par l'Insee, qui sont considérées pour certains comme perfectibles (le panier type choisi peut parfois paraître douteux). L'institut estime par exemple à 6% la part du logement (pour le loyer uniquement, sinon c'est 15% pour l'ensemble des charges liées à l'habitation), c'est donc un peu bancal dès le départ (les crédits immobiliers ne sont pas comptés, car ça gonfle le patrimoine), sachant aussi que le panier type choisi contient des biens et services qui peuvent ne pas être très représentatifs du Français moyen comme je l'ai déjà dit (en réalité chaque individu a un panier qui lui est personnel).
Quoiqu'il en soit, il faut bien faire avec pour tenter de faire le rapport ente la valeur d'un euro actuel avec celui d'hier. Il fallait toutefois le préciser, car certains crédules estiment les chiffres de l'Insee comme étant infaillibles et totalement objectifs (nombreuses sont les personnes à le critiquer, avec des arguments consistants et une volonté d'être honnête).


Si je prends 1000 euros de 1980, il me faut aujourd'hui 3200 euros pour avoir une valeur similaire. C'est à dire que pour acheter aujourd'hui une chose qui valait 1000 euros en 1980, il me faudrait actuellement 3200 euros pour l'acquérir. L'or gardant sa valeur, 1000 euros d'or en 1980 doit normalement valoir dans les 3200 euros aujourd'hui. La volatilité empêche d'avoir un rapport parfait en tout temps mais dans le principe c'est ça. C'est une valeur sure car elle est l'une des seules à faire perdurer le pouvoir d'achat dans le temps. Ce qu'il me fallait en  or pour acheter une baguette en 1950 reste identique aujourd'hui, contrairement à la monnaie qui se déprécie continuellement.
En injectant des liquidités pour préserver un système capitaliste non viable à long terme, les banques centrales ont trouvé une astuce qui permet de le faire perdurer un peu plus de temps (ça recule aussi l'échéance des crises, mais le prix à payer est une crise à venir bien plus puissantes : plus on préserve la bulle plus elle gonfle. Plus elle gonfle plus elle explose fort).
Et donc en diluant l'argent en circulation par l'injection de sommes venues de nulle part, il perd forcément en valeur ...
La valeur de l'argent a donc été divisée par environ 3 depuis 1980, avec une inflation qui tend vers les +220%. C'est pour cela que tout argent qui dort perd continuellement de sa valeur (sauf dans une zone déflationniste évidemment, ce qui tend à arriver avec le Bitcoin par exemple, car on ne peut pas en créer [21 millions maximum]. Le minage ne consiste qu'à débloquer une petite partie de ce stock maximal, et il se terminera un jour).

Année Evolution de la Valeur dans le temps
(base 1000€)
Rapport
1980 1000€  
1985 1794€ ÷1.79
1990 2089€ ÷2.09
1995 2334€ ÷2.33
2000 2477€ ÷2.48
2005 2725€ ÷2.72
2010 2936€ ÷2.93
2015 3100€ ÷3.1
2021 3280€ ÷3.28

Ce n'est pas linéaire car certains évènements viennent ralentir ou accélérer l'inflation, notamment les crises et grands évènements.

Notez qu'on différencie ces valeurs avec les dénominations "euros courants" et "euros constants".

En résumé, si la valeur de l'argent diminue, le prix des biens augmente. C'est donc en grande partie pour cette raison que les prix des voitures croissent. Les unités de monnaies voient leur valeur varier dans le temps, et un euro ou un dollar d'il y a 20 ans n'a que peu en commun avec celui d'aujourd'hui (le dollar a par exemple perdu 95% de sa valeur depuis son apparition).

Comment se détermine le taux d'inflation d'un objet ?


C'est une notion très importante, car elle va brouiller les pistes ... En effet, les instituts estiment, et c'est plutôt juste, qu'un objet d'aujourd'hui n'est pas forcément comparable à celui d'hier (du moins en partie). En effet, si je prends une voiture des années 70, elle comporte de grosses différences avec son équivalent actuel (équipements, capacités diverses etc.).
Et cela est pris en compte dans le calcul officiel des indices des prix. Par exemple, si une auto d'un même segment valait 1000 euros hier (je prends des prix aberrants pour simplifier) et 1500 euros aujourd'hui, la hausse n'est pas de 50%. Elle aurait été de 50% si on comparait des voitures totalement identiques.

La différence, pour citer quelques exemples, se situe au niveau des équipements nouveaux, du gabarit et de l'évolution des capacités (sécurité, vitesse, confort etc.). Une auto moderne est plus grosse et plus longue, on acquiert donc d'une chose qui a plus de matière (vous revendrez votre auto moderne plus chère à la ferraille, car il y a plus de ferraille ...).
Il y a aussi des équipements qui n'existaient pas, comme par exemple l'infodivertissement (ça consiste en gros à estimer que vous avez une voiture plus un petit ordinateur, pour caricaturer un peu l'idée). Il faut donc retrancher cela au prix actuel de la voiture si on veut faire un rapprochement avec celui du passé. Car comparer les voitures d'hier avec celles d'aujourd'hui consisterait presque à comparer un balais à un aspirateur électrique (caricature qui ne peut hélas dévoiler toutes les subtilités de notre problème actuel, car dans les deux cas on a malgré tout un véhicule qui nous amène d'un point A à un point B, en emportant ses occupants de la même manière).


Précisons quand même que les marques améliorent leur manière de faire avec le temps (comme tout être qui évolue de manière normale, un maçon travaille par exemple mieux et plus rapidement après 10 ans de carrière), et que d'un autre côté ils arrivent donc à réduire les coûts sur certains aspects. Il ne faut pas l'oublier, la rationalisation extrême associée aux robots et aux flux tendus permettent de réduire les coûts de fabrication.

C'est un sujet qui reste un peu à controverse, car ce que l'on a ajouté aux voitures actuelles est pour la grande majorité non indispensable (et surtout ça se déprécie très vite pour bien des équipements, notamment multimédia où l'obsolescence est très rapide). Et on peut donc considérer que le prix élevé des autos actuelles consiste à faire (en partie) de la vente forcée. En effet, celui qui veut une auto aussi simple et pas chère qu'à l'époque ne peut pas être servi, ça n'existe pas (même chez Dacia on a désormais des choses qui n'ont plus rien à voir avec la simplicité de l'époque).
Il faut donc que vous ayez cela à l'esprit, car dans le cas inverse l'inflation que je vais vous exposer (dans un autre article, disponible dans la même catégorie et donc facilement accessible) vous paraîtra sans doute indigeste et spectaculaire.

En résumé, il faut comprendre ici que les taux d'inflation officiels liés aux autos sont généralement minorés par le fait que l'objet offre aujourd'hui plus de prestations que par le passé.
Ce qui consiste presque à dire qu'aujourd'hui on a une voiture + d'autres fonctionnalités qui viennent s'y greffer (on en a donc plus que par le passé, et il faut donc prendre cela en compte dans la comparaison des prix entre voitures d'hier et d'aujourd'hui.

Virage électrique


Avec la mutation technologie des voitures, les coûts ont tendance à exploser. Il suffit de voir combien vaut une voiture électrique ...
En effet, la nouveauté induit systématiquement une hausse des coûts dans le monde de l'industrie (qui a besoin d'économies d'échelle pour proposer des produits abordables).
La voiture électrique consiste presque à repartir d'une feuille blanche, faisant perdre certaines des économies accumulées au fil des années (savoir faire ou encore chaînes de montage). Une partie de ce qui a été développé et amorti doit partir à la poubelle (la motorisation et la chaîne de traction principalement). Il faut donc investir massivement dans la recherche et re-concevoir l'outil de production ...

Le lowcost moins tendance


Si le lowcost reste plus que tendance chez les acheteurs, en ce qui concerne les marques c'est plutôt l'inverse (plus on baisse en gamme plus on réduit proportionnellement les marges). En effet, c'est sur les produits à bas prix qu'il est le plus difficile de gagner de l'argent, les marges sont les plus réduites et il faut pouvoir rester à la pointe (au niveau de l'industrialisation) afin de rester très compétitif sur les prix. De plus, cela accroît les volumes de vente, pesant alors sur les coûts liés au service après vente.
Renault et Peugeot sont deux bons exemples car ces marques cherchent à proposer des produits placés plus haut en gamme. On peut alors faire le même bénéfice avec moins d'autos qui sortent des usines.

Pourquoi une telle explosion ?

Il faut donc comprendre que l'explosion des prix des voitures neuves est liée à plusieurs facteurs qui se cumulent, et ce sont surtout les variables économiques pilotées par les politiques et banques centrales qui sont le plus percutantes (au delà des crises et autres).


Le premier est l'injection continuelle d'argent qui représente la même chose que de diluer mon sirop avec de l'eau. Plus de mets d'eau moins mon sirop a de goût, c'est identique avec la monnaie (aujourd'hui le verre est plein de flotte, et depuis le Covid les choses sont devenues très graves. Beaucoup de spécialistes alertent sur le fait que la population n'est pas suffisamment au courant de ce que cela implique et du niveau de dangerosité à moyen voire court terme. Vous devriez vous pencher sur le sujet si votre patrimoine est un minimum consistant, les risques à venir ne sont pas négligeables).

Le deuxième est l'accroissement continuel des équipements livrés sur les autos, faisant exploser leur valeur (car les voitures devraient normalement couter de moins en moins chères avec les avancées techniques au niveau de la production et les économies d'échelles réalisées au fil du temps. La Clio Campus  et autres modèles analogues en sont un bon exemple, comme les Dacia dont le business model repose en partie sur ça). En gros les constructeurs ont trouvé une technique pour accroître le chiffre d'affaires, à savoir bourrer les voitures d'un peu tout et n'importe quoi tout en les faisant grandir pour les faire gagner en valeur (quelque chose qui va à l'opposé de toute idée d'écologie d'ailleurs).
Citons-en quelques uns, allant du plus utile au plus futile : Calculateurs divers, ABS/ESP, assistances en tout genre (coffre électrique, direction assistée etc.), confort (climatisation, suspension pilotée etc.), sécurité (épaississement du châssis coque, airbags etc.), dépollution (FAP, catalyseur, échangeurs etc.), efficience (injection haute pression, rampe commune, suralimentation etc.) etc.
Une voiture des années 70 paraît vraiment plus écologique (simplicité, moins de matériaux polluants, poids) même si l'absence de catalyseur rendait les choses pas géniales en terme de toxicité des émissions (niveau rendement elles ne sont pas aussi mauvaises qu'on voudrait nous le faire croire, et le poids léger favorise d'autant plus les chiffres de consommation).
Et concernant l'électrique elle n'aide pas à rendre la voiture d'aujourd'hui populaire (à savoir abordable).

Enfin, le mauvais contexte actuel favorisé par la crise sanitaire (en réalité c'est un peu l'arbre qui cache une forêt préexistante ... Et encore une fois le Covid a bon dos, ce qui arrange beaucoup de responsables politiques qui n'auront pas à justifier leurs erreurs [qu'on pourrait estimer de volontaires quand on voit leur grossièreté qui est dénoncée par de nombreux observateurs qualifiés]). Bref, le Covid est un peu la goûte d'eau qui fait déborder le vase, ce qui rend les choses plus incertaines que jamais, avec la possibilité que cet article devienne vite obsolète.

Voici donc les principales raisons qui expliquent pourquoi les voitures sont de plus en plus chères, et ce avec une vélocité qui gagne du terrain.

Aléas et crises passagères (ou pas)

Il se peut parfois que les prix soient bien plus contrariés sur certaines périodes critiques, un peu comme nous le vivons aujourd'hui. Il y a donc des répercutions temporaires qui favorisent une hausse des prix. Voici quelques réflexions sur le sujet.

Prix des matières premières et pénuries

Comme vous pourrez le voir dans cet article, une voiture est avant tout composée de métaux ferreux, à hauteur de 70%. Parmi ceux-là on retrouvera principalement l'acier dont le cours a tendance à exploser depuis l'été 2020. Certaines autos plus perfectionnées (pour gagner du poids) utiliseront quant à elle plus d'aluminium, dont le cours a lui aussi tendance à pointer vers la lune comme disent les amateurs de trading. N'oublions pas non plus le pétrole qui sert à fabriquer toutes les pièces plastiques (10% de l'auto), et qui prend lui aussi son envol après avoir été jusqu'à être côté négativement sur les cours lors du pic de la crise du Covid (trop de stock et pas assez de silos).
 En résumé la crise sanitaire (qui semble être particulièrement pratique pour dissimuler des problèmes qui existaient bien avant) a encore plus favorisé l'explosion du cours des matières premières, ce qui n'aide pas à réduire le coût de revient.






Outil industriel contrarié

La pénurie des semi-conducteurs et les confinements successifs liés à la crise du Covid ont pesé lourd sur le fonctionnement des usines, avec logiquement un rendement en terme de coût de revient qui a été fortement impacté.
Les jours où les usines sont fermées, cela représente un coût très important pour les marques. Coûts qui ne sont donc pas remboursés par la production puisqu'il n'y en a pas ... Ca finit donc par être répercuté sur le prix final.

Coût du transport

La crise sanitaire a calmé le rythme des sociétés de transport, qui ont alors du s'adapter en réduisant leurs capacités. Mais avec la demande qui repart assez brutalement, l'offre n'est plus en mesure d'y répondre puisqu'elle est encore au stade de service minimum. Le temps qu'elle se réajuste vers le haut, cela induit des coûts qui explosent ... Car tout prix est constitué par la rencontre de l'offre et de la demande. Si Ferrari avait par exemple produit 200 000 véhicules / an depuis 30 ans, les véhicules ne vaudraient pas des centaines de milliers d'euros.


Ici c'est surtout le fret maritime qui est touché, et il est vital dans un système mondialisé où les objets sont construits aux quatre coins du monde (certains estiment que cela induira des relocalisations à l'avenir).

Logistique et chaîne d'approvisionnement

En favorisant les flux tendus pour réduire les coûts d'exploitation (baisse du coût de stockage en annihilant le stockage ...), les acteurs industriels travaillent donc avec la technique du "juste à temps", à savoir qu'ils sont dépendants de leurs fournisseurs comme jamais, avec une marge temporelle nulle (pas de stock).
Le souci est que tout peut se bloquer si un des fournisseurs ne peut plus tenir ses promesses, car un produit fini ne peut être mis à la vente si il lui manque un élément.
Avec la crise du Covid c'est toute la chaîne qui a été perturbée, car chaque maillon a potentiellement été bloqué à cause d'un autre qui ne pouvait le livrer.
On a alors pu voir des situations inédites, telles des voitures livrées en concession par les usines qui n'étaient pas finies ! Avec le manque de semi-conducteurs, beaucoup de voitures ont été livrées sans écrans par exemple ... Sur des 308 II de fin de génération on a abandonné le cockpit virtuel pour y installer à la place des manomètres physiques.

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